La France des faibles densités (2010)

Résumé du document

Les espaces à faible densité s'organisent selon une diagonale du vide : des Ardennes aux Pyrénées en passant par l'est et le sud du bassin parisien, l'essentiel du Massif Central, et les Landes qui s'y raccordent. S'y adjoignent les Alpes du Sud et la Corse. Les territoires du vide cumulent faibles densités, déclin démographique, isolement, agriculture prépondérante ou en déprise et insuffisance en matière de diversification des activités.

La faiblesse des densités humaines est synonyme de marginalisation du territoire avec une mise à l'écart des axes de concentration et des activités, un exode rural prononcé engendrant un schéma de déprise agricole. Ces régions qui ‘perdent' en référence à George Benko et Alain Lipietz, sont des terres de départ.

Toutefois, d'autres espaces vides d'hommes peuvent être économiquement très productifs. Un espace rural peu peuplé est-il condamné ?

Extraits

[...] Les cantons de la Creuse ont une densité de 8 habitants/km2. La diagonale du vide n'est ni continue, ni régulière. Elle est entrecoupée d'îlots densément peuplés tels que le pays toulousain. Au sein du ‘désert français', des poches de peuplement périurbain forment des enclaves qui se densifient. Dans le rural profond en crise, on trouve de très faibles densités inférieures à 12 habitants/km2, un vieillissement de la population, un exode important de la jeune population, et un retour au ‘pays' des retraités. [...]

[...] S'y adjoignent les Alpes du Sud et la Corse. Les territoires du vide cumulent faibles densités, déclin démographique, isolement, agriculture prépondérante ou en déprise et insuffisance en matière de diversification des activités. La faiblesse des densités humaines est synonyme de marginalisation du territoire avec une mise à l'écart des axes de concentration et des activités, un exode rural prononcé engendrant un schéma de déprise agricole. Ces régions qui ‘perdent' en référence à George Benko et Alain Lipietz, sont des terres de départ. [...]

[...] La gestion des espaces vides dans les communes rurales devient un enjeu politique territorial. La Politique Agricole Commune (PAC) bataille contre la déprise agricole et favorise l'entretien des paysages. Le tourisme rural rentabilise saisonnièrement l'espace vide. Les dynamiques en cours peuvent faire basculer les territoires vides vers le déclin ou le renouveau économique. Mais globalement le déclin quantitatif et qualitatif se poursuit malgré la politique d'accueil menée par les collectivités. La densité est un indicateur de vitalité. Un ensemble de faits étaye ces propos : un solde migratoire négatif, une moyenne de de la population âgée de plus de 60 ans, un excédent des décès sur les naissances et une fermeture des commerces et services indiquent la mauvaise santé du territoire. [...]

[...] Actuellement 96% des habitants de la France vivent en ZPIU, soit dans un centre-ville, une banlieue, une zone périurbaine. Seuls vivent dans un milieu ‘infra-urbain' qualifié de rural profond. Depuis 1996, l'INSEE a établi un nouveau découpage territorial : le zonage en aires urbaines. Il décrit le territoire en fonction de sa relation à la ville par l'intermédiaire de l'emploi et des déplacements professionnels quotidiens. Cependant, le seuil de faible densité ne désigne pas nécessairement un phénomène de désertification, ou une atonie sociale et économique. Les faibles densités investissent les régions rurales. La ruralité exprime une faible densité. [...]

[...] Les espaces vides sont complémentaires des trop-pleins urbains. Ils équilibrent le territoire en jouant le rôle de poumon indispensable à la vie citadine. D'autres espaces de faibles densités forment des réseaux relationnels d'échanges entre rural profond peu peuplé et périphérie urbaine active et urbanisée. Les seuils statistiques expliquant les faibles densités ont une approche trop restrictive qui commande la mort annoncée du rural profond fragile. Pourtant, la France des faibles densités est porteuse d'avenir, les déserts humains représentant le défi français du XIXe siècle. [...]