La géopolitique de la présence Russe en Méditerranée

Résumé du document

Mémoire de fin d'étude sur la géopolitique de la présence russe en méditerranée. La présence russe en Méditerranée s'inscrit dans une stratégie visant à lui donner plus de puissance et à établir sa position mondiale comme acteur incontournable et force active sur la scène géopolitique méditerranéenne, privilégiant l'approche économique et diplomatique nécessaire pour booster sa croissance et multiplier ses partenaires dans le cadre d'une stratégie globale d'influence. Son affirmation sur la scène méditerranéenne trouve sa place dans un environnement relativement vide stratégiquement, ce qui a pleinement contribué à la réalisation de leurs ambitions qui s'étendent vers l'Afrique centrale et le Moyen Orient.

Extraits

[...] Section 2 - L'intervention militaire en Syrie La vague du printemps arabe qui a débuté en Tunisie en décembre 2010, finit par toucher la Syrie. Le contexte géopolitique de ce terrain particulier où se mélange la lutte d'influence entre sunnites et chiites, guerre de l'eau, une mainmise sur le plateau du Golan par Israël, une recherche de débouché sur la Méditerranée pour le pétrole qatari et saoudien via la Syrie entrant en concurrence avec les apports russes en Europe, complexifie la donne. L'éventualité de la chute du gouvernement Assad compromettait également ses positions militaires en Syrie héritées de la période de l'URSS. [...]

[...] L'Algérie par exemple est liée à la Russie par un accord de partenariat stratégique (2001) et elle a signé en 2014 un contrat d'armement inédit portant sur des chars russes T-90. Selon Bernard Prézelin, spécialiste des flottes de combat, la Russie a construit pour les forces navales algériennes six sous-marins de classe « Kilo » et elle a également fourni à ce pays des avions de chasse, des avions d'entraînement, des systèmes de missiles et des chars. Le nouveau dynamisme observé dans les relations entre la Russie et la Turquie depuis la fin de l'année 2015 (alors que la destruction d'un avion russe par l'armée de l'air turque en novembre 2015 laissait présager le contraire) est un des aspects emblématiques de la percée russe dans la région. [...]

[...] Il en va ainsi de l'Égypte, qui ans auparavant, n'achetait pas de blé à la Russie, et qui effectue désormais les trois quarts de ses importations auprès de celle-ci. Une dépendance qui s'est illustrée en 2010 lors de la crise du pain. À l'époque, la Russie avait décidé de bloquer pendant un temps ses exportations de blé pour cause de mauvaises récoltes. En conséquence, le prix de la farine et celui du pain ont explosé en Égypte, victimes d'une vaste pénurie. Le Maroc, quant à lui, conserve la France comme principal pourvoyeur de blé, cependant le Royaume est lui Page 21 aussi courtisé par Moscou. [...]

[...] Ainsi, la Russie a tous les atouts pour devenir une puissance qui rivalise les États-Unis au niveau diplomatique et sécuritaire dans cette région du monde. Cependant, son économie est basée en grande partie sur les rentes pétrolières et son récent insertion dans le model de l'économie du marché ne lui confère point des privilèges pour se positionner sur l'échelle économique au même titre que la Chine et c'est le socle de base de l'entente dans les relations sino-russes non seulement au niveau de la Méditerranée mais également sur l'ensemble des questions mondiales. [...]

[...] En 2015, alors que le pays abrite toujours deux bases militaires souveraines de la Couronne britannique, le gouvernement chypriote accepta de laisser la Russie utiliser ses ports de Limassol (d'ailleurs surnommé « Limassolgrad ») et Larnaca dans le cadre d'un rapprochement officiel entre les deux pays. Cette décision déclencha l'opposition des États- Unis et de l'Otan. Mais l'influence de la Russie avait atteint un tel niveau dans ce pays qu'il était devenu quasiment impossible de freiner ses ambitions. En effet, près de 60000 Russes ou ressortissants ex-soviétiques résident à Chypre dont 25000 furent en mesure de participer au scrutin présidentiel de 2018, confirmant les craintes des observateurs occidentaux sur l'influence grandissante de la Russie dans le pays. [...]