Parmi les problèmes cruciaux qui se posent aux pays en développement, la forte croissance démographique tient une place de choix. Cette explosion démographique dépend sans nul doute du taux élevé de natalité dans les pays considérés. Mais elle s'explique surtout par un écart croissant entre les progrès socio-médicaux d'une part, des progrès technologiques et économiques de l'autre. Sur le plan du partage, ces derniers ne répondent pas encore de manière satisfaisante, aux attentes d'un nombre considérable d'êtres humains. Il en résulte que le facteur démographique peut constituer un stimulant au développement ou en être un frein. Il en résulte aussi le déplacement inéluctable du surcroît de population des campagnes vers les villes, voire vers des pays tiers. C'est une des raisons du sempiternel problème de l'exode rural et des mouvements migratoires. Ce phénomène est particulièrement intensifié dans les pays du Tiers-monde. D'où le gonflement extraordinaire des villes observé dans ces pays.
Il y a environ une décennie, on estimait que 840 millions d'âmes vivaient dans les villes du Tiers-monde. En l'an 2000 ce nombre a dépassé le milliard d'hommes. C'est dire que plus de la moitié de la population des pays en développement vit désormais dans les villes. De ce fait, les villes millionnaires sont au nombre d'une cinquantaine. Elles abritent entre 100 et 250 millions d'habitants.
La Guinée obéit à cette règle d'évolution démographique. Conakry, sa capitale, suit elle aussi une évolution semblable à celle des autres villes du Tiers-monde. Mais comment cette ville est-elle née ? Son origine, sa situation géographique excentrée et sa configuration sont-elles responsables des nombreux problèmes qui s'y posent aujourd'hui avec acuité?
Dans la recherche de réponse adéquate à ces pertinentes questions, j'aborderai dans une première partie, la genèse de la ville, le rythme et les étapes marquantes de son évolution. La seconde partie de ma réflexion sera réservée à l'identification des nombreux problèmes inhérents à la croissance urbaine ainsi observée et qui freinent en quelque sorte le dynamisme de la ville. C'est également le lieu de réfléchir aux mesures susceptibles de rendre à la ville son rôle de moteur d'un développement national durable.
[...] La même année, Conakry devint la capitale administrative de la Guinée française. C'est alors que commença l'époque du plus grand développement de Conakry. La ville s'étendit sur l'île de Tombo entière, reliée à la presqu'île du Kaloum par un pont construit en 1895. Grâce au chemin de fer et aux routes, la liaison de la capitale avec l'intérieur du pays était assurée. De 1930 à 1941 commencèrent les lotissements de terrains, dans le but de créer de petites économies agricoles destinées à la production des légumes et aussi à l'accueil des nouveaux immigrants. [...]
[...] À cet égard, le travail à faire est énorme. Il n'y a pas le moindre embryon de données susceptibles d'aider à répondre aux attentes des populations de Conakry dans l'immédiat. Pourtant, les besoins sont déjà réels et sans cesse croissants. Je viens à peine d'évoquer l'importance des flux et reflux migratoires vers la capitale. Les mobiles aussi divers que le travail, la scolarité, le commerce, le tourisme, etc. engendrent des déplacements tout aussi variés dans leur longueur, leur fréquence, leur mode. [...]
[...] Son rôle portuaire était déterminant à cet égard. Malgré cette activité déjà intense, la croissance de la ville resta volontairement contenue par l'autorité coloniale. L'indépendance vint rompre ce statu quo et la croissance démographique de la ville s'accéléra. L'ouverture tous azimuts de notre pays au monde extérieur se traduisit par une sorte de forte aspiration démographique. Diplomates, artistes, commerçants, hommes d'affaires, coopérants, touristes, etc. y accoururent sans discontinuer. A l'intérieur même du pays, l'attrait de la ville sur la campagne guinéenne devint de plus en plus irrésistible. [...]
[...] Cela ne va pas sans poser quelques problèmes. Tout ce beau monde de la diplomatie réside bien logiquement à Conakry. On observe, dans leur sillage une affluence continue d'opérateurs économiques de tout acabit. Il faudra les loger et leur trouver des espaces d'investigations, si possible les mieux situés. L'enseignement, toujours inadapté et non encore maîtrisé (primaire, secondaire et supérieur), y déverse à son tour des contingents de jeunes livrés à eux-mêmes, avec ou sans diplômes et qui ne désespèrent pas d'y trouver le moyen de gagner leur vie. [...]
[...] Autant de questions pertinentes qui interpellent, avec acuité, les responsables du pays. Au début du XIXe siècle, une concurrence serrée opposait les compagnies françaises, anglaises et portugaises à propos des îles de Loos. Au même moment s'effectuait une pénétration politique européenne dans les territoires de la presqu'île du Kaloum. La ville de Dubréka était alors la plus grande agglomération. Elle constituait de ce fait, le seul centre administratif et commercial de la côte occidentale guinéenne. Les îles de Loos passaient pour être le point stratégique indispensable au contrôle du trafic sur la côte de l'Afrique de l'Ouest. [...]
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