Dans le langage courant actuel, " utopique " veut dire impossible ; une utopie est un rêve, une construction purement imaginaire dont la réalisation est hors de notre portée.
Le genre littéraire inventé par Thomas More en 1516 lorsqu'il écrit Utopia. Or, paradoxalement, les auteurs qui ont développé ce mot et cette idée d'utopie avaient plutôt pour ambition d'élargir le champ du possible, et d'abord de l'explorer.
Certes, l'utopie se caractérise par un recours à la fiction qui consiste à décrire une société idéale dans un lieu imaginaire, souvent dans le cadre d'un récit de voyage écrit sous forme de roman.
Mais imaginaire ou fictif ne veut pas dire impossible : tout rêve n'est pas chimère. Les utopies relevant de la littérature politique, du XVIe au XVIIIe siècle, participent d'une critique de l'ordre existant et d'une volonté de le réformer en profondeur ; le recours à la fiction est un procédé qui permet de prendre ses distances par rapport au présent pour mieux le relativiser et de décrire, d'une manière aussi concrète que possible, ce qui pourrait être. Et l'épanouissement du genre utopique correspond à une période où l'on pense, justement, que, plutôt que d'attendre un monde meilleur dans l'au delà, les hommes devraient construire autrement leurs formes d'organisation politique et sociale pour venir à bout des vices, des guerres et des misères. En ce sens, les descriptions qu'ils proposent, dans lesquelles ils font voir des cités heureuses bien gouvernées, visent à convaincre leurs lecteurs que d'autres modes de vie sont possibles.
Thomas More invente le mot latin : Utopia, construit à partir du grec ou, " non, ne … pas ", et de topos, " région, lieu ", est le nom d'une île située " en aucun lieu "(pas de lieu donc tous les lieux !) le but de cette cité idéale est le bonheur de l'Homme : conception hédoniste.
A la charnière des XVIIIe et XIXe siècles, tandis que s'amorce le processus qui va conduire à la première industrialisation, le message utopique est universaliste et concentré en une série de dispositifs techniques, prend un nouveau visage avec l'arrivée des préoccupations urbanistiques et architecturales.
Certes, les villes utopiques comme la Cité du Soleil de Campanella, avaient presque toujours été conçues sur des plans réguliers les rendant semblables à de vastes machines. L'accent mis par des auteurs tels Charles Fourier et son principal disciple Victor Considérant sur la traduction spatiale de leur nouveau monde n'en est pas moins frappant par les nombreux détails fournis comme par le désir de rompre avec l'organisation des établissements humains passés et présents.
Il est important de prendre tout d'abord quelques repères historiques avant de nous lancer dans l'analyse plus approfondie de l'utopie urbaniste et de ses causes et de proposer les nouvelles utopies architecturales du siècle prochain.
[...] Le paysage urbain est devenu un paysage de la consommation de masse, troué par des infrastructures géantes reliant les centres commerciaux aux quartiers résidentiels, ponctué d'enseignes franchisées qui se répètent d'un bout à l'autre de la planète. Cette situation n'est pas sans curieux paradoxes. Beaucoup de professionnels de la ville et de l'architecture se désolent de l'agonie politique et sociale de leurs disciplines, de l'incohérence des séquences spatiales qui résultent des dictats de la consommation de masse, tout en contribuant à leur manière à cette agonie et à cette incohérence. Faut-il s'arrêter de projeter parce que les enjeux ne sont plus aussi clairs qu'autrefois ? Mais l'utopie ne semble pas morte pour autant. [...]
[...] Thomas More dans son île Utopia, fait preuve d'un idéal communautaire. Sa cité, même si ses fondements réels son calqués dans la réalité sur la ville de Londres, est présentée comme parfaite, et l'homme vit heureux (morale hédoniste comme on l'a vu). Cette vision communautaire va loin. Pour que l'homme soit heureux, on imagine des villes faites autour de lui et facilitant les contacts entre individus et ne les plaçant pas les uns en face des autres selon des rapports conflictuels : Cf Le phalanstère : les individus font la tâche qu'ils désirent (enfants : ébouage, On parle au XIX de socialisme utopique : expression dépréciative utilisée par certains marxistes accusant certains socialismes de ne pas être scientifiques. [...]
[...] Dernière remarque : Dans notre société industrielle actuelle, il me semble que l'utopie nouvelle, ou en tous cas l'espérance nouvelle des architectes urbanistes, est d'assimiler deux choses contradictoire par essence : Les sciences et techniques d'un côté et les beaux-arts de l'autre. Les architectes tentent de concilier l'utile et le beau : cf Centre Pompidou : beau ? utile : rampe d'escalier en tube architecture contestable mais qui relève de l'art. Bibliographie : La Revue des deux mondes, avril 2000, pp. [...]
[...] Des étudiants en architecture se fondent encore sur des projets d'utopistes des années 60/70 sans toujours le savoir. Cette culture de l'utopie semble devenir comme une sorte d'inconscient collectif chez les nouvelles générations. Tous rêvent de changer le monde, de créer la ville parfaite, d'éradiquer les problèmes Mais cette transmission est limitée l'évolution récente des villes semble faire bouger le centre des intérêts des plan étatiques. Tout d'abord la ville n'est plus finie comme autrefois (les banlieues s'étendent). Mais plus grave encore, sa forme n'a plus beaucoup d'importance face aux impératif de liens que celle ci doit entretenir avec d'autres métropoles, les impératif de développement économique ou les impératif de réduction du temps de trajet entre les villes. [...]
[...] Le rapport à la Cité dans une perspective universelle soulève également un pan de la question du cosmopolitisme. Pour viser ce dernier, doit-on passer par l'arrachement définitif aux identités, aux mémoires particulières, aux appartenances, bref à la géographicité ? En réalité, c'est une communauté d'affinité que l'on choisit, mais cela n'implique aucun arrachement définitif. Ce n'est pas parce que l'on est sur telle communauté virtuelle, qui s'intéresse à l'élevage des chats angoras ou aux interprétations d'Heidegger, que l'on n'appartient plus à une région, une famille, une culture et une histoire. [...]
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