A l'échelle mondiale, les montagnes apparaissent comme des espaces relativement peu occupés. On observe globalement une diminution moyenne des densités lorsque l'altitude s'élève. On estime qu'environ 10 à 15% de la population mondiale vit dans les montagnes, qui constituent des milieux peu attractifs.
Les hommes semblent préférer s'établir dans les plaines, plateaux et vallées ou encore sur les littoraux plutôt que dans les hautes montagnes, tout comme d'ailleurs, dans les déserts froids ou chauds, ou encore les grandes forêts tropicales. De là est née l'idée que la montagne était un « espace répulsif ». Pourtant les montagnes ont rarement été un obstacle au peuplement. Au contraire, de nombreux exemples montrent qu'elles ont été peuplées très tôt dans l'histoire. Certaines d'entre elles ont même été d'importants foyers de peuplement et de civilisation, alors qu'au même moment, les plaines et milieux forestiers qui les entouraient restaient vides d'hommes.
Malgré leur altitude et leur relief imposant, l'Himalaya, les Andes et les Alpes, forment le cadre de vie de 70 millions de personnes, avec respectivement 33 millions, 26 millions et 11 millions d'habitants, ce qui est loin d'être négligeable, tandis que l'ensemble des montagnes africaines regroupent 100 millions d'individus.
Toutefois, d'importantes discontinuités de population s'observent à toutes les échelles, qui traduisent l'inégale occupation humaine des massifs montagneux de par le monde. L'altitude, le froid, la neige, la raideur des pentes ou les risques naturels sont souvent invoqués pour expliquer ces discontinuités. Mais c'est oublier que ces données sont extrêmement relatives et varient considérablement selon les échelles d'observation, les époques, et les types de société. Les contraintes du milieu physique ne sont jamais déterminantes, ni suffisantes et évoluent dans le temps comme dans l'espace. Une contrainte peut se transformer en atout et inversement.
Quels facteurs expliquent le peuplement des montagnes ? Quelles sont ses formes, ses évolutions ?
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Divorce entre plaine et montagnes : Il y a une différence de peuplement importante entre les plaines et les montagnes. On constate, à l'échelle de la planète, une diminution brutale des densités de populations, dès que l'on quitte les plaines, et surtout les littoraux où se concentrent les grandes masses de population, puis progressive lorsqu'on s'élève en altitude au sein des grands ensembles montagneux. 80% de la population mondiale vit en dessous de 500m et 56% se concentre entre le niveau de la mer et 200m d'altitude.
Ce contraste évident à petite échelle entre les plaines et les montagnes s'observe sur l'ensemble des continents, quelle que soit l'altitude considérée. C'est ainsi que la plus haute chaîne de montagne du monde, l'Himalaya, apparaît comme un vide majeur, face aux foules humaines du sillon indo-gangétiques (...)
[...] Naturalistes, peintres et écrivains sont les premiers à s'intéresser aux montagnes. Ils sont suivis par des citadins oisifs qui inventent dans les Alpes une succession de pratiques nouvelles : les soins du corps avec l'essor du thermalisme au cours du XVIIIème et du XIXème, puis celui du climatisme entre 1867 et 1930 ; la pratique de l'alpinisme sportif, également dans la deuxième moitié du XIXème ; puis des sports d'hiver à partir de 1860. Genève, située sur la boucle du Grand Tour des aristocrates anglais en Europe, a été le point de départ de cette conquête touristique de la montagne alpine dès la fin du XVIIIème ; L'afflux saisonnier de populations citadines aisées entraîne des besoins que la population locale, comprenant le parti économique qu'elle peut tirer des pratiques de ces étrangers, cherche à satisfaire au mieux. [...]
[...] Leur population a augmenté non seulement grâce aux soldes naturels positifs des Alpes orientales mais aussi grâce à un renversement récent de tendance. Celui-ci se caractérise depuis une vingtaine d'années par l'arrêt de l'hémorragie démographique, voire par un mouvement de reconquête démographique de bon nombre de communes de montagne jusque là affectées par des bilans négatifs. C'est ainsi qu'en l'espace d'un siècle, la population alpine est passée de 7 à 11 millions d'habitants, soit une augmentation de 57%. Ce retournement de tendance s'explique en grande partie par l'apparition de soldes migratoires positifs qui s'observent non seulement dans les villes intramontagnardes ou de piémont, mais aussi dans les communes touristiques de montagnes et les communes périurbaines. [...]
[...] Ex : Népal, Colombie, Pérou, Madagascar - les montagnes où le peuplement est moindre (entre 10 et 40%). Ex : l'Algérie, la Turquie, le Liban, l'Indonésie, le Liban - les montagnes où le peuplement est marginal de 10%). Ex : La Russie, l'Allemagne, la France Les montagnes sont deux fois moins peuplées que ce qu'on enregistre à l'échelle de la planète. Toutefois, plus de 50 montagnes apparaissent comme densément peuplées. En changeant d'échelle, on s'aperçoit donc que des zones montagneuses qui apparaissaient jusque-là comme des vides sur la carte, peuvent regrouper un nombre conséquent d'habitants. [...]
[...] Cette fonction de refuge a pu être extrêmement efficace en permettant à certaines populations, au demeurant très rares, d'évoluer en autarcie presque complète, isolées du reste du monde. C'est ainsi que dans les montagnes de Nouvelle-Guinée, à 1600 m d'altitude, les Papous Kérélou n'ont été découverts qu'en 1954. Ils s'organisent en petites communautés, leur activité majeure est l'agriculture (patate douce) et l'élevage de porc, fondement de leur vie sociale, où les razzias de porcs et de femmes sont fréquentes entre groupes. Leurs outils sont en bambous ou en pierre. [...]
[...] Les Aztèques et les Incas n'ont en effet pas survécu au choc de la conquête espagnole qui a été suivie de vagues d'épidémies importées d'Europe et de l'instauration du travail forcé dans les mines d'argent de Potosi ou dans le cadre de l' encomienda, ancêtre des haciendas. Cela a eu pour effet une diminution brutale de la population indigène et la fuite des survivants vers les communautés d'altitude. Au XVIIème, la population indigène des Andes intertropicales est tombée à 3 millions. [...]
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