En quelques décennies, l'espace rural s'est complètement transformé. Il tend à devenir un espace à finalité économique exclusive. Comment une telle mutation a-t-elle pu se produire dans un laps de temps aussi court ? La réponse est à rechercher dans le passage d'une économie paysanne tournée vers un marché national bénéficiant pendant un siècle d'un protectionnisme sans faille, à une économie agricole ouverte sur le marché européen et confrontée au marché mondial.
Désormais, la société française est urbaine et l'espace rural se citadinise. La société paysanne a disparu, remplacée par une société rurale renouvelée dans laquelle les agriculteurs sont minoritaires.
L'agriculture a progressé de façon extraordinaire en 30 ans. La production a augmenté dans la plupart des domaines. Les rendements ont été multipliés par deux, trois ou plus. L'agriculture se technicise, la productivité progresse constamment. Malgré un recul de 500 000 emplois entre 1982 et 1990, l'agro-alimentaire constitue 15 % de l'emploi national, et le double dans les régions de l'Ouest et du Sud-Ouest.
Les rythmes d'évolution se sont accélérés depuis une dizaine d'années. Une crise structurelle est engagée qui fait suite à une période d'intense mutation, des années 1950 au milieu des années 1980, dans le cadre de la construction européenne, elle-même préparée par une modernisation de longue durée qui s'est déroulée dans un cadre national pendant plus d'un siècle.
[...] Le troupeau ovin régresse fortement. Les troupeaux bovins et porcins augmentent de plus de Les bœufs de labour ont disparu, alors que le nombre des bêtes de boucherie et de vaches laitières augmente rapidement. L'accroissement du troupeau bovin est le principal changement qui explique les grandes transformations dans l'utilisation du sol. Le recul des labours s'opère au profit des herbages et celui du blé au bénéfice des cultures fourragères. Des aires de spécialisation apparaissent, orientées vers les grands marchés urbains. [...]
[...] Une mutation sans rupture. Au total, cette première grande mutation de l'agriculture par des changements considérables en un siècle, mais sans rupture. Entre 1892 et des exploitations ont disparu et la taille moyenne de l'exploitation a presque triplé, passant de 5,5 à 15,3 ha de SAU. Cette moyenne de 15 ha masque des disparités importantes ; les petites exploitations sont encore nombreuses. Cependant, en 1958, l'agriculture fait encore vivre un tiers de la population, si l'on tient compte des activités induites. [...]
[...] La population agricole diminue de moitié en un siècle. Cette baisse de la population agricole correspond à une mutation sociale : la disparition des manœuvriers, qui ont rejoint les villes pour constituer la nouvelle population ouvrière. Une triple transformation dans l'utilisation du sol s'est produite : - un recul des labours au profit des herbages et des pâturages ; - un recul de la vigne, surtout après la crise du phylloxéra ; - un recul des landes au profit de la forêt. [...]
[...] Nous touchons là la principale différence entre la première et la deuxième mutation de l'agriculture française. Au cours de la première (1850-1958), la production était restée stable, tandis que le rendement doublait et que la surface emblavée était réduite de moitié. Au cours de la deuxième, qui a duré environ 30 ans, la superficie cultivée est restée stable, tandis que les rendements et la production ont triplé. Cette évolution à contre- courant, puisque la consommation de pain continuait à diminuer, n'a été rendue possible que par l'exportation, hors de la Communauté et subsidiée par la PAC. [...]
[...] En revanche, les grands plateaux monotones de l'est du Bassin parisien restent à peu près vides. La même diffusion circumurbaine se repère encore autour de l'agglomération lyonnaise dans les monts du Lyonnais, le Vivarais, le Bas- Dauphiné, les Préalpes. Sur les marges de la vallée du Rhône (Ardèche, Gard), s'ajoutent aux Lyonnais des propriétaires venus d'ailleurs, y compris de l'étranger. L'extension du tourisme rural a entraîné la hausse du prix des terres agricoles dans les régions périurbaines et dans les régions touristiques. [...]
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