Géraldine Djament est une géographe, attachée temporaire d'enseignement et de recherche à l'ENS, spécialisée dans l'étude de la géohistoire. La géohistoire est, dans le cadre de ses recherches, comme elle le souligne elle-même, considérée comme l' « étude de la dimension spatio-temporelle des sociétés, et plus spécifiquement comme analyse des dynamiques spatiales utilisant un métissage de théories et de pratiques relevant traditionnellement de l'histoire et de la géographie. » C'est-à-dire qu'au sein de ses analyses, on peut retrouver des composantes classiques des deux matières scientifiques et sociales, que sont la géographie et l'histoire. Ces deux objets d'étude, mis en relation et alors interdépendants, permettent une analyse géographique systémique ancrée dans la mise en lumière du « lieu », ainsi que de sa temporalité, de son adaptation dans son meta¬-espace, de son évolution progressive en fonction des différents contextes rencontrés.
Ses travaux mettent particulièrement en lumière les concepts de centralité urbaine, de stratégie spatiale, d'urbanisme, de capitale et de l'historicité des lieux en rapport avec leur espace, leur géographie, leur temps, l'idée qu'ils produisent. Les dialectiques entre échelles et temporalités et entre réseaux et territoires semblent être également prépondérantes dans ses travaux.
Cet article, intitulé La construction de l' « éternité romaine », a été publié en 2005 dans la revue l'information géographique (n°3), dont le thème était « échelles et temporalités ».
L'exemple de la ville de Rome et de ses évolutions est développé par l'auteur, dans l'objectif d'analyser le caractère durable, voire éternel, de la temporalité de la capitale italienne. Le rapport entre la ville et ses adaptations, de même que la question de l'interaction entre les centralités idéelles et matérielles apparaissent au centre de cette réflexion. L'enjeu majeur parait donc être pour la géographe, de montrer à travers un exemple connu et clair, la pertinence de la géohistoire dans l'analyse de territoire, celle-ci permettant, en effet, de mettre en avant le lien entre le lieu et son histoire : chaque échelle est alors associée à une temporalité particulière.
La construction de cette réflexion, ainsi que les concepts et les notions majeurs explicités dans cet article, peuvent être dans un premier temps mis en relation et étudiés à l'aide d'un graphe systémique. Puis, on pourra mettre en avant un autre enjeu révélé par cet article et plus particulièrement par le sujet choisi, celui du renouveau de la géohistoire. En effet, comme le prouve la démarche même de l'auteur cette discipline parait désormais nécessaire à l'étude géographique et de plus en plus de géographes semblent s'y référer, redonnant de l'importance à cette branche parfois méprisée de la compréhension des structures territoriales.
[...] Le mélange des temporalités, ainsi que le caractère ancien ET moderne de la ville participent donc à la construction de cette éternité romaine L'interaction entre la ville et son méta espace est également prépondérante. En effet, elle participe de façon active à la pérennité du lieu : l'influence de l'idée de Rome, renforcée par son image matérielle, purement urbaine, permet l'importance des liens avec ce méta espace. Le petit espace qu'est Rome a des effets sur un espace non négligeable, et se voit dans une position telle, qu'il peut prendre des décisions et imposer des visions à un territoire plus étendu (le monde même à l'échelle de la Rome papale). [...]
[...] Ainsi, au contraire de la géographie historique, la géohistoire tente d'intégrer de la temporalité dans son objet même, et ne sépare plus les deux disciplines en deux phases. Cette discipline assez nouvelle en France, où elle a longtemps connu un succès mitigé, connaît un certain renouveau depuis peu grâce à l'impulsion de différents géographes, séduits par la nouvelle liberté qu'offre cette discipline en permettant à l'analyse géographique de se détacher de contraintes d'analyse historique strictement faite par période, et non suivant une certaine continuité. [...]
[...] Celui-ci a donc tenté de populariser une vision de la géographie prenant en compte les particularités historiques et territoriales de chaque espace, produisant une analyse cherchant à mettre en lumière les risques de conceptions trop distantes des espaces. En effet, les différentes sociétés et les divers lieux auxquels s'intéresse le géographe ne peuvent être considérés unilatéralement, selon un unique point de vue. Sans la prise en compte d'une temporalité suffisamment conséquente, il parait impossible ou du moins compromis de produire une analyse géographique objective. Selon C. Grataloup, dans l'individu géographique (ch Logiques de l'espace, esprit des lieux, J. Lévy et M. [...]
[...] de Planhol - Régimes d'historicité et régimes de géographicité Espacestemps.net, Géraldine Djament - Logiques de l'espace, esprit des lieux, J. Lévy et M. [...]
[...] La démonstration, faite dans cet article par G .Djament, permet donc d'expliquer la centralité de Rome, mais aussi sa place de capitale. De même, la position de Rome révèle l'importance des considérations temporelles dans l'analyse d'un territoire, l'aspect primordial du temps et de la prise en compte des évolutions de la ville en parallèle avec son histoire et ses objectifs, de l'idée qu'elle est capable de véhiculer. Ainsi, en partant de la réflexion de Géraldine Djament, on peut mettre en lumière une volonté nouvelle, chez certains géographes de présenter une vision différente de la géographie. [...]
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