La France des marges, chapitre 3 : les marges économiques de l'espace français - M. Chabrol, A. Monot, F. Paris, F. Paulus

Thèmes abordés

Sciences humaines et arts, La France des marges, les marges économiques de l'espace français, M. Chabrol, A. Monot, flux de richesses, territoire français, dynamiques économiques, innovations territoriales

Résumé du document

En économie et en gestion, le terme "marge" désigne le profit qu'un agent tire de la différence entre le prix de la vente d'un bien ou d'un service et le coût des intrants. Ainsi, la majorité des activités économiques qui produisent le plus de marges sont au cœur du système productif français et se concentrent dans les métropoles. A l'inverse, en géographie, les marges économiques font référence au déclin et à la décroissance de la production de richesse.

La géographie économique s'intéresse aussi aux facteurs de la production comme les ressources naturelles, c'est-à-dire les matières premières dont l'extraction n'est plus rentable ; le travail et les ressources humaines (précarisation de l'emploi, chômage…) ; les techniques ; et la finance.

Extraits

[...] Tout d'abord, la plupart des entreprises sont des sous-traitant de grands groupes. Elles ont particulièrement souffert de l'ouverture à la concurrence internationale. En effet, ces entreprises familiales et paternalistes ont dû s'adapter à une logique de rentabilité ce qui a entrainé la fermeture de nombreuses unités de production. Cette décroissance industrielle a eu des conséquences sur d'autres secteurs comme le commerce de détail. De plus, la faiblesse du niveau de qualification de la main-d'œuvre freine le développement d'activités de services supérieurs aux entreprises. [...]

[...] Le pays est aussi bien inséré dans le réseau des FTN de part le fait de l'ampleur des investissements des grandes firmes françaises à l'étranger et par son attractivité auprès des investisseurs étrangers. Néanmoins, cette position est fragilisée car la France semble en difficulté en comparaison d'autres économies. Le pays est aussi victime de représentations négatives, surtout dans le cercle des chefs d'entreprises mondiales. L'affaiblissement du poids économique de la France dans le monde est lié à l'ancienneté des technologies qui ont fondé les champions nationaux (sur lesquels repose encore la puissance économique française) et au manque de leaders dans les secteurs innovants ( Ex : dans les années 1960, la filière automobile dominée l'industrie française. [...]

[...] Les 3 premières entreprises, leaders dans l'informatique, sont US (Apple, Alphabet-Google, Microsoft). Malgré ces évolutions peu favorables, la France métropolitaine reste un pôle important de l'économie mondiale. Ces évolutions contribuent à recomposer les dynamiques économiques infranationales et produisent, à différentes échelles, des régions qui gagnent des milieux innovateurs et des espaces perdants, en voie de marginalisation. Il faut cependant nuancer cette vision car des entreprises ferment aussi dans les métropoles et l'innovation et la créativité sont aussi présentes dans des espaces éloignés des centres. [...]

[...] Néanmoins, des entreprises ont su s'adapter en misant sur l'innovation et le marketing ( Ex : La Fonte Ardennaise (LFA) est une PME de 800 salariés répartis sur 6 sites de production. L'entreprise investie régulièrement depuis les années 1980 pour moderniser son appareil productif afin de proposer des produits diversifiés et facilement adaptables à la demande. Elle assure également l'usinage et l'assemblage des pièces pour accroître la valeur ajoutée. Aujourd'hui encore, LFA poursuit son développement : en 2016, elle a investit 5 millions d'euros pour installer des machines à commande numérique pour augmenter la production et la précision des pièces. [...]

[...] En dehors de métropoles, l'espace français ne serait-il donc plus que marges ? Oui si l'on reprend l'image de l'archipel. Bien que caricaturale, cette vision est une réalité vécue via leur mobilité pour beaucoup de cadres dirigeants, d'hommes d'affaires ou encore de chercheurs. En effet, la structuration des réseaux de transport à grande vitesse produit des effets tunnels : des espaces sont ainsi traversés mais à peine perçus ( Ex : depuis la mise en place du TGV entre Paris et Strasbourg (2007), Lunéville, Commercy et Sarrebourg ont disparu pour les voyageurs de cette ligne. [...]