Cet ouvrage collectif est le résultat de la préparation d'un colloque sur « l'état de la géographie » tenu en octobre 1996 dans le cadre du Festival International de Géographie de St-Dié-des-Vosges. Il fait le point sur cette science qui est aussi discipline universitaire et scolaire à partir de trois approches : la production des savoirs de la communauté géographique, l'analyse de la communauté qui produit ces savoirs et les relations que la communauté géographique française entretient à la fois avec les autres communautés nationales et avec les autres sciences. La « machine géographie » fabrique des idées, des théories, des méthodes, des langages qui sont en phase avec ce qui se fait dans les autres sciences sociales et en liaison avec certaines attentes de la société. Deux thèmes transversaux contribuent à mieux situer la contribution des géographes aux disciplines voisines et du parcours de la géographie : le positionnement des géographes de leur propre activité au sein de l'action sociale et la relation de la géographie du monde extérieur. Qu'en est-il aujourd'hui de cette contribution de la géographie ? Les deux premières parties campent le paysage d'ensemble tandis que la troisième le parcourt sous les angles particuliers des grandes questions géographiques.
[...] Elle contribue, profondément et durablement, au repositionnement de la discipline au sein des sciences humaines et sociales. Toutefois, elle n'a pas contribué à une quelconque unification disciplinaire. Une science, naturelle ou sociale ne peut se passer de techniques. Or, avant 1960, la géographie ne dispose que d'un éventail réduit : cartes topographiques et géologiques, coupes, cartes analytiques et croquis. Depuis trois décennies, les moyens de production d'images, les modes de calcul, les possibilités de voir la Terre ont connu d'importants bouleversements. Les techniques sont devenues plus nombreuses et elles n'ont cessé de s'affiner. [...]
[...] Dans les années 1970, le débat sur le métier de géographe s'organise autour de la mise en avant d'un métier défini par des techniques d'accès aux sources et le rejet d'ambitions théoriques. Aujourd'hui, les géographes ont le sentiment de leur identité d'un corps fixe de techniques et d'un projet épistémologique. En pratique, la carte voit sa fonction de marqueur exclusif s'affaiblir. En parallèle, d'autres techniques sont adoptées telles que les statistiques, les méthodes d'enquête ou les observations. Il en résulte une migration de la géographie au sein des sciences sociales. Moins proches des historiens, les géographes ont accru leur connivence avec les sociologues. [...]
[...] Mais le travail de George Bertrand constitue un fondement important du renouveau de la réflexion géographique. Aujourd'hui, on peut affirmer que la floraison des études sur les risques naturels n'a pas débouché sur des élaborations d'une grande nouveauté. A côté de ces approches convenues, quelques auteurs ont manifesté un souci théorique tel que Jean-Pierre Marchand et Augustin Berque. La géographie est une activité de connaissance dont la finalité change peu entre les pratiques spontanées, attachées à la vie courante, et les pratiques savantes. [...]
[...] La géographie française continue sur sa lancée de l'entre-deux- guerres. Il n'y a pas de controverses majeures sur la nature et les orientations de la discipline, même s'il y a des débats. Seule la géomorphologie connaît quelques polémiques avec l'essor de la Revue de géomorphologie dynamique, créée en 1949 par Jean Tricart. L'école française de géographie vit un peu trop en vase clos et prête relativement peu d'attention à ce qui se fait dans le reste du monde. Elle est beaucoup plus ouverte sur l'étranger par ses terrains de recherche que par ses thèmes de recherche. [...]
[...] De plus, la géographie physique a changé. La climatologie s'est affirmée avec un intérêt nouveau porté aux contraintes climatiques et à la pollution. La biogéographie est davantage à l'honneur sous l'impulsion de Georges Bertrand qui tente d'en faire le pivot de la géographie physique globale L'hydrologie et la pédologie restent encore discrètes. Le changement le plus notable est l'accent mis sur les milieux naturels. Dans l'ensemble, les géographes ne souhaitent pas être admirés par l'intelligentsia mais plutôt par des spécialistes de telle ou telle science sociale ou naturelle avec laquelle ils entretiennent des liens étroits par les politiques, les technocrates et les entrepreneurs. [...]
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