Schneider, pères protecteurs, tyrans, corruption, Le Creusot, industrie
Au Nord de Mâcon, entre le Morvan et le Charolais, l'ancien lieu-dit « le Crozot », devient en quelques décennies et sur quatre générations de patrons, le fleuron de l'industrie française du XIXe siècle. Alors sur le déclin mi-XIXe, le Creusot renaît en 1836, grâce au rachat des établissements et usines creusotins ainsi que des mines du Creusot et de Montchanin. Cette propriété est dès lors le berceau d'une dynastie patronale de 130 ans. Parmi les acquéreurs, Adolphe et Eugène Schneider, frères fondateurs, vont rapidement donner à ce site un rayonnement mondial.
Et pour arriver « à tout prix à la perfection », les Schneider vont de père en fils allier « ordre, travail et progrès », leur devise. Mais il faut dire que le Creusot, en dehors de sa proximité avec le canal du charolais (aujourd'hui canal du Centre) qui établit la liaison entre la Saône et la Loire ne possède que peu d'atouts industriels : le Creusot n'est sur l'axe Paris-Lyon-Marseille qu'en 1861 et ses matières premières (houille et fer), sont de qualité médiocre. Reste alors la main-d'oeuvre, sur qui les Schneider décident de baser en grande partie leur réussite.
[...] Les Schneider font de leurs événements familiaux (mariages, anniversaires) une commémoration publique. L'esprit de famille, au service de leur puissance, est la marque de fabrique de la maison, dans le cercle privé comme publique : les Schneider, le Creusot et leurs ouvriers sont comme une grande famille (cf. : III). Eugène II, en 1898 déclare à ses ouvriers : « Nous vous aimons et vous traitons comme les enfants de notre grande famille du Creusot ». On ne peut pas leur échapper : le sigle Schneider apparaît sur tous les uniformes mais également sur les livres scolaires. [...]
[...] Commence alors une rapide conquête de nouveaux marchés : dès des fabrications militaires Schneider sont exportées et en pays passent commande pour de l'artillerie au Creusot. Les Schneider sont plusieurs fois récompensés lors des Expositions universelles pour leurs constructions (ex. : Pavillon, « fort du Creusot », en 1900), pour leurs réalisations sociales (en 1904) et pour leurs produits manufacturés (médaille d'or en 1889). Une expansion générale : En 1867, avec Eugène 1er, le Creusot fait 120 ha pour 10000 ouvriers, puis 124 ha en ha en 1891. [...]
[...] Ceci dit, leur devise « ordre, travail et progrès » les range plutôt du côté monarchiste. Pas étonnant donc qu'Eugène Ier devienne rapidement un proche conseiller de Napoléon III en étant l'un des 35 membres de la commission consultative. Il participe même à la légitimation et la légalisation de son coup d'Etat. * Les buts : Cette implication politique à différents niveaux est principalement économique et consiste à soutenir directement la prospérité de l'entreprise, en s'assurant un pouvoir presque absolu sur le Creusot : - niveau international : représenter la puissance du patronat français et développer un important réseau de relations, utile aux affaires (personnalités, clients étrangers, etc.), - niveau national : défendre un libéralisme modéré (contraire au libéralisme forcené), c'est-à-dire soumis à la concurrence mais au service de la France (ex. [...]
[...] Adolphe et Eugène sont « associés gérants solidaires et responsables ». C'est leur relation fraternelle privilégiée (correspondances, conseils de gestion, intérêts communs, etc.) qui démarra l'aventure Schneider et qui permit de la faire persévérer, même après la mort accidentelle d'Adolphe en 1845 quand Eugène se retrouve seul à la tête de l'Empire. Ainsi, lorsqu'il succède à son frère dans ses fonctions de député de l'arrondissement d'Autun en septembre 1848, il déclare à cette occasion : « Une douce et étroite communauté de vie et d'intérêts me liait à toutes les pensées de mon frères ». [...]
[...] Mais il faut dire que le Creusot, en dehors de sa proximité avec le canal du charolais (aujourd'hui canal du Centre) qui établit la liaison entre la Saône et la Loire ne possède que peu d'atouts industriels : le Creusot n'est sur l'axe Paris-Lyon-Marseille qu'en 1861 et ses matières premières (houille et fer), sont de qualité médiocre. Reste alors la main d'oeuvre, sur qui les Schneider décident de baser en grande partie leur réussite. Ainsi se pose la question de la nature du lien patron-personnel. [...]
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