Il n'existe pas de définition scientifiquement irréprochable des agglomérations du fait de leur grande diversité et des évolutions multiples qu'elles rencontrent. La définition statistique de la ville est restée inchangée depuis le milieu du XIXème siècle : toute agglomération de population d'au moins 2 000 habitants. Ceux qui reconnaissent une identité à l'espace urbain, y associent l'idée de concentration (architecturale, démographique, d'activité, d'échanges). Cette concentration engendre de fortes densités et une structuration interne complexe.
Pour définir les contours des villes et ainsi les dissocier de la « non-ville », 3 principes peuvent être invoqués : les limites administratives des municipalités (définition allemande), la continuité du bâti replacée ensuite dans le cadre des limites municipales (unités urbaines françaises), le bassin d'emploi (aires urbaines françaises et Urban areas britanniques).
Pour dépasser la simplicité du critère des 2 000 habitants, on a inventé la notion de Zones de Peuplement Industriel et Urbain (ZPIU), pour définir les agglomérations englobant plusieurs communes. La notion de Zone de Peuplement Industriel et Urbain a le mérite de prendre en compte l'aspect fonctionnel du bassin de main-d'œuvre, en prenant mieux en compte la réalité actuelle de l'urbanisation et son étalement à des dizaines de kms du centre. Avec l'extension urbaine sans cesse croissante, la définition des ZPIU en venait à recouvrir 96 % de la population et 80 du territoire ! Il a fallu passer à la notion d'aire urbaine, et de nouveaux termes sont venus sanctionner ces évolutions, sous la forme d'un nouveau Zonage en Aires Urbaines (ZAU ; 361 en France), qui permet l' « apparition de 2 grands types d'espace » : l'espace à dominante rurale et l'espace à dominante urbaine, composé de :
•pôle urbain = unité urbaine d'au moins 5 000 emplois et qui n'est pas sous la dépendance directe d'une autre ville .
•aire urbaine = pôle urbain + les communes rurales et les petites villes qui y envoient au moins 40 % de leurs actifs.
•couronne périurbaine = ensemble des communes d'une aire urbaine qui n'appartiennent pas au pôle urbain.
•espace urbain multipolaire = ensemble de plusieurs aires urbaines et des communes multipolarisées attirées par elles.
•commune multipolarisée = commune rurale ou unité urbaine envoyant 40 % de leurs actifs vers plusieurs aires urbaines.
[...] Les banlieues françaises ne sont pas des ghettos[10]. C'est là un aspect important pour comprendre l'organisation fonctionnelle des villes. L'existence de communautés résidentielles traduit la distance sociale et peut s'ouvrir vers de réflexes de communautarismes : les banlieues sensibles en sont l'expression (Val Fourré à Mantes-la-Jolie, les à La Courneuve, Vaulx- en-Velin à l'est de Lyon). Inversement, pour des raisons sécuritaires, émerge une tendance à clôturer des secteurs résidentiels : les quartiers privés (gated communities) sont encore peu répandus dans les grandes villes, mais dans les banlieues aisées (Collonges au Mont d'Or, Saint-Cyr- au-Mont-d'Or à Lyon) ou les nouveaux villages (rurbanisation à la périphérie parisienne), l'environnement boisé et la qualité paysagère restent des barrières à l'extension d'un habitat social. [...]
[...] En général, devant l'énormité des dépenses, bon nombre de projets évoluèrent plus vers la réalisation de centres décisionnels (la Part Dieu, Polygone à Montpellier) que vers la création de quartiers résidentiels. Ces ambitions urbanistiques, démesurées et fort coûteuses, furent parfois vécues par leurs occupants comme un véritable traumatisme, d'où la préférence de plus en plus affichée pour les opérations de réhabilitation. La revalorisation de ces quartiers passe aussi par des opérations de conservation et de restauration du patrimoine ancien et des bâtiments de valeur. [...]
[...] Le fait urbain en France[1] I. L'urbanisation : 3 A. Définir et délimiter la ville : 3 B. La répartition de la population urbaine : 4 C. Les migrations interurbaines : 5 D. Le réseau des villes : 6 E. Changer la ville ? [...]
[...] En contrepartie, d'autres risquent de poursuivre leur dévalorisation. Ce double processus pourrait accroître de cette manière la fragmentation urbaine et la division sociale des espaces La conjonction d'une reprise de la croissance des métropoles et de la poursuite de la dévalorisation des espaces situés à l'écart des noeuds où se concentrent les activités de haut niveau pourrait ainsi contribuer à l'aggravation du marquage spatial des différences sociales. Cette perspective constitue probablement l'un des défis majeurs posés aux politiques de l'habitat urbain. A. [...]
[...] D'autre part, la spécialisation est aussi un indicateur des caractères socioculturels des populations que l'unité urbaine attire. Les itinéraires de formations et les trajectoires professionnelles ne sont pas les mêmes à Montbéliard ou à Vichy. La spécialisation d'une ville est aussi porteuse de dynamiques particulières. Ainsi, pour une agglomération donnée, l'étroite spécialisation de son activité peut momentanément représenter une chance de monter rapidement en puissance, d'améliorer sa position relative et son poids dans les réseaux. Cependant, à terme, cette spécialisation entraîne suivent une fragilité de l'assise économique et de la cohésion de l'ensemble urbain atteint par une éventuelle récession. [...]
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