Paris et le désert français, Jean François Gravier, système démographique déséquilibré, centralisation, politique d'aménagement
Paris et le désert français est l'ouvrage le plus connu de Jean-François Gravier (1915-2005) et fait finalement toute sa renommée puisque la date de sa parution (1947) marque le départ de la réflexion sur l'aménagement du territoire. Gravier est alors par cet ouvrage un auteur clé puisqu'il inspire toute une politique et influence toute une série d'auteurs qui se placent dans sa lignée (Mendras, Béteille pour ne citer qu'eux).
[...] En résulte la situation de 1947 : « incapacité de ne régler aucune affaire importante sur place ; tout doit monter à Paris » ; « le rôle de Paris dans la vie de la France s'accroît jusqu'à la tyrannie ». • Conséquence : « Existence d'un trust parisien (financier, commercial, industriel, intellectuel, artistique) et de départements prolétaires ». « Tout le reste est muet, stérile, désert ». Car, « monopole intellectuel », mais aussi centralisation ferroviaire, commerciale, industrielle. Conclusion de l'auteur : « [ ] la France est l'État le plus centralisé de l'Europe et probablement du monde ». • De plus, constat d'un sous-équipement du rural en électricité, eau potable, assainissement. [...]
[...] Une politique démographique pour redynamiser l'économie. • Avant toute politique démographique, faire des économies d'énergies : économies de charbon, développer l'hydroélectricité, électrification des transports. Pour cela, il préconise une politique de grands travaux (barrages • Problème : manque de main-d'œuvre dans l'industrie, ce que Gravier appelle « la fuite devant la production ». D'où deux solutions : réorganiser avec l'idée d'« orienter le dégagement de main d'œuvre » (les femmes vers les épiceries et les hommes vers le BTP et l'industrie) ; recours à « l'immigration dirigée » c'est-à-dire « établir un plan de localisation et de répartition des immigrants », en fonction des besoins. [...]
[...] Enfin, Paris et le désert français tire peut-être une partie de son succès de ce contexte historique qui lui sera favorable. Cela dit, l'ouvrage est contestable de par son caractère parfois utopique. De plus, il s'apparente à un véritable programme d'action, et revêt une certaine politisation : en effet, l'auteur argumente et souligne son propos sans craindre la polémique. Cependant, ce programme fut une source d'inspiration pour des réflexions futures, ce qui lui conférera sans doute un retentissement d'autant plus grand. [...]
[...] • Prise de position, et de façon tranchée, dans un sujet d'actualité. Retentissement accru du fait que les politiciens s'inspirent de son ouvrage (préface de Raoul Dautry, ministre de la reconstruction et de l'urbanisme de 1944 à 1946 ; lequel ministère demanda d'ailleurs les services de Gravier). Ainsi, l'ouvrage symbolise le point de départ de l'aménagement du territoire, qui débutera quelques années plus tard dans le contexte de croissance des « trente glorieuses ». • Programme cohérent dans son ensemble, idées novatrices. Ainsi certaines réalisations s'inspirent de Gravier (après réflexion). [...]
[...] situation aggravée par le fait que « Paris dépeuple la France » . • Paradoxe : natalité forte dans les campagnes, faible voire en baisse dans les villes ; or, ce sont les villes qui gagnent des habitants. Explication : émigrations de l'intérieur vers les grandes villes, exode rural. Ainsi, « les tentacules de Paris s'étendent sur tout le territoire : il n'est pas un département français qui compte au moins 2000 originaires dans l'agglomération parisienne ». • Déduction de Gravier : « les villes tentaculaires stérilisent les éléments jeunes qu'elles ont attirés. [...]
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