[...]
On a vu qu'au 19ème siècle, pendant une longue période les accidents apparaissaient comme le tribut à payer au progrès. J'ai également indiqué qu'au 19ème siècle, on a réussi à trouver une solution au problème de la gestion des accidents en introduisant un nouveau principe d'imputation des réparations : il ne s'agissait plus de trouver qui était le fautif mais de s'entendre sur la façon de réparer notamment en mutualisant le coût de cette réparation. La notion de risque se substituait donc à celle de faute.
Le principe de ce raisonnement était, je le rappelle, le suivant : toute activité engendre normalement des risques qui doivent être courus car l'industrialisation apporte des bienfaits. Dès lors tout le monde doit participer à la réparation quand un accident survient. En introduisant l'assurance dans le risque technologique on a trouvé une solution permettant la poursuite de l'activité et la réparation des dommages.
A l'époque actuelle le problème ne se pose plus tout à fait dans les mêmes termes, et cela pour plusieurs raisons.
- L'idéologie du Progrès n'est plus, loin de là, aussi performante que jadis.
Après Hiroshima il n'est sans doute plus possible de considérer la science de la même façon qu'avant. La science aujourd'hui fait peur tout autant qu'elle continue parfois à enthousiasmer : les possibilités contemporaines des sciences du vivant effraient la population (OGM, clonage...) et il faut voir l'origine de ces peurs dans la conviction que les hommes ne peuvent se retenir d'exercer un pouvoir dès lors qu'ils se le sont appropriés.
- Les dangers contemporains, c'est un point sur lequel insiste beaucoup Beck, ont comme particularité d'être pour partie invisibles.
Deux conséquences : quand on ne voit pas le danger on peut s'y exposer en toute méconnaissance des risques encourus et en subir ensuite les conséquences. Dans le même temps, cette invisibilité du danger, son caractère difficilement cernable, favorise l'émergence et le développement de nombreuses peurs irraisonnées. L'incertitude sert de terreau à ces peurs.
- Autre particularité de certains dangers contemporains, leur caractère apocalyptique.
Si on peut accepter de s'exposer à des dommages plus importants quand la probabilité baisse fortement, s'exposer à un risque de destruction totale, même en cas de très faible probabilité, est une attitude qui oblige à faire un saut que beaucoup refusent d'accepter.
- Enfin la société contemporaine est devenue considérablement plus averse au risque (...)
[...] Des mesures probablement utiles, mais peut-être pas suffisantes. L'ITOPF (International Tanker Owners Pollution Fédération} a comparé les marées noires de plus de sept tonnes sur deux périodes de six ans : 1987-1992 et 1993-1998. Cette étude montre que les pollutions dues à des déchirures de coques ont diminué de d'une période à l'autre. En revanche, celles résultant d'échouements* ont augmenté de E.Thevenon, Le Figaro économie février 2000. * Échouement : accident de navigation, dû à une panne ou une fausse manoeuvre, qui conduit le navire à toucher la côte en dehors d'un port et à rester bloqué sur place. [...]
[...] Dans une approche des risques en termes de vulnérabilité il faut aussi ajouter les effets sur l'environnement (pollution des eaux, de l'air et/ou des sols), les effets sur la faune et la flore et in fine sur l'homme situé à l'extrémité de la chaîne alimentaire, ainsi que les dommages matériels établissements à seuil haut sont concernés. Ceci devrait conduire, compte tenu de leur agglomération sur un même site, à la mise en place d'une centaine de PPRT. La loi Bachelot vise aussi à renforcer les procédures d'indemnisation. [...]
[...] Les papeteries sont aussi à l'origine d'importantes pollutions hydriques. Ces industries rejettent des eaux acides et à forte teneur en métaux lourds (mercure). L'industrie nucléaire a révolutionné la production énergétique et la stratégie militaire. Plus de 440 réacteurs sont actuellement en fonctionnement dans le monde, fournissant près de de l'électricité. Certains d'entre eux ont connu des accidents graves, comme à Three Mile Island aux États-Unis en 1979 et surtout à Tchernobyl en Ukraine en 1986. Nous y reviendrons. Les activités agricoles génèrent aussi un risque technologique : Cela concerne l'élevage intensif, l'usage des pesticides, la pollution des sols etc établissements sont soumis à autorisation dont 21.000 élevages. [...]
[...] L'industriel devient un acteur majeur de la politique de sécurité. La protection des milieux naturels et du cadre de vie devient l'un des objectifs de la politique de protection (on ne vise pas spécifiquement le risque). Le régime actuel se fonde toujours sur cette loi. L'administration des installations relevant des ICPE est sous le contrôle du ministère de l'environnement. Son champ d'application, déjà large en 1976, n'a cessé de s'élargir pour tenir compte des évolutions techniques et des directives européennes (nous y reviendrons). [...]
[...] Une société parvient déjà difficilement à gérer ses propres risques. Le problème est exacerbé quand une société à plus faible niveau de développement technologique et moins expérimentée en matière de gestion des risques, doit gérer des risques importés Le risque technologique, une approche à différentes échelles 1. Littoraux et vallées industrielles Quand le danger vient de la mer : les marées noires Les flux pétroliers depuis les pays producteurs vers les foyers de consommation engendrent des dangers potentiels de marée noire. [...]
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