Les entretiens ont été recueillis au cours du mois de décembre 2007, après bientôt un quart de siècle de pouvoir municipal aux mains des équipes successives de François Dubanchet et de Michel Thiollière. Celui-ci, d'abord comme adjoint à l'urbanisme puis comme maire, assume l'héritage de ces presque vingt-cinq années de gestion municipale. Ces dernières années, nombreux sont ceux qui ont trouvé inadaptée à la réalité stéphanoise sa politique de grands travaux souvent prestigieux. A l'heure du bilan, qu'en est-il ? Maurice Vincent veut dresser un constat objectif de la situation de la ville, sans masquer les critiques de manque de réalisme, d'attention aux Stéphanois et de compétence qu'il impute à l'équipe municipale en place, derrière les grands discours et les plans de communication successifs.
[...] L'entretien stricto sensu oui dans le mauvais sens ! Faute là encore de budgets suffisants, les espaces publics, les rues, les écoles ne sont pas en bon état, c'est le moins qu'on puisse dire. Si vous voulez parler de la rénovation des espaces centraux, il y a eu certes quelques réalisations très visibles : autour de la voie du tram, certaines places et espaces du centre-ville. Mais observez l'ensemble des quartiers : la place Chavanelle a changé, c'est vrai, elle a fait l'objet d'une rénovation spectaculaire, mais à vingt mètres, rue de la Mulatière, la dégradation lente continue à faire son oeuvre et le résultat, lui aussi, est tristement spectaculaire. [...]
[...] Revenons à la métropolisation que vous évoquiez au début. En quoi Saint- Étienne est-elle concernée ? Quelles en sont les conséquences ? La montée en puissance de la métropolisation c'est-à dire, pour résumer, du regroupement des hommes et des activités dans de grandes agglomérations étendues, consommant toujours plus d'espace, est un phénomène général au niveau mondial. Notre ville est concernée à plusieurs niveaux. D'abord parce qu'elle est entourée de communes périphériques attractives qui voient leur population croître quand Saint-Étienne perd des habitants. [...]
[...] Il est donc nécessaire de réfléchir à l'avenir de la ville en intégrant cette évolution. Déjà plusieurs villes européennes (Londres, Milan ) limitent l'accès de leur centre-ville en créant des péages urbains : je préférerais de loin une autre politique, élaborée avec les Stéphanois, qui conduise aux mêmes résultats sans recourir à cette sélection par l'argent que je trouve choquant. De la même manière, il faut réfléchir aux conséquences des questions de développement durable sur la santé, avec les problèmes liés à la pollution atmosphérique et aux composants chimiques : les villes ont beaucoup à faire, par exemple dans le domaine de la prévention. [...]
[...] Les politiques ne peuvent et ne doivent pas considérer cette évolution comme inéluctable, car c'est, en fait, une forme de recul de la civilisation qui s'y exprime. D'autant que, si les statistiques de la délinquance évoluent favorablement, ce n'est pas le cas des actes de violence. Aucun homme politique soucieux de la vie publique ne peut sous- estimer l'importance de cette dérive. Sur ce plan, il est inutile de prononcer de grands discours guerriers. Il faut au contraire étudier calmement les solutions les plus efficaces et les appliquer rigoureusement. [...]
[...] Sans cela, Saint-Étienne ne pourra pas être durablement autonome dans sa relation avec Lyon. C'est l'enjeu fort du mandat qui vient et au-delà : il faut tout faire pour que des emplois de haut niveau se développent à Saint-Étienne. Mais comment faire ? Le maire doit s'impliquer personnellement pour accompagner et soutenir les différents pôles d'activités innovants, constitutifs d'une nouvelle force de frappe économique au niveau de l'agglomération. Il doit apporter un soutien appuyé à la recherche, développer une capacité de prospection puissante, particulièrement orientée vers les entreprises qui peuvent renforcer ces pôles. [...]
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