L'Asie du Sud-Est est un monde de campagnes pleines, très peuplées, qui sont évidemment les campagnes rizicoles.
Mais c'est aussi une région du monde où se sont développées parmi les plus grandes cités du monde d'aujourd'hui, parmi celles qui ont aujourd'hui la croissance la plus rapide. Ces grandes villes présentent des aspects contradictoires, une dualité, à quelque échelle qu'on l'étudie :
- A petite échelle (à l'échelle de la région), ces grandes villes présentent entre elles un certain nombre de similitudes dans les paysages, la population, les activités, dans leurs problèmes, leur morphologie, et elles sont bien reliées entre elles par des routes, des liaisons aériennes, et des liaisons maritimes.
Et pourtant elles sont concurrentes car elles attirent les mêmes capitaux, les mêmes investisseurs.
- A moyenne échelle (à l'échelle nationale, des Etats), elles sont à la fois des creusets ethniques et culturels, surtout dans les Etats écartelés comme l'Indonésie, où c'est peut-être à Jakarta qu'est en train de se forger l'identité indonésienne ; elles sont aussi les moteurs des économies modernes ;
Et en même temps elles sont de véritables exceptions à l'échelle de ces Etats : on pourrait les comparer à des îles, à des enclaves à l'intérieur d'un espace national, qu'elles organisent en même temps.
- A grande échelle (à l'échelle de la ville), on y trouve toutes les manifestations de l'économie moderne (comme les gratte-ciels), car elles sont le lieu d'accumulation des richesses, de la croissance. Elles sont donc lieu d'intégration, mais en même temps aussi le lieu de l'exclusion, de l'économie informelle. Les grandes villes mêlent des formes à la fois d'intégration et de ségrégation, et ces contradictions sont parfois très proches dans l'espace.
Ces villes sont donc intéressantes pour le caractère dual qui intervient chaque fois qu'on en fait l'analyse, à toutes les échelles. Témoins et moteurs actuels de la croissance, ces grandes villes d'Asie du Sud-Est présentent des traits originaux qui les distinguent des autres grandes villes du monde en développement :
-> Quelles sont dès lors les particularités des grandes villes d'Asie du Sud-Est ?
la réponse tient évidemment aux caractères propres à l'Asie du Sud-Est elle-même (...)
[...] [ ] La croissance spectaculaire de la ville s'est accompagnée d'une extension périurbaine sur fond de pluriactivité et de migrations alternantes généralisées. La définition d'O. Sevin insiste sur les liens fonctionnels Les grandes villes d'Asie du Sud-Est sont donc entourées d'auréoles, d'espaces de fortes densités, parfois presque égales à celles des villes elles-mêmes (supérieures à plusieurs centaines d'habitants au On y trouve un mélange très poussé d'activités agricoles, industrielles et de services : on y voit ainsi tous les types d'agriculture très intensive (mais ni plantation, ni agriculture sur brûlis) . [...]
[...] Du coup ces grandes villes accumulent tous les pouvoirs : elles sont très souvent à la fois capitale politique et métropole économique, ce qui diffère d'en Amérique Latine ; ici il y a superposition des fonctions. Dans l'ensemble il y a correspondance entre la centralité politique et la centralité économique, mais quelques exceptions : - Vientiane et Phnom Penh, bien que capitales, ne sont pas des métropoles à l'échelle de l'Asie du Sud-Est. - A l'inverse Bandung, Medan et Surubaya (toutes trois appartenant au monde malais) sont des métropoles sans être capitales politiques. [...]
[...] Cette île est entièrement modelée, artificialisée, aménagée à partir d'un certain nombre de secteurs : le centre-ville dévolu aux fonctions de direction, de commandement, avec quelques centres annexes, ou pôles satellites ; la préservation de zones vertes et de parcs qui doivent constituer le poumon vert de la cité-Etat ; la constitution d'équipements de loisirs avec entre autres l'aménagement de plages artificialisées pour les Singapouriens. La base anglaise militaire de Singapour, par exemple, a été transformée d'abord en chantier naval. Puis l'économie singapourienne a pratiqué une remontée des filières, et le chantier a été transformé en zone franche industrielle, avec des usines de montage pour des fabrications qui se sont ensuite déplacées ailleurs en Asie du Sud-Est, car la main d'œuvre de Singapour est devenue trop chère (comme l'explique l'exemple de Sijori). [...]
[...] b à côté, le quartier du commerce, du négoce, des affaires Il est souvent situé près du port ou du fleuve. On l'identifie souvent comme le quartier chinois (et en même temps indien), dans lequel se fait l'activité économique de la ville. Ces quartiers sont très individualisés en terme de paysage, d'activités, de population (avec un fort marquage ethnique). cf. dossier p.8 : le compartiment chinois, shophouse, est plus ou moins standardisé, caractérisé par sa construction à étages, qui associe boutiques et logements. [...]
[...] La restauration, c'est la réhabilitation, c'est-à-dire qu'on a conservé le patrimoine, ou simplement les façades, et que le quartier a été modernisé Les quartiers centraux évoluent vers des quartiers d'affaires, de résidences aisées, de condominium (copropriétés très aisées), avec également des tours accueillant bureaux et hôtels. Ils évoluent aussi vers des quartiers touristiques. Les opérations de prestige s'accompagnent ici de transformations sociales, car les populations pauvres sont chassées. A Bangkok, dans le quartier chinois, il y a eu la restauration d'un ancien marché aux tissus, transformé en centre commercial, le centre commercial du vieux Siam (avec 350 boutiques sur 5 étages). Le centre des villes se transforme, concentrant les activités de prestige, de commandement, et à haute valeur ajoutée. [...]
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