La place de l'agriculture et ses mutations en Bretagne

Thèmes abordés

Agriculture en Bretagne, mutations agriculturales, économie de marché, polyculture spéculative, concurrence internationale, élevage, culture hors sol, plan Mansholt, gains de productivité, pouvoirs publics

Résumé du document

Les années 60 constituent un virage pour l'agriculture française, celui de la modernisation ; les exploitations se transforment et les modes de production évoluent. Le modèle agricole breton n'a pas été épargné par ces changements et cela a pour effet de faire émerger un modèle de production intensif tourné vers l'économie de marché. Longtemps, la Bretagne a privilégié une polyculture de subsistance pour se tourner progressivement vers une polyculture spéculative moderne dédiée dans sa majorité à l'industrie agroalimentaire faisant ainsi de son agriculture, une agriculture dépendante des incitations économiques extérieures et de la concurrence internationale.

Extraits

[...] Les quotas laitiers imposés en 1982 sont venus modifier cet équilibre tout comme les cours de nombreuses productions qui ont subi d'importantes variations. Le modèle vacille alors et il lui faut désormais se recentrer sur la valeur ajoutée de ses productions plutôt que sur les volumes. Les pouvoirs publics, par l'intermédiaire du plan Mansholt, souhaitent également qu'il soit plus sélectif. Malgré cette situation de crise, quelques exploitations arrivent à s'agrandir et à se moderniser et celles qui en sont incapables sont fragilisées ou disparaissent. [...]

[...] Quelles ont été les conséquences de cette mutation productiviste sur le plan économique et social et sur la réorganisation spatiale régionale ? Nous allons tenter de répondre à cette problématique dans la suite de notre développement. I. La mutation productiviste comme générateur d'une crise économique et sociale La fin des années 70 marque une rupture dans le modèle agricole breton en place pour s'inscrire dans une dynamique productiviste soutenue dont la croissance, jusque-là constante, ralentit au début des années 80. Les agriculteurs bretons se retrouvent alors confrontés à une concurrence non plus nationale, mais européenne. [...]

[...] Conclusion Depuis le début du vingtième siècle, la région Bretagne a connu des mutations importantes. Longtemps considérée comme une zone périphérique à dominante rurale et agricole, elle s'est peu à peu ouverte aux différents territoires. L'industrie agroalimentaire s'est longtemps imposée comme le fer de lance du développement économique et elle a émergé suite à l'arrêt de nombreuses activités comme les constructions navales, la fabrication de chaussures et la fonderie. Aujourd'hui la mondialisation de l'économie fait que l'agriculture bretonne est bancale et qu'il est difficile de se projeter sur le long terme. [...]

[...] Les conséquences spatiales liées à cette mutation agricole La localisation des productions et des industries agroalimentaires est caractérisée par une concentration grandissante de la production. Les élevages laitiers sont répartis sur l'ensemble des terres bretonnes et le département d'Ille-et-Vilaine est à ce jour le premier département laitier au niveau national[1] avec 17,4 millions d'hectolitres produits annuellement. Il existe tout de même une concentration accrue de la production laitière dans la zone finistérienne autour de la commune de Ploudaniel. Les élevages porcins se situent principalement dans les Côtes- d'Armor et dans le Finistère. [...]

[...] Les élevages de poules pondeuses sont surtout regroupés dans la partie centre du Morbihan et des Côtes-d'Armor. Les légumes sont principalement produits au nord du Finistère et des Côtes-d'Armor et au nord du Morbihan pour la culture et la transformation. Les industries agroalimentaires se sont implantées sur toute la zone bretonne, exception faite pour le bassin de Lannion qui ne compte aucune entreprise de trente salariés et plus. Elles sont particulièrement actives sur les secteurs de Vitré, Loudéac et Pontivy et leur poids en termes d'emplois est considérable puisqu'il est cinq fois supérieur à la moyenne nationale. [...]