Cavaillon vibre encore des présences historiques et préhistoriques de nombreuses tribus qui se sont installées sur ses terres. C'est que la position de la ville, avant d'être stratégique, se situe au carrefour des éléments naturels. D'abord, la pierre : à vif, tranchée, nue, elle apparaît dans toute sa puissance et dans toute sa force dans les falaises à pic de la colline Saint-Jacques. La terre de Provence, avec notamment la longue fissure de la vallée du Rhône, est une terre de séismes : on se souvient encore ici de celui de 1909 qui dévasta la région. Une terre qui recèle des violences secrètes, des forces inassouvies, le lieu d'une renaissance permanente. La colline Saint-Jacques semble surgie d'hier, jalouse, fière de ses prérogatives, dominante comme un père et protectrice comme une mère, invincible, immémoriale, verticale comme un oracle. Tendue vers le ciel et vers le soleil.
[...] Comment oublier aussi la présence de l'eau ? Cavaillon se situe idéalement à l'est du Rhône, sur la rive de la Durance, entre les Alpes et la Méditerranée. A deux pas d'ici se célèbrent les épousailles de la Durance et du Coulon, deux rivières indomptables et sauvages. Leurs débordements fréquents effrayent les populations comme des dieux en colère, dévastant tout sur leur passage, réduisant les récoltes à néant, emportant les constructions, tuant parfois les enfants, les femmes et les hommes. [...]
[...] C'est encore aujourd'hui un havre de paix au cœur duquel les rayons du soleil ne parviennent que filtrés pour dessiner sur les vieilles pierres érodées des tableaux de lumière qui jouent avec le temps. Les fortifications de la ville sont renforcées au XIVe siècle. Là aussi, le temps a fait son œuvre de destruction, puisqu'il ne reste que la porte d'Avignon pour nous laisser imaginer l'ampleur et la beauté de l'ouvrage. La persécution dont les Juifs faisaient l'objet au royaume de France incita nombre d'entre eux à se réfugier sur les terres papales plus protectrices. [...]
[...] C'est ainsi que Cavaillon accueillit une importante communauté juive à partir du XVe siècle. Elle s'installa dès 1624 au cœur même de la ville chrétienne, dans un ghetto baptisé Carrière dont la seule entrée était fermée tous les soirs ainsi que lors des fêtes chrétiennes. La synagogue, une des principales curiosités de la ville, modèle d'élégance et de grâce, fut bâtie au XVIIIe siècle. Elle abrite actuellement le musée juif comtadin consacré à l'histoire des Juifs de Cavaillon et du Comtat-Venaissin. [...]
[...] A partir du Ve siècle avant J.-C., la future Cavaillon, baptisée Kabellio, est une colonie de Marseille, devenue ville grecque. Même si une activité portuaire importante se développe avant l'arrivée des Romains, c'est à partir de leur domination que la ville prend son essor. Sous le nom de Cabellio, elle propage ses constructions dans la plaine, au pied de la colline. Cabellio est avantagé par une position stratégique évidente : la proximité des rives de la Durance, sur laquelle la circulation fluviale est intense, lui permet de profiter d'un essor d'activité ; quant au passage de la via Domitia, il contribue également à transformer le site en un carrefour commercial prospère. [...]
[...] La colline Saint-Jacques semble surgie d'hier, jalouse, fière de ses prérogatives, dominante comme un père et protectrice comme une mère, invincible, immémoriale, verticale comme un oracle. Tendue vers le ciel et vers le soleil. Le soleil, justement : les ruelles serrées de la vieille ville témoignent encore de la sagesse des anciens, qui savaient se préserver de sa brûlure et ménager des zones d'ombre. Les places fraîches sous les cieux verts des platanes, bercées par le chantonnement discret des fontaines, implorent la clémence d'un Hélios implacable. Bienfaisant, source de chaleur, de vie, de renouveau, il nourrit les champs et réveille les semences. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture