En s'efforçant de décrire les mouvements qui transforment la morphologie actuelle des villes, les deux auteurs, François Ascher et David Mangin, établissent deux modèles rendant compte plus fidèlement, selon eux, de la réalité urbaine contemporaine.
Deux tendances sous-jacentes sont déterminantes dans ces deux modèles : la création de discontinuité dans l'espace urbain, et le rôle déterminant des transports dans les transformations à l'œuvre.
Le terme « métropolisation » s'est répandu pour décrire le processus qui concentre de façon croissante les hommes, les activités et les richesses dans des agglomérations de plusieurs centaines de milliers d'habitants, multifonctionnelles, fortement intégrées fans l'économie internationale.
Pour François Ascher (Métapolis, ou l'avenir des villes, 1995) cette dynamique emporte de telles transformations des grandes villes et de leur environnement que la notion de métropole est inadaptée pour qualifier ce type d'agglomération. Il est nécessaire de faire ressortir l'idée de la formation de nouveaux territoires des activités économiques et sociales quotidiennes : les nouveaux espaces urbains sont avant tout des modes de vie et des modes de production.
[...] Ce mode d'organisation s'est ensuite répandu non seulement dans le transport routier mais aussi dans les conceptions logistiques des entreprises, influençant la conception même de leur organisation productive. Les TGV et transports aériens produisent des effets de tunnel qui correspondent à la disparition des effets de traversée : entre deux arrêts du TGV, il n'y a rien : création de no man's land et discontinuités. La position à mi- distance, autrefois la meilleure place, est devenue la plus mauvaise. Pour les villes non desservies, il n'est plus de choix que de se connecter le plus directement possible à une métropole branchée sur les réseaux internationaux. [...]
[...] Il avance diverses recommandations : ne pas shunter comme c'est le cas actuellement, l'étape indispensable du faubourg, qui crée de la densification et qui représente la continuité territoriale entre centre et périphérie. Mangin milite pour l'avènement de ville passante : celle qui permet de relier les éléments entre eux, de les distribuer, de les faire communiquer, de produire des systèmes d'accès aux services quotidiens et d'avoir enfin un découpage foncier susceptible d'évoluer, alors que le système clés en main de production de l'espace fige le paysage. [...]
[...] Hétérogénéiser : l'hétérogénéité consiste à redonner davantage de place à l'expression individuelle et à l'intervention des habitants dans la construction de la ville, en lieu et place de la soumission à des packages préfabriqués : remettre en cause le visage néolibéral de la pensée urbaine pour aboutir à un métissage visuel : promouvoir la ville métissée Ce renouveau s'exprime également sur terrain social : la dynamique doit produire une ville un peu plus citoyenne, car un peu plus mitoyenne Bibliographie - David Mangin (2004), Ville franchisée, formes et structures de la ville contemporaine, Editions de la Villette, Paris. - François Ascher (1995), Metapolis, Odile Jacob, Paris. Urbaniste et architecte, David Mangin s'est notamment révélé en 2004 à l'occasion de sa participation au marché de définition pour le réaménagement des Halles de Paris dont il est sorti lauréat. Reliant par la voiture des aires de densité égales (clusters), les voiries deviennent des éléments urbains structurants. [...]
[...] la ville individuée : elle suit la ville de la maison individuelle qui existe depuis longtemps aux Etats-Unis et en Europe du Nord. o Avec le désengagement de l'Etat depuis les années 70 et la critique idéologique des grands ensembles et plus généralement de l'habitat collectif, ainsi qu'une politique de crédit incitative, on suscite une demande de la maison individuelle (classes moyennes). o L'offre qui a correspondu à cette demande : non pas des maisons différenciées, mais des grands ensembles à plat composés de cellules identiques, de pavillons, en vertu d'un système de redistribution se voulant le plus économique et égalitaire possible (produits pareillement différents o C'est le triomphe d'une certaine débauche pavillonnaire : sous ses formes juridiques (lotissements, enclaves résidentielle sécurisées, maisons individuelles) et architecturales (maisons de maçon, maisons sur catalogue, la plupart du temps maisons sans architecture à l'image des magasins et entrepôts). [...]
[...] La République du sommeil (les gens votent là où ils dorment) devient inapte à faire émerger la conscience d'intérêts collectifs et les dynamiques capables de planifier et de gérer l'espace métapolitain. En résumé, on assiste à une déconnexion grandissante dans ces zones entre l'espace de la société civile, ses flux économiques, relations sociales et l'espace politico administratif, ce qui à moyen terme représente une menace pour des ensembles incapables de se donner les moyens de leur gouvernance La ville franchisée David Mangin Dans son ouvrage Ville franchisée, formes et structures de la ville contemporaine (2004), l'urbaniste David Mangin[1] s'efforce de pourfendre, en la dépassant, la forme qu'a adoptée selon lui la ville contemporaine : une ville franchisée Un vecteur décisif de l'évolution des formes et des structures de la ville réside dans la victoire de l'automobile à partir des années 50. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture