François Bougon, espaces de conquête, espace, course à l'espace, guerre froide, militarisation, géopolitique
L'espace a toujours fasciné l'humanité, de Cyrano de Bergerac à David Bowie. C'est la « nouvelle frontière » selon l'astronaute Thomas Pesquet, ou « the final frontier » selon la série Star Trek. C'est également le cas de la mer avec par exemple Jules Verne. Depuis le vingtième siècle, à force d'en rêver, l'humanité les a explorés. Mais aujourd'hui, selon le journaliste François Bougon, « Les nouveaux explorateurs de l'espace sont les patrons de l'Internet ». Cet article publié dans Le Monde en 2016 montre que la course à l'espace n'est pas finie et a seulement intégré de nouveaux acteurs et changé de forme. Selon ce document, quels sont les enjeux liés à la conquête des nouveaux espaces ?
[...] Elle en était un enjeu majeur, un outil d'affirmation. Mais malgré l'effondrement de l'URSS en 1991, elle est toujours l'objet de rivalités entre Etats, avec de nombreux pays progressant : l'Agence spatiale européenne avec la fusée Ariane en 1979, le Canada, le Japon, l'Inde et surtout la Chine. Elle a le deuxième budget consacré à l'espace après les Etats-Unis. En 2011, elle a envoyé plus d'engins dans l'espace que les Etats-Unis, et elle a pris en 2019 des photographies de la face cachée de la Lune car « la Lune, [les Etats-Unis] la laissent désormais à la Chine et l'Inde », même si elle restera toujours un symbole du succès étatsunien. [...]
[...] Le Comité pour les Utilisations pacifiques de l'Espace extra-atmosphérique, créé en 1959, est également supposé maintenir la paix. Mais malgré ces tentatives de maintien de la paix, on assiste à une militarisation croissante de l'espace. Cela a commencé avec « la guerre des étoiles », le projet Initiative de Défense Stratégique de Reagan en 1980, avec la guerre fraîche, un projet visant à protéger l'Occident du bloc communiste. Et aujourd'hui, avec des tensions croissantes entre les Etats-Unis et la Chine, des tentatives inquiétantes de militarisation ont lieu, profitant des failles du Traité de l'Espace. [...]
[...] Les mers ont également leurs enjeux économiques avec des rivalités pour des ressources ou de nouvelles routes commerciales. Enfin, malgré les nombreux traités et institutions tentant de maintenir la paix dans les nouveaux espaces, une militarisation s'y produit. La conquête des nouveaux espaces évolue toujours, avec la création de nouveaux enjeux. L'article sorti en 2016 est donc presque obsolète, au vu des progrès ayant été effectués depuis huit ans. Il ignore également un troisième nouvel espace de conquête, littéralement nouveau : le cyberespace, objet de rivalités et de coopérations. [...]
[...] ils introduisent une nouvelle vision de l'espace : un simple investissement, qui n'est plus tout à fait en-dehors de l'?koumène. On peut même faire du tourisme spatial avec Virgin Galactic. Cette vision économique des nouveaux espaces s'est étendue à la mer. Avant considérée comme un simple obstacle, elle est désormais un enjeu économique majeur, avec par exemple les nouvelles routes de la soie chinoises, la Chine étant le deuxième pays du monde en tonnage. Il y a également des rivalités pour des ressources halieutiques ou en hydrocarbures. [...]
[...] Cette volonté d'exploitation est particulièrement portée par les acteurs de l'espace notamment : les firmes transnationales (FTN). L'enjeu est pour elles principalement économique, bien qu'elles soient indirectement utilisées par les Etats-Unis, qui n'ont pas vraiment abandonné la course à l'espace mais simplement délégué leurs efforts. Le Space Act promulgué par Obama en 2015 en témoigne. Les entreprises privées ont désormais l'autorisation de s'approprier, d'exploiter et de vendre les ressources naturelles des corps célestes. Cela va à l'encontre du Traité de l'Espace, cependant « extrêmement souple » et que les Etats-Unis n'avaient de toute façon pas ratifié. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture