"Espace et Histoire", tome 1 de "L’identité de la France", Fernand Braudel

Résumé du document

L'identité de la France est le dernier grand projet que Braudel laisse inachevé à sa mort et qui est publié un an plus tard, en 1986. Cet ouvrage s'inscrit de façon surprenante dans l'œuvre de Braudel car non seulement il est destiné à un public de non-spécialistes mais aussi hors normes car il se démarque clairement dans sa démarche des autres livres sur l'histoire de France. Il ne s'agit en effet pas d'une histoire de la France au sens classique du genre. Braudel cherche à démontrer ce qui dans le jeu de l'histoire, a rendu possible la France du 20e siècle (et de son époque).

Le premier tome intitulé Espace et Histoire tente de comprendre « la France rétrospective comme un laboratoire d'expériences ». Comprenant une introduction et trois chapitres, ce premier tome est consacré à l'inventaire des formes de l'espace français. Il interroge l'espace pour révéler la diversité française composée d'une pléthore de micro-milieux. Il ne commence à vrai dire pas l'Histoire de France au sens où on l'entendrait. Il esquisse plutôt la diversité des espaces géographiques français pour entamer sans doute dans ses deux autres tomes, l'histoire.

Extraits

[...] On apprend beaucoup dans son livre, notamment sur la diversité des modes de construction de l'identité nationale culturelle, géographique et historique .Le passage sur Paris et l'Ile de France m'a permis de savoir pourquoi Paris et non pas une autre ville. Les tribus venant d'Europe centrale et de Méditerranée, qui ont constitué la France, décidèrent en fait de placer le futur centre sur l'île de la Cité, qui semblait intéressante, car elle était un point de réunion des routes commerçantes. Depuis l'Etat a toujours privilégié Paris, et cela correspond à notre image d'une France très centralisée. Pierre Daix, Braudel, Flammarion, Paris Une leçon d'histoire, colloque de Châteauvallon Paris, Arthaud, 1986. [...]

[...] De telle sorte que, par mauvaise conscience, pour me libérer d'une forme de dette, je me suis jeté dans l'Histoire de France. Tout comme lui, nous nous jetons dans l'Histoire de la France. J'ai été captivée par cette histoire de la France dépeinte et analysée par un Braudel très passionné. Il aime la France, il le dit d'ailleurs au début de son ouvrage. Il nous communique son engouement et nous fait aimer l'histoire, cette Histoire. Cette lecture m'a marqué en tant qu'histoire d'un passé qui reste présent pour mon futur. [...]

[...] Cette micro-structure semble se suffire à elle-même, mais, ne pouvant vivre en autarcie, elle doit donc accepter de s'ouvrir sur l'extérieur pour acheter, vendre et échanger. Dès lors, Braudel fait un constat : il n'y a pas de société humaine sans échange. Le bourg, composé d'éléments du pouvoir royal puis républicain est le second système sur lequel s'attarde Braudel. Situé au cœur d'un réseau de hameaux et de villages qu'il domine, le bourg comporte de nombreuses fonctionnalités inexistantes dans les villages. [...]

[...] En cela, l'identité de la France se construit évidemment en son sein. De l'autre, l'identité se construit aussi par rapport à l'extérieur, au monde. De là, l'unité de la France peut être considérée comme duale, car l'Etat comme le reste du monde sont créateurs d'unité et tendent à créer ou à modeler un espace unifié, mais pluriel. À la fin de l'ouvrage, on est face à cette lente procession vers l'unité d'une France qui aura été longtemps en devenir Opinion personnelle J'aimerais citer les propos de Braudel, recueillis à Châteauvallon, deux mois avant sa mort : certains écrivent l'histoire des Français avec de mauvaises idées derrière la tête. [...]

[...] Mais aimant la géographie et l'urbanisme, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre un peu dense. J'ai surtout aimé que Braudel illustre son propos par des cartes ou des graphiques qui mettent bien en perspective ses récits très précis et minutieux. On sent que Braudel a baroudé pour écrire son livre : il a expérimenté le territoire français. D'ailleurs, je pense qu'il vaut mieux pour le lecteur d'avoir un minimum expérimenté ce territoire pour vraiment comprendre le ressenti et les explications de Braudel. [...]