La mer Caspienne est la plus grande mer fermée au monde : c'est un espace de 400 000 kilomètres carrés, séparant les déserts d'Asie centrale à l'est, et la chaîne montagneuse du Caucase à l'ouest. Connue depuis l'Antiquité pour ses torchères et pour l'« huile » suintant de ses roches, cette mer est riche en hydrocarbures et en une ressource halieutique rare dont elle détient le quasi monopole : le caviar. Ses réserves off-shore, intactes faute d'infrastructures pour les mettre en valeur, restent à explorer. La mer Caspienne recèle ainsi des réserves estimées à 200 milliards de barils de pétrole et 600.000 milliards de mètres cubes de gaz.
La Caspienne a constitué depuis longtemps un objectif stratégique pour la Russie. La conquête du Khanat d'Astrakhan par Ivan le terrible en 1554 marque le début d'un processus d'expansion à l'est et au sud. Le Daghestan est conquis en 1784 et Bakou en 1806. L'expansion russe en Asie centrale et dans le Caucase est terminée dans la seconde moitié du XIXe siècle. Ainsi, la Russie puis l'URSS possèdent près des 3/4 des territoires entourant la Caspienne. Pendant la seconde guerre mondiale, l'armée rouge a occupé le nord de l'Iran, que Staline essaya de soviétiser en 1945/46. S'il avait réussi, la Caspienne serait devenue un lac soviétique. Ainsi, durant près de cinquante ans, la Caspienne n'avait que deux États riverains, l'URSS et l'Iran. Largement oubliée du monde extérieur, elle était de fait dominée par l'URSS.
On comprend dès lors que la dislocation de l'URSS et l'accession à l'indépendance des anciennes républiques soviétiques en 1991 constitue un bouleversement pour la région et surtout pour la fédération de Russie. C'est la fin du rêve impérial russe pérennisé par l'URSS de faire de la Caspienne une « mare nostrum ». Avec désormais cinq Etats riverains, la Russie a perdu son monopole de fait face à des nouveaux Etats qui pourraient utiliser la force des hydrocarbures pour affirmer leur souveraineté. Ainsi, la région Caspienne russe, héritée par la fédération en 1991, ne représente plus qu'1/4 de la Caspienne, 1% du territoire russe et 2,3% de sa population, mais reste toujours un efficace tremplin d'influence pour une politique russe dans cette région riche que Moscou considère comme son « étranger proche ».
[...] Cette province a eu une existence mouvementée puisqu'elle a disparu entre 1943 et 1958. En effet, les Kalmouks ont fait partie des peuples punis et ont été déportés au Kazakhstan sous prétexte de collaboration avec l'Allemagne nazie. Ce n'est qu'en 1957 que leur retour fut autorisé et en 1958 la république est recréée. La situation ethnique est plus simple, les kalmouks, de confession bouddhiste et d'origine mongole, représentent de la population. En second lieu viennent les Russes, (40 Le reste de la population est composé de caucasiens et de Turcophones (turkmènes L'oblast d'Astrakhan C'est l'un des quarante-neuf oblasts (districts) en Russie. [...]
[...] Les trois pays les mieux dotés en ressources sont le Kazakhstan, l'Azerbaïdjan et le Turkménistan. Les zones russe et iranienne auraient des ressources modestes. On le voit, les espoirs fondés sur les réserves de cette mer fermée - présentées au cours des années 1990 comme équivalant à celles d'un nouveau golfe Persique - sont, de l'avis général, à revoir à la baisse. Rien ne peut remettre en cause le fait que les deux tiers des réserves connues de brut se trouvent dans le golfe Persique. [...]
[...] Une présence militaire et politique russe renforcée Le rôle croissant joué par les Etats-Unis dans cette région traditionnellement soumise à l'influence russe irrite Moscou. L'élite politique et militaire russe regarde d'un mauvais œil l'installation des majors du pétrole autour de la Caspienne. Taraudée par la perte des marches sud de l'empire, elle n'a jamais pu se faire à la présence de soldats américains dans les bases militaires d'Asie centrale, même après que Vladimir Poutine l'eut avalisée. C'est dans ce but que Moscou a récemment renforcé son alliance militaire avec certaines de ses anciennes possessions. [...]
[...] En tout cas, de Pierre le Grand à Vladimir Poutine, cette diplomatie ne semble avoir guère varié, qui consiste à imposer, par tous les moyens, la tutelle du centre sur les marches de l'empire ANNEXE Carte de la Caspienne http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Caspienne_mer BIBLIOGRAPHIE _ Jean et André SELLIER, Atlas des peuples d'Orient : Moyen-Orient, Caucase, Asie centrale, La Découverte _ Marie JEGO, Caspienne : le retour du "grand jeu" in Politique Internationale, Automne 2003. _ Cahiers d'études sur la Méditerranée orientale et le monde turco iranien, La Caspienne : une nouvelle frontière, Juin 1997. [...]
[...] Bien que relativement pauvres en ressources naturelles et notamment en hydrocarbures (les seules ressources d'importance étant le caviar - dont Astrakhan est un grand centre de production et le soufre dont Astrakhan produit 60% de la production russe), le territoire russe bordant la Caspienne seule région de transit des hydrocarbures de la Caspienne - représente un tremplin d'influence pour la puissance russe. La Russie ne peut se désintéresser d'une région que tous les analystes estiment riche en hydrocarbures. II) La Caspienne : un nouveau golfe persique ? [...]
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