Quels sont les rapports entre la mobilité, les identités qu'elle construit et les territoires qu'elle développe ?
Le point de départ de cette recherche est un travail sur la territorialité, la territorialité combinant le rapport à l'espace et à l'homme, au groupe. En introduction, nous pouvons donc nous interroger sur cette notion centrale de territoire, en donnant une définition du terme et du concept de territoire.
Le terme de territoire apparaît et s'est imposé depuis 1985. Aujourd'hui, même une commission nationale du CNRS, pour la géographie humaine et une partie de la physique, s'appelle "Territoires, espaces, sociétés". Ces termes sont rapidement devenus des mots symboles, à tel point que le mot territoire n'a pas été remis en question. Le succès d'un tel mot s'explique par l'extension de son emploi en dehors même du champ scientifique. C'est un mot très utilisé et signifiant dans le cadre de notre société postmoderne. Dans une telle société, le territoire symbolise la multiplication des valeurs et les richesses des identités particulières.
Cependant, le mot de territoire est souvent interprété de manière confuse car il regroupe beaucoup de notions intéressantes autant pour l'individu de base que pour les aménageurs.
Ce terme s'inscrit ici dans un travail sur l'espace social de proximité, amorcé en 1987. Ces recherches communes avec les travaux d'A. Tarrius partent d'une constatation: l'augmentation de la mobilité qui remet en question la notion même d'espace social de proximité.
Donc, les faits de mobilité augmentent et cet accroissement peut être considéré comme "l'une des caractéristiques les plus remarquables des rapports actuels que nouent les sociétés des pays industrialisés avec leur espace". Cet accroissement de la mobilité s'effectue à un moment où, en parallèle, la référence identitaire au lieu revient fréquemment dans le discours officiel. La mobilité et sa complexité deviennent donc un véritable phénomène social.
Mais pour analyser un tel phénomène, un regard particulier doit être adopté, afin de considérer le temps différemment. L'analyse de la mobilité doit prendre en compte le mouvement même qui la caractérise. Cette réflexion implique un nouveau regard et des risques méthodologiques car c'est un travail d'analyse empirique, pour considérer un phénomène nouveau.
[...] Il assure seul la dynamique sociale et financière de la famille, ce qui lui confère des devoirs (il ramène de l'argent) mais aussi plus de libertés de mouvement (il sort du cadre géographique dans lequel s'inscrit le domicile). Il s'ouvre intellectuellement sur l'extérieur. La mère, elle, évolue seulement autour du domicile, elle ne travaille pas, les taches domestiques sont importantes, ses relations ont la même vie qu'elle. Le quartier, lieu de résidence est alors le seul univers relationnel (la télévision est encore absente de la plupart des foyers). [...]
[...] Si certains restent contre la mobilité par choix ou par peur du changement et surtout par peur de l'autre, beaucoup n'ont même plus aujourd'hui cette alternative. La précarité est un nouveau défi au mouvement. Conclusion En conclusion, il apparaît que le mouvement bouscule les habitudes sociales et spatiales, de nouvelles identités fondées sur des territoires mouvants. Malgré la présence constante de ces faits de mobilité, les décideurs continuent de gérer l'espace géographique strict, défini selon les limites administratives du quartier ou de la ville. [...]
[...] La mobilité s'accentue quand le niveau de vie augmente. L'offre de loisirs et la télévision offrent de nouveaux horizons plus exotiques et dépaysants. Le loisir devient donc après le travail et l'étude, une troisième voie de choix individuel. L'individu peut désormais en fin s'émanciper du groupe pour fonder sa propre identité. L'intérêt individuel commence à primer sur l'intérêt collectif au moment même où, la découverte de l'autre devient possible par l'extension des moyens de communication et de transport. L'autonomie des jeunes surtout s'affiche nettement. [...]
[...] On sort d'un modèle imposé par des contraintes extrêmes, conditionné par le groupe, vers un possible épanouissement dans l'ailleurs, symbole de nouveauté et de liberté (le jeune, par exemple, est avide de voyages pour s'émanciper de sa famille). La mobilité constitue une initiation, un véritable rite de passage: on part de sa famille, pour un voyage ou pour travailler. On cherche à élargir ses horizons dans la rencontre de l'autre. Il y a moins de méfiance à l'égard de la nouveauté. [...]
[...] Enfin que constitue l'espace pour le géographe? Si l'on considère toutes ces mutations territoriales, la place de la géographie n'est pas neutre. La géographie devient l'étude de l'articulation entre le social et l'espace. L'espace est alors une construction sociale et le géographe, l'homme qui lit cet espace, le repère, en repère les limites et les pôles qui n'ont de sens que si la force du social vient les confirmer. La géographie joue réellement sa légitimité dans le territoire, le succès renouvelé du concept accentue sa légitimité. [...]
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