Au cœur de l'Amérique latine, le Brésil constitue aujourd'hui à la fois une puissance économique de premier plan et, avec plus de 200.000 habitants, le 5ème pays le plus peuplé du monde.
[...] Longtemps gouverné par le Parti des Travailleurs d'inspiration « socialiste », il n'en reste pas moins un pays particulièrement inégalitaire, dont les bidonvilles ou favelas constituent l'image la plus connue. Les favelas sont des quartiers d'habitations insalubres construites avec des matériaux de récupération ; elles concentrent pas moins de de la population du pays, soumis à une grande pauvreté et à une violence structurelle due notamment au trafic de drogue. Sur le papier par réel souci d'améliorer les conditions de vie de ces populations, les deux dernières décennies ont vu une forte augmentation des politiques publiques déterminées pour les favelas, ce terme désignant les « interventions d'une autorité investie de puissance publique et de légitimité gouvernementale sur un domaine spécifique de la société ou du territoire ». [...]
[...] Là encore, cela a d'abord contribué à démontrer, tant pour les habitants de ces zones que pour la population brésilienne en général, qu'il était possible de reprendre en main la sécurité dans des quartiers pauvres et contrôlés par des groupes criminels - faisant ressentir sans exagération que la pauvreté serait criminalisée puisqu'elle nécessiterait un contrôle policier. [...]
[...] L'idée était une reprise en main, pour ne pas dire reconquête des territoires face aux narcotrafiquants. Comme le montrent Amoroso, Brum et Soares Goncalves, cependant, ces unités ont été largement critiquées pour les affrontements très éloignés de la « pacification », énième démonstration de la conception politique selon laquelle seule la force serait adaptée pour gérer ces quartiers ; de même, un sentiment d'oppression a pu être ressenti, certaines personnes ressentant leur liberté de déplacement ou de loisirs plus limitée qu'auparavant ; cependant, des améliorations ont par la suite pu être constatées dans certains favelas. [...]
[...] En contrepartie de l'aide apportée, l'on pourrait ainsi dire que la puissance publique cherche d'abord à établir un « rapport de domination » sur des groupes a priori peu soumis. Ce terme, très présent en sciences sociales, présente plusieurs définitions possibles : la plus couramment admise, celle de Max Weber, parle de « toute chance qu'a un individu de trouver des personnes déterminables prêtes à obéir à un ordre de contenu déterminé », dans le présent cas par « croyance rationnelle-légale », reposant sur l'idée que les règles légales sont légitimes. [...]
[...] Alors qu'auparavant l'on tentait d'éliminer purement et simplement ces quartiers, les autorités ont progressivement choisi une stratégie de (modeste) réhabilitation de ces quartiers par des politiques d'urbanisation, telles que le plan « favela-bairro » de Rio de Janeiro en 1994. Au cours des années 2000, ainsi, les politiques publiques ont oscillé entre la stratégie de l'amélioration des conditions de vie et celle du démantèlement, au gré des contextes. Ce grâce à l'égalitarisme démocratique. Mais aussi, parce que le contrôle des quartiers informels constitue un enjeu électoral de taille, ceux-ci, d'inutiles et dangereux, devenant un réservoir de voix, comme l'observe Camille Goirand. [...]
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