L'objet de cette étude porte sur le concept d'espace vécu, qui vise à expliquer le rapport existant entre les individus et leur espace géographique.
La construction du lien socio-spatial produit des formes géographiques que sont la localité (commune), la région, et la nation. Quels sont le sens et la fonction de ces dernières ?
La genèse des formes et rapports sociaux se basent sur des facteurs géographiques, économiques et politiques. Pour comprendre les consciences territoriales, il faut explorer les représentations mentales individuelles et collectives qui façonnent l'espace et régissent nos pratiques géographiques. Selon Augustin Bercque dans "Vivre l'espace au Japon" en 1982, il est nécessaire de réconcilier deux dimensions antagonistes de l'idéologie régionale : d'une part la fonctionnalité et l'objectivité et d'autre part une dimension représentative de la perception et du vécu. En effet, la région d'essence administrative et politique n'occulterait-elle pas le rapport essentiel du social au spatial qui est l'espace vécu par ses habitants ?
Quelles sont les idées fortes du concept d'espace-vécu ? Qu'apporte-t-il dans la compréhension du territoire du XXIe siècle pour un aménageur par exemple ?
[...] Le concept d'espace vécu propose des avancées méthodologiques. La réflexion théorique sur le territoire et l'espace vécu est un moyen d'entraîner les intercommunalités dans une démarche de démocratie participative susceptible d'associer les habitants au développement. Lorsqu'Armand Frémont entre à la DATAR (délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale), il s'étonne d'y voir utilisé le concept d'espace vécu comme fondement idéologique de l'aménagement du territoire. La région apparaît comme le pivot de l'aménagement du territoire. C'est un espace intermédiaire indispensable pour organiser l'espace et qui remplit des fonctions que ni la base (la commune) ni le sommet (l'Etat) ne peuvent assumer. [...]
[...] C'est un regroupement de 13 communes dans un même canton. Ont émergé de cette vallée, un syndicat intercommunal puis une communauté de communes qui s'appuie sur un héritage historique commun. L'enquête portant sur les Aspois : 27 autochtones et 16 néoruraux a consisté à décrire leur perception des territoires à travers leur pratique des lieux et leur imaginaire spatial. Il résulte de cette enquête que la Vallée d'Aspe occupe une position centrale dans l'espace de vie comme dans l'espace vécu des habitants qu'ils soient autochtones ou néoruraux dans la mesure où la Vallée d'Aspe est décrite sous les traits d'un espace vécu à forte charge émotionnelle, fondée sur la pratique concrète de ces lieux. [...]
[...] L'espace est vécu par l'individu en société. Cependant il faut distinguer l'espace de vie qui découle de la pratique quotidienne, et l'espace vécu créé selon les perceptions et cartes mentales de chacun. L'espace vécu est un espace de représentations qui renvoient à l'idée du moment, il conduit à une sensibilité différente entre bons et mauvais lieux. Nos rapports aux lieux sont complexes. La géographie humaine prend désormais en compte cet aspect phénoménologique, particulièrement lorsqu'elle fait appel à la littérature qui est généreuse en matière de représentations spatiales. [...]
[...] Un premier article est publié en 1972, intitulé La région, essai sur l'espace vécu Armand Frémont constate que les étudiants confrontés en cours à la géographie régionale de Paul Vidal de la Blache, se lassent. C'est de cette évolution à caractère pédagogique que naît le concept d'espace vécu. La géographie régionale vidalienne se tourne à l'époque vers les sciences dures que sont la géomorphologie et la biogéographie. Le terme de région va effectuer un changement épistémologique. Le professeur Armand Frémont choisit d'étudier la région comme un objet perçu par les hommes qui y vivent. [...]
[...] L'actualité du concept d'espace vécu Le sens des lieux dépend des pratiques sociales et des vécus psychologiques si l'on adopte la pensée de Frémont. Il réalise une classification des régions : les régions fluides, c'est-à-dire sans attachement des hommes aux lieux les régions enracinées où l'homme tisse des liens importants avec son environnement les régions éclatées qui représentent des espaces industriels fonctionnels Un lieu est porteur de sens uniquement par ses relations avec d'autres lieux et d'autres hommes. Le géographe dispose d'un outil pour aborder ces représentations : la carte mentale. [...]
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