L'aménagement du territoire en France : « ardente nécessité » ou utopie de l'équité spatiale ?

Résumé du document

En premier lieu il nous faut chercher en quoi l'Etat depuis la Seconde Guerre Mondiale est parti à la recherche des territoires, par un renouveau de leur aménagement, et en abordant le problème de l'échelle qui entraîne une grande complexification. Puis il nous faut expliquer en quoi cette fois les acteurs locaux sont à leur tour partis à la recherche de ces territoires, en abordant leur réalité à cette échelle et en montrant l'apport d'autres disciplines à cette problématique. Enfin il faut montrer que c'est bien le projet qui fait le territoire, et qu'il existe des moyens de croire à une équité spatiale même si de fait les objectifs de la PAT (politique d'aménagement du territoire) n'ont été que partiellement atteints...

Extraits

[...] Ici, quatre communes associées dans un projet global de développement rassemblent 3000 ou 4000 habitants. Là communes, elles aussi associées sur une volonté commune de maîtriser leur avenir et de faire jouer entre elles une certaine solidarité, totalisent ou habitants, voire plus. La politique des villes nouvelles a été un autre volet de la politique d'aménagement relative au système urbain. Elle visait à créer des pôles entièrement neufs, inspirés de l'expérience britannique, adaptés à la vie moderne et destinés à freiner la croissance en tache d'huile des grandes aires urbaines. [...]

[...] Là, au contraire, on transgresse allègrement les frontières administratives: les communes s'associent à cheval sur des cantons et des portions de cantons, par dessus les frontières départementales et régionales (le Pays de Redon . Ici, la seule institutionnalisation est celle d'une association de Pays. Là, l'arsenal vaste et varié des établissements publics de coopération intercommunale fournit le support juridique de l'action commune, jumelée ou non avec une forme associative. Les chercheurs n'arrivent pas à déterminer des règles précises dans l'élaboration d'un découpage du territoire qui semble surtout correspondre à des réalités fluctuantes. Peut-on, cependant, identifier un certain nombre de pistes plus objectives induisant des découpages territoriaux? [...]

[...] L'aménagement de la côte languedocienne et de la montagne n'aurait pas pris l'aspect cohérent et organisé qu'il a eu sans un parti pris d'aménagement et une gestion coordonnée des opérations. La dissémination équitable des grands équipements universitaires et hospitaliers est due à une politique obstinée de réduction des inégalités qui a sous-tendu toute l'action d'aménagement depuis ses origines. Il en est de même pour le quadrillage autoroutier qui est en cours de réalisation, même si certaines régions peuvent estimer qu'elles sont tardivement servies; le réseau n'aurait assurément pas eu la même configuration si le critère de rentabilité avait seul été pris en compte. [...]

[...] Elles ont dû finalement être classées en pôles de conversion, afin de recevoir des aides, dans les années 80. Ensuite, il n'était pas possible d'aménager l'espace français sans corriger certains caractères jugés défavorables du système de transport. La France, au début des années 60, disposait d'un réseau routier dense, sans iniquité flagrante pour la desserte du pays, et d'un réseau ferroviaire très étoffé, assez bien réparti aussi. Les réseaux avaient toutefois besoin d'être modernisés, ils étaient fortement centrés sur Paris et ils manquaient d'axes à gros débit. [...]

[...] L'idée que l'État devait les réduire s'est imposée peu à peu. La prise de conscience a été facilitée par un livre qui a eu alors une assez grande influence, celui du géographe Jean-François Gravier (Paris et le désert français, 1947). C'est à partir de cette date que le souci d'aménager le territoire et de corriger ses déséquilibres apparaît au niveau gouvernemental. En 1950, un plan national d'aménagement du territoire est élaboré visant en particulier à assurer une meilleure répartition des hommes en fonction des ressources naturelles et de l'activité économique». [...]