Depuis quelques années, la presse publie de plus en plus de palmarès des
régions, des villes... souvent établis à partir de critères multiples, tels le nombre
d'heures d'ensoleillement par an, le nombre de médecins par habitant, la proximité
de la mer, de la montagne... Ces études sont généralement révélatrices
d'inégalités dont les facteurs sont à la fois économiques, sociaux, "naturels". De
telles enquêtes médiatisées sembleraient présupposer que certaines parties de
l'espace français offriraient des conditions plus optimales, un cadre de vie plus
attractif et qu'il y aurait des disparités socio-spatiales significatives selon les
régions, les types d'espace. Par ailleurs, en observant la longue durée, on peut
constater que la notion d'égalité a évolué. En 1789, il s'agissait de l'égalité
politique ; au XIXeme siècle, de l'égalité sociale ; enfin, depuis l'après Seconde
Guerre Mondiale et la prise de conscience suscitée en 1947 par la publication de
l'ouvrage de JF Gravier, Paris et le désert français, la revendication d'égalité
spatiale paraît avoir plus d'acuité de nos jours.
Les critères quantifiables, mesurables, sans cesse utilisés dans les enquêtes
dressant les différents palmarès spatiaux, suffisent-ils, sont-ils pertinents pour
circonscrire une "France où il fait bon vivre" ? Et par là même, les critères sociospatiaux,
appréhendés globalement et d'une façon apparemment objective et
neutre, permettent-ils de distinguer au sein du territoire français une "France où il
fait bon vivre" ?
L'étude des différents critères nous conduira à percevoir le Sud et le Sud-
Ouest du pays comme une "France où il fait bon vivre". Mais cette vision n'est-elle
pas trop simpliste et stéréotypée, y compris et surtout de par sa neutralité quasi
statistique affichée? Le constat d'une "France où il fait bon vivre" apparaît plus
complexe et ne relève pas uniquement de ces critères d'apparence objective.
[...] L'analyse des critères facteurs d'aménité semble faire de la moitié sud "une France où il fait bon vivre", une France en adéquation avec le contexte et les modèles en vogue de la société post-industrielle. La France du Sud et de l'Ouest est une "France où il fait bon vivre" à la fois pour y travailler, y pratiquer les loisirs de la montagne, de la mer, du soleil : une France qui amalgamerait, tout au long de l'année, le travail, les loisirs et le tourisme. [...]
[...] Le Nord est communément assimilé à la monotonie du relief, au déficit d'ensoleillement, à la pluviosité, bref aux aménités naturelles plus que mesurées ; tandis que le Sud correspond à des paysages beaucoup plus variés, vastes et enchanteurs, évocateurs de vacances (la montagne, la mer, le maquis, la garrigue . à un climat beaucoup plus favorable, c'est-à-dire nécessairement chaud, sec, ensoleillé. La moitié Sud constitue donc une "France où il fait bon vivre" et en ce sens, elle correspond parfaitement à l'idéal de cadre de vie des sociétés post-industrielles, avec le triptyque gagnant mer, montagne, soleil. Ces conditions climatiques et paysagères contribuent à "l'art de vivre", à la gastronomie de ces deux parties du territoire, qui accentuent la disparité. [...]
[...] Néanmoins, quelques faits essentiels, plus globaux méritent d'être retenus en regard d'une "France où il fait bon vivre". Le clivage urbain/rural n'est pas toujours le plus pertinent. Les écarts culturels et sociaux peuvent être bien plus importants au sein d'une même agglomération, entre les populations du centre-ville et celles de certains quartiers périphériques, qu'entre la ville et la campagne. aussi on peut "bien vivre" et "mal vivre" dans la plus belle et la plus dynamique des villes de France. De la même façon, on constate, au sein du monde rural, des contrastes saisissants au plan culturel et social entre des villages à la population très diversifiée et mobile, de type rurbain ou périurbain, et des espaces du "rural profond", plus homogènes et notamment vieillis. [...]
[...] Un tel lieu deviendra souvent un lieu "où il fait bon vivre" pour y passer sa retraite. Dès lors, la nostalgie, les racines peuvent l'emporter sur le soleil. L'âge, élément de perception du bon vivre Cet élément ajoute encore à la complexité de l'appréhension du bon vivre. L'enfant préférera vivre dans un lieu qui lui offrira de l'espace pour jouer, alors que l'adolescent recherchera le centre-ville, dans la mesure où il disposera de tout les services dont il peut avoir besoin (cinéma, piscine, magasins, bibliothèques . [...]
[...] De même la perception du bon vivre citadin fluctue selon la taille des villes : entre 1990 et 1999, Nantes a enregistré 25000 arrivants dont la moitié provenait de la région parisienne et certains des néo-nantais affirmaient avoir trouvé l'équilibre dans "une ville assez grande mais pas trop". Les facteurs économiques et sociaux Le niveau d'emploi Le taux de chômage permet de délimiter une "France où il fait bon vivre", c'est-à-dire en mesure d'offrir du travail, un niveau de vie décent. Une douzaine de régions se démarquent avec des taux de chômage inférieurs à la moyenne nationale. [...]
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