Longtemps, l'agriculture américaine a été considérée comme le « garde-manger du monde » (Susan George) d'aujourd'hui et de demain face à une demande mondiale de produits végétaux qui va tripler d'ici à 2040. Les États-Unis cumulent les premiers rangs mondiaux : en 2002, ils produisent 40 % du maïs, 43,6 % du soja, 15,1 % des agrumes, 9, 7 % du blé, 8,4 % du vin. Le palmarès est aussi impressionnant à l'exportation : les États-Unis contrôlent 80 % des exportations mondiales de maïs, 2/3 de celle de soja.
Même dans des productions où ils apparaissent comme de modestes producteurs comme le riz, ils parviennent à capturer le quart du commerce mondial et rivalisent sur les marchés tiers avec la Thaïlande. La force brute des exportations américaines parle d'elle-même : 60 milliards de dollars d'exportations, 10 % de la population active agricole mobilisée à l'exportation, et surtout une géographie des échanges tous azimuts (les dix premiers clients sont le Japon, l'Union européenne, le Canada, le Mexique, la Corée du Sud, la Chine, Hong-Kong, la Russie et les Philippines).
Les potentiels sont dans l'ordre de la démesure : les tiers-mondistes n'affirment-ils pas que les États-Unis pourraient nourrir 4 milliards d'hommes en débridant toutes leurs capacités de production ? La création très précoce de l'UDSA (le département de l'agriculture des États-Unis), en 1862, compte 100 000 fonctionnaires aux tâches diverses (gestion de l'eau, canalisation des exportations, etc.)
L'avenir est préparé avec l'offensive américaine sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) auxquels 39 millions hectares leurs sont consacrés sur 58,7 dans le monde en 2002.
[...] Une fois l'autosuffisance acquise au début des années 1970. L'Europe des quinze est devenue un exportateur majeur de produits agricoles et alimentaires sur les marchés de blé russe, égyptien ou du bois et du vin en Asie. Durant la décennie 1990, les positions américaines se sont érodées ( des exportations mondiales agricoles contre au début de la décennie) ; l'Union Européenne étant la principale bénéficiaire de ce recul ( des exportations mondiales). Le choc Union Européenne-Etats-Unis est donc celui de deux exportateurs, l'un dominant depuis des décennies l'autre, nouveau venu parmi les grands. [...]
[...] C'est bénéficier de primes de change avec facturation des prix en Dollars. C'est gérer les calendriers et les objectifs des organismes multilatéraux et pouvoir s'octroyer des dérogations (waivers) aux règles du GATT (maintien de clauses restrictives héritées du New deal, imposées par des lobbies comme celui de la Dairy Belt et assimilées à des Grand father Clauses). C'est fixer des modes de consommation, imposer la culture disco burger dès les années 1960, et mobiliser le FAS (Foreign Action Service) implanté dans 130 pays, depuis 1953, pour assurer la promotion des produits américains. [...]
[...] Le modèle imposé 1. L'anticipation permanente : la guerre des semences, la nouvelle biocratie transnationale américaine L'après 11 septembre a révélé que les guerres de demain ne seront pas classiques : la guerre des semences appartient au nouveau registre des déflagrations. L'Amérique a déjà investi le siècle biotech et entend exploiter sans partage ce marché. L'agriculture américaine a été aux avant-postes de la 3e révolution industrielle dans ses trois logiques : une logique d'information : stocker, transmettre, traiter, manipuler des informations (des cours boursiers aux codes génétiques) ; une logique de mimétisme du vivant : de l'intelligence artificielle aux recombinaisons d'ADN . [...]
[...] Où est dès lors le pouvoir de l'agriculteur de base américain, prestataire de service, maillon d'une chaîne dont il ne contrôle plus ni l'amont ni l'aval ? Un économiste de l'université de Californie à Davis, Steve Blank, résume de façon provocatrice la situation : Le grenier du monde est en train d'abandonner l'agriculture écrit-il dans The End of Agriculture in the american Portfolio (Quorum Books). Depuis trente ans, l'agriculture s'est battue, avec le progrès technique, pour accroître sa productivité. Mais, l'augmentation de la production a continuellement fait baisser les prix, pesant lourdement sur les cours mondiaux. [...]
[...] On retrouvera la forte adaptabilité de l'agriculture américaine dans ses capacités à libérer des hectares dans des périodes fastes. En effet, grâce à un système de politique de set aside (gel de terre), commencé dès 1935 avec le Soil Conservation Act puis complété par les Land Acreage Act voire les programmes de payment in kind en 1983, les Etats-Unis peuvent ajuster leur production : ce sont plus de 50 millions d'hectares (plus d'une fois et demie la SAU française) qui peuvent être retirés ou mobilisés pour épouser les aléas du marché mondial. [...]
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