A l'heure actuelle, les conflits et autres troubles affectant les frontières oro-hydrographiques, c'est-à-dire les frontières prenant appui sur les supports naturels tels que les cours d'eau ou détroits, ou bien des reliefs topographiques du type montagne, sont nombreux ; et, qu'ils affectent uniquement les populations à l'échelle locale (tensions entre les Russes et les Chinois de part et d'autre de l'Amour) ou prennent une tournure locale (invasion chinoise dans l'Himalaya et plus particulièrement au Tibet, surveillance rapprochée du Rio Grande entre le Mexique et les Etats-Unis, ou encore du détroit de Gibraltar entre Espagne et Maroc…), ces conflits semblent concerner l'ensemble du globe.
Pourtant, quoi de plus stable, a priori, de plus « immobile », qu'une chaîne de montagne ou un fleuve ? Bien souvent d'ailleurs, c'est cette image de stabilité, associée à la notion déterministe de « frontière naturelle », qui fut à l'origine du tracé des frontières entre Etats…
Comment, dès lors, comprendre les dynamiques souvent troublées affectant les frontières oro-hydorgraphiques et les espaces associés ? Surtout, quels enjeux expliquent, et découlent, de ces frontières aux caractéristiques particulières et des mouvements s'y développant ?
Afin de répondre à ces interrogations, nous étudierons, dans une première partie, le paradoxe existant entre la notion de « frontière naturelle stable » et la réalité des frontières oro-hydrographiques.
Puis, dans une deuxième partie, nous tenterons de comprendre les dynamiques régissant ce type de frontières.
Enfin, dans une dernière partie, nous verrons quelles politiques adopter pour une stabilisation et une mise en valeur des frontières oro-hydrographiques et de leurs caractéristiques.
[...] Enfin, fleuves comme montagnes offrent un potentiel touristique non négligeable : le trekking par exemple est très à la mode Dans ces conditions, les enjeux économiques se développant autour des frontières oro-hydrographiques sont donc majeurs. Mais là n'est pas la seule cause de l'instabilité de ces espaces pourtant géographiquement stables. En effet, il faut voir dans la surimposition d'une frontière politique à une soi-disant limite naturelle une source non négligeable de tensions. Car ces frontières naturelles ne représentent pas nécessairement, dans les faits, une réelle barrière. Ainsi, les Andes se trouvent être le lieu d'échanges denses, aussi bien culturels que commerciaux, et ce de façon traditionnelle. [...]
[...] Bien souvent d'ailleurs, c'est cette image de stabilité, associée à la notion déterministe de frontière naturelle qui fut à l'origine du tracé des frontières entre Etats Comment, dès lors, comprendre les dynamiques souvent troublées affectant les frontières oro-hydorgraphiques et les espaces associés ? Surtout, quels enjeux expliquent, et découlent, de ces frontières aux caractéristiques particulières et des mouvements s'y développant ? Afin de répondre à ces interrogations, nous étudierons, dans une première partie, le paradoxe existant entre la notion de frontière naturelle stable et la réalité des frontières oro-hydrographiques. Puis, dans une deuxième partie, nous tenterons de comprendre les dynamiques régissant ce type de frontières. [...]
[...] Pour ce qui est d'une chaîne de montagnes la frontière doit-elle emprunter la ligne de crêtes, ou bien la ligne de partage des eaux ? . etc. Par ailleurs, souvent ces espaces s'avèrent difficiles à démarquer, soit du fait des difficultés d'accès (glacier de Siachen), soit du fait d'une certaine mouvance qui n'est pas à exclure (exemple du fleuve Arauca entre Colombie et Panama qui migre souvent latéralement et dont les rives sont instables). Ces différents paramètres conduisent à l'apparition de conflits qui, s'ils semblent parfois fondés sur des détails à l'échelle du globe ou même simplement du pays, n'en sont pas moins réels. [...]
[...] Aussi, les frontières oro-hydrographiques ne seront sources d'instabilité que si l'on y surajoute une frontière politique. Ceci s'illustre dans l'opposition observable entre le détroit de Gibraltar d'une part, et la Manche entre France et Royaume-Uni d'autre part. Le premier n'est source de conflits (passages clandestins d'Africains désespérés en quête d'une vie meilleure, trouvant souvent la mort) que parce qu'il sépare le Nord du Sud (même situation entre Mexique et Etats-Unis) ; à l'inverse, la Manche présente toutes les caractéristiques d'une bonne coopération : liaisons maritimes et ferroviaires (Tunnel), urbanisation et densité d'activités économiques continues d'une rive à l'autre etc. [...]
[...] En effet, que ce soit en Afrique, en Asie ou en Amérique Latine, il est de nombreux Etats dont les frontières reposent sur des frontières orographiques ou hydrographiques. Ceci s'explique par les politiques impérialistes et colonialistes menées par les grandes puissances européennes qui, entre le XV et le XIX siècle se partagèrent pour ainsi dire le monde. Ce faisant, elles exportèrent et appliquèrent leur concept de frontière naturelle stable et défensive sur les terres qu'elles colonisèrent, et ce d'autant plus qu'il était bien plus simple de délimiter les zones explorées à partir des cours d'eau ou chaînes de montagnes, plus visibles et, pour les premiers, plus facilement et rapidement explorés. [...]
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