La réflexion sur l'exclusion urbaine a connu depuis quinze ans trois épisodes théoriques en rapport, chaque fois, avec un événement marquant de la vie sociale et politique.
On relève un premier moment en 1991 quand Alain TOURAINE explique que nous sommes passés d'une société pyramidale dans laquelle les partitions se faisaient entre le haut et le bas, le up et le down, où la masse supportait le poids des élites, à une société réticulaire où les partitions s'établissaient plutôt entre ceux qui se trouvent à l'intérieur du réseau et ceux qui n'y sont pas connectés. Il y a ainsi ceux qui se trouvent in et ceux qui se trouvent out. De par le déferlement d'émeutes sans but déclaré et d'éruptions de colères, sans objectif autre que de manifester leur existence, les habitants de certaines banlieues illustrent pendant l'été 1990 l'idée d'exclusion considérée comme la relégation à la périphérie de la société intégrée.
[...] Ce vote extrémiste fit d'abord évènement par le désir d'exclusion qu'il traduisait. Quand un candidat d'extrême droite ouvertement raciste et xénophobe, partisan du renvoi des immigrés dans leur pays d'origine, obtient plus de voix que le principal candidat du camp du progrès, cela en dit long sur la force du rejet des minorités ethniques qui peuplent à présent les cités d'habitat social. En ce sens, la logique de l'entre soi, de la préférence nationale en l'occurrence, s'affirme sans complexe, mais pas partout avec la même intensité. [...]
[...] Les pauvres d'ici, mais surtout ceux venus d'ailleurs, constituent une menace pour les moins pauvres, en termes de sécurité pour leur personne et leurs biens, mais aussi et surtout pour la qualité de la scolarisation de leurs enfants. Aussi ces derniers font-ils tout ce qu'ils peuvent pour éviter le contact des premiers, pour éviter que leurs enfants soient scolarisés dans les mêmes établissements. Et le même raisonnement se propage dans l'ensemble de la société, encourageant la formation d'une sorte d'urbanisme affinitaire par souci de se séparer de ceux qui représentent un risque (et non plus tant s'en distinguer, comme dans la société pyramidale). [...]
[...] Les nouvelles inégalités et la fragmentation territoriale La réflexion sur l'exclusion urbaine a connu depuis quinze ans trois épisodes théoriques en rapport, chaque fois, avec un événement marquant de la vie sociale et politique. On relève un premier moment en 1991 quand Alain TOURAINE explique que nous sommes passés d'une société pyramidale dans laquelle les partitions se faisaient entre le haut et le bas, le up et le down, où la masse supportait le poids des élites, à une société réticulaire où les partitions s'établissaient plutôt entre ceux qui se trouvent à l'intérieur du réseau et ceux qui n'y sont pas connectés. [...]
[...] Qu'il n'y ait pas une rupture franche entre le monde des salariés sécurisés et celui des exclus paraît certain. Qu'un processus de décomposition affecte la condition salariale au fur et à mesure que l'on va du centre vers la périphérie, des emplois les plus qualifiés vers ceux qui le sont moins ou pas du tout, ne l'est pas moins. Mais cet aspect socio- économique n'épuise pas le diagnostic, car on assiste simultanément à l'apparition d'un autre mouvement que celui-ci, allant cette fois non pas du centre vers la périphérie pour aboutir, in fine, à une situation d'exclusion, mais en sens inverse. [...]
[...] De surcroît, il n'aurait pas une dimension particulièrement urbaine, sinon sous la forme d'une certaine spatialisation de la question sociale du fait du logement des catégories les plus fragilisées dans les cités d'habitat social. Par ailleurs, les grèves de l'hiver 1995 apparaissent comme la confirmation de la thèse de Robert CASTEL, dès lors qu'elles font l'objet d'une opposition aux tentatives de réformes de la fonction publique d'une part, et d'une opposition aux menaces contre les régimes particuliers dont bénéficient certaines catégories, d'autre part (la retraite à cinquante ans pour les cheminots par exemple). [...]
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