Lorsque l'on évoque l'urbanisme du Sud, on pense immédiatement à ses carences et à ses bidonvilles. De Brasilia en passant par Johannesburg, de Dacca à Lagos ou de Pékin à Bogota, de Manille à Karachi ou Port-au-Prince, les habitats précaires envahissent les villes du Sud à cause de l'explosion urbaine et démographique et de l'exode rural.
Les Townships, invasions, squats ou favelas revêtissent des caractères différents. Cependant, l'appellation française « bidonville » née en 1953 à propos du Maroc recoupe la vision anglaise des « slums » ou « shanty towns » de Dublin au XIXe siècle et tous se rejoignent dans des tendances communes.
On parle de « bidonville » pour désigner des ensembles d'habitats précaires construits avec des matériaux de récupération (notamment les bidons). Ce sont des zones surpeuplées qui concentrent la misère, la pauvreté, l'insalubrité et qui font peur aux habitants des quartiers voisins plus aisés, même si ce sont souvent des espaces relégués à la marge (qu'elle soit centrale ou périphérique).
Selon l'Office des Nations Unies pour l'Habitat un bidonville est une « zone urbaine très densément peuplée caractérisée par un habitat inférieur aux normes et misérable ».
Pour les distinguer des autres habitats, on relève ces critères : l'accès inadéquat à l'eau potable, l'accès inadéquat à l'assainissement et aux autres infrastructures, la mauvaise qualité des logements, le surpeuplement, et le statut précaire de la résidence (insécurité quant à la conservation de la jouissance du domicile) . Ces sont des critères qui ne tiennent compte que des caractéristiques physiques et légales de l'implantation car les dimensions sociales (marginalisation et marginalités) sont beaucoup plus difficiles à mesurer.
Les thèmes de la misère urbaine et de la pauvreté sont donc partie intégrante de la problématique des bidonvilles. Encore faut-il être d'accord sur la définition de la pauvreté et de la misère. En 2003, la Banque mondiale définissait comme pauvres les ménages qui disposent de moins de deux dollars par jour (en parité de pouvoir d'achat), et extrêmement pauvres ceux qui ont moins d'un dollar par jour. La misère fait état d'une extrême pauvreté mais dénote aussi l'exclusion sociale. Néanmoins, la pauvreté dépend aussi du rapport à l'économie et à la société de consommation Tous les pauvres ne sont pas dans la misère et certains riches peuvent être miséreux. On provoque parfois la misère au nom du progrès. De même, dans les bidonvilles, vivent des fonctionnaires et des salariés. Tous les travailleurs des bidonvilles ne sont pas que des travailleurs informels.
Quoi qu'il en soit, les bidonvilles restent des espaces physiquement économiquement, socialement et politiquement marginalisés qui effraient. Nous allons essayer d'étudier les raisons de ce rejet et voir dans quelle mesure le danger qu'ils représentent et les imaginaires qu'ils développent sont fondés.
En quoi les mythes sur les bidonvilles stigmatisent-ils les « pauvres » et le Sud ?
[...] D'ailleurs de nombreux fonctionnaires et salariés vivent aussi dans les bidonvilles. Les stratégies de survie des pauvres urbains fascinent. On y entrevoit une potentialité révolutionnaire, déjà évoquée plus haut, et donc un danger possible. - Crimes et délits dans les bidonvilles: Le principal argument qui fonde les politiques d'éradication des bidonvilles est que ceux-ci sont des niches de criminalité qui menacent la ville dans son ensemble. La dangerosité de ces sites s'exprime en ce que ce sont souvent des lieux opaques à la surveillance de l'Etat. [...]
[...] Les exploiteurs de taudis font des bénéfices et des profits de la pauvreté. Au fil des générations, les élites des propriétaires terriens du tiers monde se sont transformés en grands exploiteurs de la pauvreté humaine. Dans les 16 villes d'Asie du Sud, les les plus riches des propriétaires possèdent 53% des terrains[17]. Une petite dizaine de familles possèdent près de la moitié de Manille[18] personnes contrôlent la majorité des terres vacantes à Bombay.[19] On peut donc parler de l'apparition de latifundia urbains. [...]
[...] Ces secteurs industriels rentables sont en pleine expansion dans le Sud. Si les squatters sont des citoyens de seconde zone pour l'Etat, pour le marché de l'offre et de la demande ils gardent toute leur place Problèmes sanitaires et écologiques. - Des cites repoussants qui les rendent protecteurs Les bidonvilles se situent généralement dans les lieux les plus repoussants : des flancs de collines instables, des versants de volcans, des terrils d'ordures, des décharges chimiques, des bords de voies ferrées, des marges de désert, des plaines inondables, des zones de très hautes altitudes ou de marécage. [...]
[...] Les indigènes ont un accès contrôlé en ville pour les besoins de main d'œuvre et sont parqués en périphérie des villes. Les Britanniques furent sans doute les plus grands bâtisseurs de bidonville. Soweto en Afrique du Sud est un parfait vestige de cette période coloniale. - Les années 1950-1960, naissance d'indigènes urbains, un Etat postcolonial dépassé par le phénomène de bidonvilisation On assiste à une explosion de la migration. Une vague de la population rurale déferle vers les villes happées par leurs potentiels de croissance économique, d'emplois et de richesse. [...]
[...] En quoi les mythes sur les bidonvilles stigmatisent-ils les pauvres et le Sud ? La répartition de la population mondiale Selon Mike Davis[5] de la croissance démographique mondiale aura lieu dans les zones urbaines des villes du Sud dont la population doublera pour atteindre 4 milliards au cours de la prochaine génération La population urbaine totale milliards) est supérieure à ce qu'était la population mondiale l'année où Kennedy prit ses fonctions C'est dire si la croissance des villes est forte. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture