Sciences humaines et arts, villes nouvelles, politique nationale, politique des villes nouvelles, région parisienne, projet urbain, échec urbain et politique
Paul Delouvrier, leur planificateur, aurait préféré qu'on parle de « centres urbains nouveaux », mais on a appelé « villes nouvelles » ces pôles urbains créés de toutes pièces depuis la fin des années 1960 qui comptent aujourd'hui plus d'un million d'habitants et 400.000 emplois. Cette double appellation reflète un double enjeu. À l'échelle macro, dans un contexte de forte croissance, il s'agissait de structurer la région parisienne en la dotant de centres denses et équipés créés en continuité de l'agglomération, et d'organiser le développement des métropoles régionales. À l'échelle micro, il fallait « inventer une ville » c'est-à-dire transformer un espace construit en place revendiquée et prise en charge par ses habitants au moment même où l'on prenait conscience des insuffisances des grands ensembles comme des pavillons à perte de vue.
[...] Le pilier économique Les villes nouvelles ont été conçues de manière à devenir des acteurs importants des aires urbaines dans lesquelles elles sont implantées. Plus qu'une roue de secours ou un déversoir pour le trop plein des métropoles, elles étaient appelées à débloquer la machine. Elles permettent d'ouvrir des logements à la fois à la classe moyenne qui ne trouve plus de terrain abordable et aux classes plus défavorisées. Il en va de même pour les activités économiques. Le but est que de nombreuses entreprises et autres services s'installent dans ces villes (notamment grâce aux ZAD) offrant ainsi aux nouveaux habitants la possibilité de trouver du travail dans leur lieu d'habitation sans devenir navetteurs L'excellente desserte dont profitent ces villes, les aides de l'Etat et l'efficacité des équipes de travail créent un climat de confiance et sont censés faire de ces villes des partenaires économiques privilégiés des grandes agglomérations qu'elles entourent. [...]
[...] On table sur 14 millions de Franciliens en l'an 2000. En 1976, l'hypothèse est réduite à 12 millions et seules 5 villes nouvelles voient le jour pour desservir de 200 à habitants : les densités sont revues à la baisse. En 1994 on table sur 9,5 à 11 millions d'ici 2010. Dès les années 1960, la DATAR[4] décide de s'inspirer de l'exemple francilien pour créer des villes nouvelles en bordure des métropoles régionales. Mais ces projets solitaires ont eu une envergure beaucoup plus faible. [...]
[...] Il faut donc mettre en avant des éléments culturels forts pour unifier la population. En région parisienne, les villes nouvelles ont souvent été conçues autour d'un thème : la France de l'Ouest pour Melun-Sénart (canaux et étangs), la vie en plein air à Evry (grands espaces ouverts) ou l'adéquation avec le méandre de l'Oise et la continuité de la perspective Défense-Arc de Triomphe-Carrousel du Louvre pour Cergy-Pontoise. L'objectif, tant à Paris qu'en province, est que les villes développent leurs identités affectives et leurs réalités culturelles (à Evry, la construction de la cathédrale et de la mosquée en sont un signe important). [...]
[...] C'est à ce double niveau que nous tenterons d'analyser la politique des villes nouvelles avant d'en dresser le bilan. Une politique nationale pour structurer la région parisienne et les métropoles régionales Les villes nouvelles, filles de leurs temps Les débuts de la Vème République sont marqués par un pouvoir exécutif fort et par une croissance économique, démographique et urbaine soutenue. La capitale s'étale en tâche d'huile malgré les contraintes imposées par le PADOG[1] encore très inspiré par Paris et le désert français qui veut décourager sa croissance au profit de la province. [...]
[...] Leur développement a été inégal, car les SAN n'ont pas fait preuve du même dynamisme pour les rendre attractives. Les villes nouvelles, inventées dans une période de croissance planifiée, ont souffert de deux décalages au moment de leur réalisation : les croissances démographique et économique n'étaient plus au rendez-vous et la ville comme sa banlieue étaient en crise (centres-villes paupérisés, problèmes des grands ensembles, apogée du lotissement). Bibliographie : - P. MERLIN, Les villes nouvelles, coll. Que sais-je ? - L. [...]
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