De la Pampa argentine aux espaces vides de la Terre de Feu, les espaces ruraux font partie des représentations fortes du Cône sud. L'appellation Cône sud regroupe généralement quatre pays d'Amérique latine : l'Argentine, le Chili, l'Uruguay et le Paraguay. Dans cette partie du monde où l'appropriation des terres par les sociétés européennes est récente, les espaces ruraux restent au second plan : ce sont les espaces urbains qui sont majoritairement peuplés. Les campagnes du Cône sud sont souvent des espaces vides, phénomène qui s'explique par les héritages historiques des pays. Il n'en reste pas moins que les campagnes sont des sources de richesse non-négligeables, surtout pour des pays comme l'Argentine et le Paraguay. Des dynamiques contemporaines sont aussi à prendre en compte dans l'étude de ces espaces. Dans un contexte de mondialisation, les mutations récentes entraînent une "nouvelle ruralité" dans le Cône sud, c'est-à-dire une nouvelle manière d'aborder et de produire les espaces ruraux. L'enjeu sera alors de mesurer les tensions entre héritages et modernité dans des pays qui s'ouvrent aux marchés mondiaux.
Il s'agira d'abord de montrer que les espaces ruraux dans le Cône sud sont avant tout des espaces périphériques avant de s'intéresser aux mutations actuelles qui bousculent l'organisation et le fonctionnement de ces espaces ruraux. Enfin, nous nous intéresserons aux problèmes que posent ces dynamiques de développement.
I. Les espaces ruraux, des espaces périphériques
Dans des pays où s'imposent des grandes villes hypertrophiées, les espaces ruraux apparaissent comme des espaces secondaires car moins peuplés. À l'exception du Paraguay, la population est en majorité urbaine. Le réseau urbain domine des campagnes dont les ressources sont essentiellement agricoles.
Espaces vides, réponse historique
Si les espaces ruraux peuvent être considérés comme secondaires dans une logique centre/périphéries, c'est avant tout pour des questions historiques. En effet, ce sont les réseaux urbains qui sont au coeur du peuplement : lorsque les colons s'approprient le territoire aux XVIème et XVIIème siècles, ils fondent des grandes villes sur les routes coloniales, villes qui constitueront des foyers de population (...)
[...] Il n'y a jamais eu de véritable peuplement rural dans le Cône sud, l'agriculture ne nécessitant pas des densités très élevées. Quelques chiffres significatifs montrent bien le fort contraste de peuplement entre les espaces ruraux et les espaces urbains : la population rurale regroupe de la population totale en Uruguay en Argentine et 12% au Chili. Seul le Paraguay fait figure d'exception dans le Cône sud avec 42% de population rurale. Il n'en reste pas moins que les densités des espaces ruraux sont très faibles : on compte moins de cinq habitants par kilomètre carré dans certaines régions à dominante rurale comme la Pampa en Argentine. [...]
[...] Ces structures qui expliquent les faibles densités des espaces ruraux sont toujours visibles de nos jours. Elles opposent grands producteurs et petits paysans et mettent en avant des chiffres significatifs : des producteurs se partagent 60% des espaces exploités en Uruguay. L'organisation de ces espaces est aussi très nette dans un pays plus empreint de ruralité comme le Paraguay : le Chaco est une zone d'élevage, le centre du pays regroupe des activités d'élevage et de culture alors que l'est se concentre sur la monoculture commerciale de maïs, de soja etc . [...]
[...] À l'ère de la mondialisation, les pays du Cône sud ne peuvent plus en rester à une agriculture vivrière. Désormais, des pays comme le Chili et l'Argentine importent et exportent des matières premières de façon massive. Les innovations dans le domaine de l'agriculture, les nouveaux modes de production et de gestion permettent d'accroître la production. Parallèlement, le phénomène d'extension des terres cultivées est largement perceptible : la frontière agricole s'étend et empiète sur des espaces déboisés ou des espaces utilisés pour l'élevage. [...]
[...] Une agriculture entrepreneuriale se met en place et courtcircuite l'activité agricole familiale. La tendance est aux grandes exploitations, gérées par des multinationales ou par des investisseurs locaux. L'Uruguay connaît alors une chute du nombre d'exploitations de moins de cent hectares : alors qu'elles sont en 1960, on n'en compte plus que dans les années 2000. Les mutations sont accélérées grâce aux investissements, notamment dans la production de soja en Argentine (le pays se hisse à la place de troisième producteur mondial). [...]
[...] À l'exception du Paraguay, la population est en majorité urbaine. Le réseau urbain domine des campagnes dont les ressources sont essentiellement agricoles. Espaces vides, réponse historique Si les espaces ruraux peuvent être considérés comme secondaires dans une logique centre/périphéries, c'est avant tout pour des questions historiques. En effet, ce sont les réseaux urbains qui sont au cœur du peuplement : lorsque les colons s'approprient le territoire aux XVIème et XVIIème siècles, ils fondent des grandes villes sur les routes coloniales, villes qui constitueront des foyers de population. [...]
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