La géographie urbaine est une science récente, dont certains secteurs sont encore en friche. Ainsi, l'étude des banlieues, dont Hervé Vieillard-Baron est spécialiste, est actuellement marginale. L'intérêt de la géographie pour les banlieues est contemporain de l'évolution de leur statut. Autrefois frontière accueillant les populations nouvelles, aujourd'hui partie intégrante de la ville, la banlieue désigne le territoire urbanisé qui entoure le centre urbain.
Le terme de banlieue désigne un espace réel, concret, ayant une histoire, mais il n'est pas dénué de préjugés : il se révèle moins neutre que celui de couronne périurbaine. L'étymologie du mot banlieue rappelle que, dès l'origine, cet espace était différent de la ville, en n'étant qu'une couronne d'une lieue autour de la ville sur laquelle s'exerçait le droit du suzerain. La banlieue n'est ni ville ni campagne, par conséquent longtemps mise au ban dans les travaux des géographes. L'auteur montre dans ce livre l'intérêt de la banlieue comme entité géographique, complexe par ses relations au centre urbain, remarquable surtout par les dimensions sociologiques, politiques ou économiques qui permettent d'en enrichir l'étude. La banlieue ne semble pas être un seul prolongement de la ville, du moins en France. H. Vieillard Baron s'interroge ainsi sur l'originalité des banlieues françaises, tant au niveau national qu'international.
[...] Le patrimoine urbain s'inscrit en fait dans une culture du mouvement, imprégnée d'une conception cyclique du temps. La ville est en construction permanente, le bâti est éphémère. En Corée, Séoul, immense capitale a vu naître une floraison de grands ensembles. À Tokyo, les centres-villes se vident de leur population résidente, qui part vers la périphérie urbaine. Enfin, dans les pays en développement, l'explosion urbaine est remarquable. Les immenses périphéries expriment une volonté d'accéder à l'urbanité. L'habitat y est extrêmement précaire. [...]
[...] Néanmoins, ces plans d'aménagement ne sont pas suivis à la lettre et favorisent la naissance de la banlieue rouge moderne, dont les paysages sont issus de ces lotissements. Les banlieues ont vu naître une autre grande mutation. L'engouement français pour l'habitat individuel a entraîné la construction de cités- jardins, ensembles de maisons individuelles et de petits immeubles. La cité- jardin de Drancy, ensemble de barres, marque les premiers pas d'une dérive qui a donné naissance à nos grands ensembles actuels. Le grand ensemble est un groupe rationalisé d'immeubles quasi autonomes, comprenant au moins mille logements et intégrant des équipements collectifs. [...]
[...] Vieillard Baron s'interroge ainsi sur l'originalité des banlieues françaises, tant au niveau national qu'international. Le raisonnement est divisé en quatre parties. La première vise à préciser le concept géographique de la ville. La deuxième rappelle l'origine des banlieues. La troisième traite la perception souvent négative de la banlieue comme quartier sensible. La dernière enfin s'interroge sur l'existence d'une spécificité française de la banlieue. Structure du texte Première partie : définir la ville pour dessiner ses périphéries En premier lieu, il semble impossible d'aborder la banlieue sans évoquer la ville. [...]
[...] Dans le contexte d'urgence sociale des années 1950, ils se sont multipliés aux périphéries des villes. La cité radieuse de Marseille en est représentative, car conçue par Le Corbusier, chantre de l'architecture fonctionnaliste qui a inspiré les constructions des grands ensembles. Une deuxième vague d'édification se déroule lors des années 1960, pendant laquelle le groupe des "4000" de la Courneuve voit le jour. Les grands ensembles sont très vite critiqués ; on leur reproche une certaine dépersonnalisation de l'espace, un manque d'anticipation et de suivi, d'autant plus que les années 1970 marquent la fin de l'urgence en matière d'habitat social. [...]
[...] Les villes européennes se sont certes toutes développées de manière radiocentrique, avec une définition néanmoins différente de l'agglomération. L'Union européenne rêve d'une ville compacte et dense par un renouvellement in situ, mais cet idéal reste lettre morte. L'attachement à l'habitat individuel en Grande-Bretagne favorise ainsi une rurbanisation très forte, parfois au détriment du centre-ville. En Allemagne, la ville est en fait une conurbation, marquée par quelques "points chauds". En Italie, les subdivisions urbaines sont si peu visibles que les questions sociales prennent une dimension régionale. Il est ainsi impossible d'établir un modèle européen de la banlieue. [...]
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