Les années 1970 annoncent les profonds bouleversements que va connaître la société égyptienne. La littérature égyptienne suit cette évolution, à travers notamment des auteurs qui s'engagent. Gamal Ghitany et Sonallah Ibrahim sont deux d'entre eux. Il s'agit dans cet exposé non seulement de comprendre le contexte dans lequel leurs deux œuvres, "Zainy Barakat" et "Warda", ont été écrites, mais aussi de comprendre en quoi elles véhiculent les revendications de leurs auteurs.
[...] En 1981, Sadate est assassiné et est remplacé par Moubarak. Il tente de réduire les inégalités causées par la politique économique libérale de Sadate, et accepte une relative libéralisation de la vie politique égyptienne. A partir de 1984, il est contraint de revenir sur cette décision en raison de la radicalisation de certains mouvements islamistes qui s'opposent au pouvoir. Ce renforcement du pouvoir touche aussi le mouvement des Frères musulmans dont l'influence au sein de la société est de plus en plus importante. [...]
[...] L'histoire Zayni Barakat se déroule dans l'Egypte du 16e siècle. La dynastie mamelouke qui gouverne le pays décline et agonise, face à l'envahisseur ottoman. Le Caire est alors une ville pauvre et dangereuse. Deux hommes s'opposent, d'un côté un grand et apparemment respectable censeur religieux, de l'autre le maître des espions du sultanat, Zakaria Ibn Radhi. C'est une histoire d'espionnage, de trahisons, d'alliance, en totale cohérence avec l'époque dans laquelle se situe l'histoire. En effet Gamal Ghitany a beaucoup étudié l'histoire égyptienne avant d'écrire Zayni Barakat. [...]
[...] Sonallah Ibrahim vient lui de la petite bourgeoisie du Caire. Il poursuit des études supérieures qu'il interrompt dans les années 1950 pour s'engager auprès du parti communiste. Il sera arrêté en 1959 et emprisonné jusqu'à 1964. Ces années de prison font naitre chez lui la vocation d'écrivain. La plupart de ses romans seront des satires du gouvernement de Moubarak. Ainsi en 2003, il refusera publiquement le prix du Caire pour la création romanesque car celui-ci est donné par le ministre de la culture. [...]
[...] Il deviendra ensuite reporter de guerre pour le quotidien Akhbar Al yawm. Il s'opposera ensuite à Sadate et a sa politique libérale. Il lui sera pour cela interdit de publier pendant dix ans. Zainy Barakat est son premier roman, écrit en 1974. Il se situe dans l'Egypte mamelouke du 16e siècle, mais il s'agit d'une dénonciation générale de l'oppression tyrannique, et donc d'une dénonciation du pouvoir égyptien dans lequel il vit. En 1993 il lance sa propre revue littéraire, Akhbar al-adab. [...]
[...] Elle n'est pas un anti-héros, comme ceux que l'on trouve dans les précédents romans de l'auteur, elle n'est pas l'incarnation d'une idée ou d'un symbole mais véritablement un être humain avec ses qualités, ses défauts, ses aspirations. Warda est une femme libre qui vit avec son temps. Elle est courageuse et entreprenante, elle veut changer le monde, mais elle est aussi lucide sur les obstacles qu'elle va rencontrer. En cela elle incarne l'idéal révolutionnaire des jeunes égyptiens des années 1960. . et poursuivre un engagement Warda de Sonallah Ibrahim est clairement une œuvre engagée. [...]
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