La Loire: fleuve marchand de denrées agricoles

Résumé du document

En novembre 2000, le Val de Loire depuis Sully-sur-Loire (en amont d'Orléans) jusqu'à Chalonnes (en aval d'Angers) a été classé au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO. C'est là une preuve d'un riche passé historique de toute la région. Ce val a en effet vu se succéder de nombreux épisodes célèbres de l'histoire de France et d'Europe, et ce pour plusieurs raisons. C'est principalement sa position stratégique au cœur de la France qui était convoitée, position qui lui a valu une richesse comme peu de provinces en ont connue, ce qui la rendait encore plus désirée. Ce fleuve était en effet un axe de commerce considérable jusqu'au début du siècle dernier. On y trouvait toutes sortes de produits, et en particulier des produits issus de l'agriculture, ou destinés à son bon fonctionnement. Pour mieux comprendre le rôle central que le fleuve royal avait sur la vie économique du pays, nous allons d'abord étudier une courte histoire du fleuve et de son commerce. Puis nous verrons quels étaient les produits agricoles transportés sur la Loire, en nous focalisant plus particulièrement sur trois d'entre eux. Enfin, nous nous intéresserons à Orléans, une des villes ligériennes les plus importantes, qui est restée connue de nos jours pour la transformation d'un produit agricole qu'on y effectue, le vinaigre.

Extraits

[...] Le trafic de denrées agricoles sur la Loire est donc très important, tant en quantité transportée qu'en nombre de convoi. Il a lieu aussi bien à la remonte qu'à la descente du fleuve. Les produits transportés sont très variés. Si nous nous sommes intéressés aux trois principaux, il ne faut pas oublier que d'autres produits étaient transportés. On peut citer le poisson dont la consommation est très importante, en particulier à cause du jeûne imposé par l'église. Pour les voituriers ce trafic reste intéressant, car c'est un produit à la remontée, sens souvent déficitaire. [...]

[...] La culture du chanvre et la cordellerie sont encore vigoureuses. Figure 11 Rouissage du chanvre sur la Loire aux environs de Montjean, vers 1880, Collection particulière A Orléans, une industrie prend aussi son essor, celle du vinaigre. Nous en reparlerons par la suite. Comme pour mieux confirmer ce déclin, on peut voir en annexe 2 que la maison Dessaux, suite aux déboires de ses navires, préfère envoyer ses produits par le fer pour une plus grande sécurité et plus de rapidité. [...]

[...] A l'embouchure du fleuve, on trouve par contre une éclatante croissance de cette industrie. Les Nantais se révèlent cependant incapables de concurrencer Rouen dans l'approvisionnement de Paris. La démocratisation de la consommation du sucre, jusqu'alors réservé aux plus riches, se fera avec la betterave à partir du milieu du XIXe siècle. On préfère alors installer les sucreries directement au milieu des zones de production afin de limiter les coûts de transport. L'industrie textile de son côté agonise au Mans, à Laval, ou bien à Cholet, villes qui atteignaient leurs principaux débouchés grâce au fleuve. [...]

[...] Le vin est donc une denrée très transportée sur la Loire, et qui peut rapporter beaucoup d'argent. Cependant, il est sage de se diversifier, car c'est un produit sensible à la conjoncture, aux mauvaises récoltes, ou aux crises de mévente. Enfin, la concurrence est grande ce qui entraîne régulièrement des chutes de prix. Nous verrons quel est le lien entre ce transport important et la spécialisation d'Orléans dans la fabrication du vinaigre. C Le bled L'appellation bled recouvre l'ensemble des céréales panifiables (froment, seigle). [...]

[...] La faïence nivernaise connaît elle aussi un grand essor. A la veille de la Révolution, Orléans compte habitants, ce qui en fait la première ville ligérienne après Nantes (Tours n'en compte que 20 000). Le trafic est alors impressionnant : pas moins de mouvements sont enregistrés chaque année sur le fleuve, ce qui équivaut en valeur au trafic sur le Rhône. Les guerres de la Révolution puis de l'empire remettent en cause cette richesse. Les industries liées au commerce colonial, et notamment l'industrie sucrière vont décliner. [...]