Entre 1850 et 1913, la population urbaine de l'Europe passe de 40 millions à plus de 160 millions. Cette poussée urbaine, initiée un siècle plus tôt en Grande-Bretagne gagne toute l'Europe dans le deuxième XIXe siècle. Le nombre de villes de plus de 100.000 habitants double en 50 ans et douze d'entre elles dépassent le million d'habitant à la veille du premier conflit mondial.
Ce phénomène d'urbanisation, c'est-à-dire de concentration de la population dans des agglomérations, semble par son ampleur constituer une véritable « voie européenne ».
La naissance de villes industrielles et la réorganisation rationnelle des métropoles sont en effet des tendances générales. Mais les différences dans les rythmes de développement, ainsi que l'absence de cohérence à grande échelle de ce mouvement ne permet pas de parler d'un véritable modèle européen d'urbanisation.
[...] Pas de mouvement dicté Des rythmes d'urbanisation très différents Si l'on peut voir dans l'urbanisation de l'Europe dans le second XIXe siècle une tendance générale, il faut cependant dire que ce phénomène, de par ses disparités et les inégalités qu'il crée ne peut constituer un véritable modèle européen. Tout d'abord, les rythmes d'urbanisation sont très différents selon les pays. La Grande-Bretagne montra le chemin, en termes chronologiques, mais ne servit pas de modèle aux autres. Aucun autre pays européen n'avait atteint une proportion aussi élevée d'habitants en ville en 1913. A travers toute l'Europe, le rythme d'urbanisation semble proportionnel à l'avancement de l'industrialisation. Ainsi certains pays sont carrément mis à l'écart du phénomène. [...]
[...] 5e ville du continent en 1750, Lisbonne passe à la 31ème place en 1913. En France, certaines villes oubliées par l'industrialisation, comme Bayeux, régressent. L'Autriche-Hongrie connaît un mouvement spécifique, en raison de son aspect bicéphale. Vienne et Budapest grandissent toutes les deux, mais à des rythmes moindres. D'autre cas particulier existent, comme par exemple celui du Danemark, qui voit son taux d'urbanisation tripler alors qu'il est peu touché par la révolution industrielle et devient même un important exportateur de produits agricoles. [...]
[...] Au Royaume-Uni, Liverpool devient grâce à son port un de centre de la vie économique britannique. Cette ville avait 80.000 habitants en 1800 ; elle dépasse le million 100 ans plus tard ! En France, Le Creusot n'est qu'un village lorsque les industriels Schneider s'y installent en 1836. Pendant les décennies suivantes, le taux de croissance annuel y dépasse 8%. Dans de nombreuses villes on édifie des logements destinés aux ouvriers de l'industrie. Ces cités ouvrières, comme à Mulhouse, ville de l'industrie textile, sont certes des exemples d'actions philanthropiques de la part des patrons, mais c'est également un moyen de pression supplémentaire sur la classe ouvrière. [...]
[...] Les transports en commun s'adaptent au gigantisme des villes, il s'agit tout d'abord de tramway, puis de métro, inauguré à Londres en 1867 et à Paris lors de l'exposition universelle de 1900. Par ailleurs, les anciens réverbères à huile sont remplacés par l'éclairage au gaz. Parallèlement à la réorganisation rationnelle des capitales européennes apparaissent ce qu'on peut appeler les villes de l'évasion Il s'agit de stations balnéaires comme Brighton ou Deauville ou encore de villes d'eau comme Vichy ou Baden-Baden. Ces villes qui voient naître le tourisme connaissent une croissance fulgurante et jouent un grand rôle pour les élites du XIXe siècle. [...]
[...] Conclusion Si le phénomène d'urbanisation s'étend à travers l'Europe dans la deuxième moitié du XIXe siècle, ce mouvement peut difficilement être qualifié de voie européenne Certes, l'essor des villes industrielles est une tendance générale, tout comme la réorganisation interne des principales métropoles européennes. Mais l'absence de logique à grande échelle de ces mouvements ne fait pas d'eux des modèles européens. Il s'agit davantage de phénomènes spontanés, désorganisés qui accompagnent l'industrialisation et les vagues migratoires. Les différences dans les rythmes d'urbanisation et surtout les inégalités qui naissent dans les villes font de l'essor urbain un phénomène plein de contradictions. [...]
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