"Ville et mobilité : Un couple infernal ?", de Marc Wiel

Résumé du document

Dans un avant-propos, l'auteur s'interroge sur l'interrelation entre la ville et la mobilité. L'intervention de Marc Wiel a pour cadre le débat entre d'un côté les spécialistes de la gestion des déplacements, qui conçoivent la ville comme un ensemble d'obstacles à la fluidité des déplacements et des parcours ; et les urbanistes, qui, a contrario, tentent de donner à la ville une cohérence, une esthétique sans se soucier de la mobilité.
Pour les premiers, toute congestion est un dysfonctionnement, qui souligne un écart entre une demande de mobilité et une offre de mobilité. En aucun cas les spécialistes de la gestion des déplacements ne s'estiment fondés à « remettre en cause la demande » ; ils soutiennent que c'est toujours l'offre qui doit s'adapter et se réévaluer.
D'emblée, l'auteur formule une problématique en termes de dépassement de ces fractures disciplinaires. L'idée est donc de savoir et de pouvoir dépasser l'antinomie apparente qui existe entre la ville et la mobilité, entre l'exigence de qualité urbaine (plutôt portée par les urbanistes) et l'exigence de mobilité (plutôt portée par les spécialistes de la gestion des déplacements).

Extraits

[...] "Ville et mobilité : un couple infernal de Marc Wiel Dans un avant-propos, l'auteur s'interroge sur l'interrelation entre la ville et la mobilité. L'intervention de Marc Wiel a pour cadre le débat entre d'un côté les spécialistes de la gestion des déplacements, qui conçoivent la ville comme un ensemble d'obstacles à la fluidité des déplacements et des parcours ; et les urbanistes, qui, a contrario, tentent de donner à la ville une cohérence, une esthétique sans se soucier de la mobilité. [...]

[...] Il ne s'agit donc plus d'opposer la ville comme bâti à la ville comme flux ; mais de penser ces deux facettes ensemble. C'est plus essentiellement la fréquence des interactions sociales entre les membres d'un même territoire que la continuité du bâti qui définit la ville. Être urbain c'est à la fois avoir besoin des autres et être gênés par la présence des autres Les partisans de la mobilité se fondent sur l'idée que les infrastructures (notamment en termes de transports) font le développement économique ; alors qu'il est patent qu'elles l'accompagnent mais qu'il résulte de causalités nombreuses et complexes. [...]

[...] Il semble cependant trop oublieux du politique : les problématiques soulevées concernent à l'évidence des idéologies, des programmes, des projets, des visions du monde que l'auteur n'évoque pas ou pas assez. Ville et mobilité aurait été bien plus stimulant s'il accompagnait ses constats et ses propositions d'une mise en perspective politique claire et nette : quelle place pour l'économie ? Vers quelle régulation aller ? Quelle organisation du travail et des déplacements ? Comment modérer efficacement la vitesse et la mobilité ? [...]

[...] Quelles solutions envisager ? Une solution réside dans une politique adaptée de la tarification des déplacements de la modération des vitesses, de la fiscalité des localisations, ou des initiatives publiques (assorties de réglementations) en matière de construction (logements ou entreprises selon le type) et, globalement, tous moyens envisageables pour limiter, dans les diverses parties de la métropole (à l'échelle intercommunale), le déséquilibre (qualitatif et quantitatif) local entre emploi et population active Wiel se penche ensuite sur ce qu'il nomme la hantise de la congestion qui a inspiré tout le travail de Le Corbusier. [...]

[...] L'auteur rappelle que la mobilité résume un potentiel d'interactions sociales. En ce sens, sa finalité se confond avec celle de toute vie sociale. Elle signifie notre capacité à faire des choses ensembles : difficile, donc, de s'élever contre la demande de mobilité. L'auteur rejette cette définition trop large qui fait qu'on ne peut pas être contre la mobilité et rappelle que la mobilité a un coût, qui peut être mis en concurrence avec d'autres coûts. Il émet l'idée que la ville conditionne les formes de la mobilité comme les conditions de la mobilité influent sur les formes de la ville. [...]