Historiquement créatrices d'identités et de représentations, les langues font aujourd'hui l'objet de revendications et de luttes. Ces conflits sont aussi divers que les groupes qui les mènent, que les objectifs qu'ils défendent et que les territoires et les niveaux dans lesquels ils s'expriment. Une approche géopolitique des conflits linguistiques permet de dépasser les débats actuellement figés dans des positions souvent considérées comme indépassables. Celles-ci opposent bien souvent la défense de la diversité culturelle face à un pouvoir étatique centralisateur qui annihile les particularismes au profit d'une conception unifiée du territoire. Inversement, d'autres soutiennent la défense de l'unité nationale contre une partition infinie des territoires.
Les combats linguistiques masquent souvent des rivalités de pouvoir. Une approche géopolitique permet de dépasser les questions strictement linguistiques, culturelles ou juridiques du statut des langues minoritaires et régionales. Cette approche permet avant tout d'« analyser les rivalités de pouvoir sur des territoires en tenant compte des représentations contradictoires dont elles sont l'objet et qui suscitent des débats entre les citoyens ».
Une telle approche est cruciale dans un contexte européen favorable aux régions et aux redéfinitions des territoires alors que ces questions sont très controversées.
Langues et Territoires décrit l'urgence d'une réflexion approfondie sur les diverses conceptions de la nation et de la pluralité culturelle. Les seize articles qui composent ce numéro dressent un panorama de la diversité géopolitique des situations linguistiques en Europe. Ils introduisent la complexité du lien entre questions linguistiques et politique.
A défaut de pouvoir rendre compte de manière exhaustive de toutes les situations particulières examinées dans ce recueil, nous tenterons de comprendre l'importance d'une approche géopolitique qui insiste plus sur des questions de représentation que de pratique effectives. Nous lierons les questions culturelles aux enjeux territoriaux donc politiques dans une réflexion appliquée à la fois au concept de nation française et au contexte européen.
[...] De plus, le pays refuse toujours de reconnaître la présence de minorités sur son territoire. Non constitutionnelle, une telle affirmation présenterait un danger pour l'unité de l'Etat nation français. Dans sa dimension contemporaine, le débat dépasse la question des langues régionales et minoritaires pour s'ouvrir à celle des langues issues de l'immigration. Ce constat renforce l'urgence d'une réelle réflexion. Successivement, les articles insistent sur la nécessité d'une politique linguistique globale contre l'absence de politique ou contre une politique strictement culturelle. [...]
[...] L'Europe est à ce titre porteuse d'un projet novateur susceptible d'être étendu à l'échelle mondiale. Bibliographie indicative Langues et territoires Hérodote, nº105, Paris : La Découverte 2002 Langue Et Territoire De J.A. Laponce Ed. Presses de l'université de Laval Conseil Constitutionnel, à propos de la Loi Toubon. Voir supra, définition des concepts, langues minoritaires et régionales. A ce sujet, voir l'article de Yvonne Bollmann. [...]
[...] Elle est en effet très flexible. Il appartient à chaque Etat de nommer les groupes linguistiques minoritaires ou régionaux présents sur son sol ainsi que de préciser le territoire qui les concerne. La Charte en fournit uniquement le cadre conceptuel comme nous l'avons spécifié précédemment[2]. Elle défend une vision pluraliste de l'Etat qui tient compte de la diversité des structures géographiques et culturelles (qui) vise à assurer un fonctionnement plus démocratique de la société La question de la nature des droits produits fait pourtant débat : s'agit- il de droits individuels ou collectifs ; rattachés à la pratique ou au territoire? [...]
[...] Ainsi, le blocage actuel existe avant tout dans les mentalités. Pourtant, la majorité des auteurs rejettent la réalité de ce clivage et mettent plutôt en avant les difficultés de type constitutionnelles. On peut à ce titre évoquer un paradoxe français. L'article 2 de la Constitution française stipule que la langue de la République est le français Il existe néanmoins une certaine tolérance constitutionnelle : il est admis que l'on puisse imposer l'usage de la langue officielle à tous, sans exiger que cet usage soit exclusif[1]. [...]
[...] Langues et diversité culturelle Le territoire est ainsi le support de cultures exprimées par la langue. Les langues minoritaires et régionales notamment matérialisent des cultures particulières par rapport à l'Etat auquel elles sont rattachées. La Charte en donne une définition plus précise : par "langues régionales ou minoritaires on entend les langues : pratiquées traditionnellement sur un territoire d'un Etat par des ressortissants de cet Etat qui constituent un groupe numériquement inférieur au reste de la population de l'Etat. ii) différentes de la (des) langue(s) officielle(s) de l'Etat. [...]
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