Cet écrit vise à étudier l'évolution de l'usage des canaux parisiens. D'un Paris qui tourne le dos au paysage urbain répulsif des canaux délaissés avec la fin de l'ère industrielle à une capitale qui les rénove à des fins ludiques et érige ces canaux en patrimoine urbain à valoriser.
La dévalorisation des canaux de l'est parisien par la concurrence du rail et de la route a fait lentement périr l'espace qu'ils ordonnaient. De vastes friches industrielles se sont constituées là où les activités industrielles liées à la batellerie battaient leur plein. La Ville de Paris chercha à les aménager afin de revaloriser et de réinscrire dans la modernité l'est parisien.
L'opération du Parc de La Villette en est l'exemple. Le projet de Taillibert fut d'y implanter des musées consacrées aux sciences et techniques ; le but premier est l'aménagement d'un vaste espace disponible et non celui des berges et du canal en lui-même. Les installations du Parc de La Villette tournent ainsi le dos au canal, mais la thématique de l'eau et la perspective offerte par les canaux ont en partie guidés l'organisation de l'espace.
Rénover l'espace, offrir un paysage urbain qui ne soit pas celui de friches industrielles, s'est donc fait en tenant compte du patrimoine que constituent les canaux parisiens, mais sans placer ceux-ci au centre de la réflexion.
Paysage urbain et patrimoine peuvent s'opposer à première vue. Le paysage est par définition ce qui s'offre à mon regard, il est donc ancré dans la modernité. Le patrimoine est au contraire un héritage : il appartient au passé et en est la manifestation. Comment faire coexister les deux ? A contrario, ces deux notions peuvent être presque confondues : la ville est le fruit des aménagements urbains successifs : elle porte en elle la trace du passé et l'offre au regard scrutateur du passant. Le paysage urbain présente donc naturellement à ma vue le patrimoine.
Comment harmoniser ces deux aspects de la ville de façon à ce que l'un et l'autre s'apportent mutuellement sans se contredire ?
Les canaux parisiens et leurs abords me semblent à même d'illustrer la complexité des rapports entre paysage urbain et patrimoine. Ce patrimoine d'aujourd'hui (considéré comme tel car appartenant à l'histoire) a donné naissance au paysage urbain d'hier (maintenant remanié par les aménagements successifs). Dépassés quant à leur fonction initiale strictement utilitaire, les canaux furent niés par un paysage urbain reflet des nouvelles dynamiques de l'est. Le statut de patrimoine ne leur fut conféré qu'à partir du moment où leur valeur fut reconnue. Les canaux ont alors retrouvé leur pouvoir ordonnateur, cette fois-ci dans une visée esthétique : là où la notion de paysage urbain et de patrimoine s'harmonisent.
[...] Ce patrimoine d'aujourd'hui (considéré comme tel car appartenant à l'histoire) a donné naissance au paysage urbain d'hier (maintenant remanié par les aménagements successifs). Dépassés quant à leur fonction initiale strictement utilitaire, les canaux furent niés par un paysage urbain reflet des nouvelles dynamiques de l'est. Le statut de patrimoine ne leur fut conféré qu'à partir du moment où leur valeur fut reconnue. Les canaux ont alors retrouvé leur pouvoir ordonnateur, cette fois-ci dans une visée esthétique : là où la notion de paysage urbain et de patrimoine s'harmonisent. [...]
[...] Le canal fournira au Commerce un port utilisable en tout temps et commode, c'est-à-dire une gare permanente pour le stationnement et le déchargement des bateaux, des quais et des magasins pour la manutention et la mise à l'abri des marchandises ( ) Distribution des eaux du canal de l'Ourcq Carte des voies navigables et de l'emplacement des ports, on voit l'important réseau de port dans l'est parisien et par conséquent l'ampleur des installations qui les accompagnent nécessairement Tout au long de son tracé le canal est urbanisé, et suite à son ouverture en 1825, une immense ceinture d'activités économiques et industrielles s'est édifiée sur ses bords et à sa périphérie. Entrepôts, usines et au-delà habitat ouvrier insalubre jalonnent le canal. Carte postale du canal de l'Ourcq depuis le pont de Crimée C'est la naissance d'un paysage urbain industriel ordonné par l'axe du canal, fruit d'un contexte historique particulier. [...]
[...] Le paysage urbain, en constante adaptation, noie les éléments d'une organisation passée et dissous cette dernière. Une harmonie trouvée dans la création d'un paysage urbain respectueux du patrimoine : le renouveau du pouvoir structurant des canaux La prise de conscience de la valeur des ouvrages passés, de leur signification historique, amène à la recherche de leur mise en valeur. Dans le cas de la ville, il faut alors chercher à faire du paysage urbain ce qui va englober dans un tout, mais également mettre en avant sans que cela freine l'adaptation constante du paysage urbain aux orientations de la ville. [...]
[...] Le patrimoine est reconnu, l'espace urbain s'organise en fonction de celui-ci afin d'offrir un paysage urbain harmonieux fondé sur la modernisation du patrimoine sans nier celui-ci. Le cas des canaux est particulièrement exemplaire : c'est le patrimoine qui guide le paysage et retrouve son rôle d'ordonnateur. Le bassin de l'Arsenal en 1187 (ci-contre) et aujourd'hui : Une rénovation complète du bassin et de ses bordures avec le souci de conserver les lignes directrices du canal et les alignements d'arbres traditionnels (visibles ci-dessus). [...]
[...] L'exemple des canaux de l'est parisien : d'un paysage urbain négatif à un patrimoine urbain valorisé Cet écrit vise à étudier l'évolution de l'usage des canaux parisiens. D'un Paris qui tourne le dos au paysage urbain répulsif des canaux délaissés avec la fin de l'ère industrielle à une capitale qui les rénove à des fins ludiques et érige ces canaux en patrimoine urbain à valoriser La dévalorisation des canaux de l'est parisien par la concurrence du rail et de la route a fait lentement périr l'espace qu'ils ordonnaient. [...]
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