En 1998, dans son livre blanc sur les hôpitaux de proximité, Martin Malvy dénonçait "le sacrifice des petites et moyennes villes sur l'autel de la modernisation des services publics". Et ce sentiment particulier est assez symptomatique du sentiment général qui s'est aujourd'hui instauré en France, à savoir que dans le contexte de crise financière, l'Etat veut délaisser les échelons jugés peu intéressant car trop coûteux. Les réformes lancées par l'Etat, concernant les réformes des cartes judiciaires, militaires et sanitaires renforcent ce sentiment en plaçant les petites et moyennes villes au coeur des mutations envisagées.
Le terme de "crise" connaît plusieurs acceptations. La première, qui est ici instrumentalisée, est la crise en tant qu'extinctions brutales et massives (la crise biologique). En effet, le libéralisme économique a engendré un tel sentiment de compétitivité et de lutte pour leur survie entre les territoires, entre les villes (petites et moyennes qui plus est) que l'idée d'un sacrifice dû à l'interventionnisme de l'Etat, comme évoqué précédemment ne choque pas tant que cela (...)
[...] De plus, la crise des villes moyennes en France fait ressortir, dans cette analyse comparée à l'échelle européenne, une problématique nouvelle a savoir De quoi la crise des villes moyennes est-elle un symptôme ? Il y a indéniablement une crise des villes moyennes mais pas que cette crise fait ressortir une crise bien plus profonde, à savoir une crise de l'aménagement du territoire français dans le nouveau contexte européen. Analyse à l'échelle européenne Après étude de la carte proposée ci dessous, tirée de l'Atlas Transmanche, écrit et cartographié par P.BULEON et J. [...]
[...] En effet, bien qu'héritées de la guerre franco prussienne de 1870, elles devaient leur survie au rideau de fer : autant Bitche (au Nord de l'Alsace) que Cambrai (dans le Pas de Calais) avaient des localisation stratégique. A une époque où l'on redoutait une attaque soviétique en Allemagne de l'Ouest, ces villes qui abritaient des régiments de l'armée de l'air et dont l'économie était presque uniquement fondée sur les activités militaires (salaires des habitants militaires, taxes pour les collectivités), n'était, à vol d'avion qu'à une demi-heure du rideau de fer. Leur intérêt était alors flagrant. [...]
[...] Ces petites et moyennes villes sont donc le symbole du conflit d'échelle français, entre une Etat qui se veut dominant dans les prérogatives territoriales, mais qui du fait de ses vues globalisantes du/des territoire(s) ne peut pas réellement prendre en compte la spécificité de ces villes, et des villes petites et moyennes qui veulent rationaliser leur aménagement en tenant compte de leurs spécificités historiques, démographiques, économiques. Pourtant l'échelon des petites et moyennes villes semble inhérent à l'organisation spatiale du territoire français. Elles ont, comme vu précédemment, le rôle de lien entre l'échelon rural (en irrigant son espace rural alentours) et l'échelon métropolitain (du fait qu'elles sont bien reliées aux grandes villes et donc aux grands centres européens). [...]
[...] Les villes moyennes sont donc mal définies, et ce en tout point. Leurs acteurs ne partagent pas tous la même définition des petites et moyennes villes. Leurs relations à l'espace varient énormément d'un territoire à un autre, et leurs caractéristiques sociales, morphologiques et logistiques en font des villes composites. Dans la société segmentée qu'est la notre, où l'on aime bien savoir qui est quoi, qui a quelle fonction, il est clair que les petites et moyennes villes doivent être redéfinies. [...]
[...] Il offre une alternative en tentant de définir les petites et moyennes villes par des facteurs qualitatifs et morphologiques. Ainsi, pour J.C. Boyer, la ville moyenne ne laisse pas apparaître d'immeuble de bureaux spécialisé, ne possède pas de réseau de transport en commun, ou bien celui-ci est embryonnaire, n'est pas très animée : la ville moyenne est peu dynamique du fait qu'elle possède peu de structures de formation (comme les universités) qui rajeunissent la population. De plus son marché de l'emploi est peu développé en plus d'être peu diversifié. [...]
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