Classes populaires, bipolarisation géographique, Christophe Guilluy, France périphérique, classe sociale
Alors que traditionnellement, la société s'organise entre classes aisées, classes populaires et, entre les deux, les « classes moyennes », Julien Damon, sociologue français spécialisé dans les questions de pauvreté et de protection sociale et professeur à Sciences Po Paris, s'interroge sur le phénomène possible de quasi-disparition potentielle de ces dernières, et par les conséquences que cela semble dès à présent engendrer : d'un côté, les élites économiques et culturelles sembleraient représenter un modèle de faire et de penser observable en particulier dans les grandes villes, tandis que de l'autre, et cela est le coeur de son analyse, des classes populaires plus structurées qu'auparavant sembleraient y opposer une certaine résistance.
[...] Ce qui inquiète davantage le géographe est l'observation selon laquelle non seulement ces mondes interagissent peu humainement, mais ils interagissent de moins en moins. Au point d'être mutuellement ignorés et jugés comme infréquentables. Car, à l'inverse de la plupart des modèles de géographie économique traditionnels, faits d'interactions entre centres et périphéries, les liens entre le centre et la périphérie brilleraient par leur absence. Peu de personnes iraient ainsi de l'un de ces mondes vers l'autre, et ce quelle qu'en soit la raison. [...]
[...] Bibliographie Guilluy, Christophe, « Un heartland populaire ou l'inversion des notions de puissance et de pouvoir » in No society. [...]
[...] Les vocations pour les élites à aller enseigner, donner une conférence . dans ces mondes périphériques sont donc en baisse permanente et laissent craindre à la fois une augmentation du fossé économique et social et une augmentation des frustrations qui pourraient en découler. Les conséquences de cet abandon de la fréquentation et même de la communication entre ces mondes sont pourtant préoccupantes : d'un côté, ce que l'auteur appelle « intelligentsia » urbaine ne se donnerait plus la peine aujourd'hui de communiquer avec le reste de la société, estimant que celle-ci n'aurait qu'à suivre ses opinions. [...]
[...] Utiles pour réduire cette sectorisation entre zones, à notre avis, mais aussi parce que ces classes moyenne avaient permis, indirectement, de faire interagir les composantes de la société entre elles, ce qui ne semble plus être le cas aujourd'hui. Nous pourrions cependant nous interroger sur la réalité de cette bipolarisation à l'extrême que décrit le géographe ; en effet, il est un fait important qu'il rappelle : une partie majoritaire de la population française continue de se définir comme classe moyenne. [...]
[...] Ces périphéries seraient beaucoup plus à l'écart des cœurs de ville intégrés à la mondialisation que leurs habitants ne pourraient eux-mêmes le croire - Guilluy explique par exemple que les classes dominantes de Paris connaitraient mieux leurs pairs de Montreal ou New York que leurs propres compatriotes ruraux ou périurbains. En effet, ils auraient pour point commun d'être « enfermés dans des citadelles urbaines », quand bien même elles appelleraient à des sociétés urbaines, qui ignoreraient les frontières. Les préoccupations au sein de chaque groupe ne sont-elles pas les mêmes ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture