La géographie française est remise en question vers 1960, on voit alors apparaître de nouveaux concepts de la géographie. Jusqu'alors la géographie s'inspirait des théories de Vidal de la Blache, géographe français, fondateur de « l'école géographique française ». Mais les géographes de l'école vidalienne ne retiennent des concepts de Vidal que l'aspect descriptif de sa géographie. Une autre tendance géographique prône une géographie néo-positiviste aux prétentions scientifiques et mathématiques.
Yves Lacoste est à la fois philosophe et géographe. Il a publié de nombreux ouvrages sur la géographie tels que : La géographie ça sert d'abord à faire la guerre, Le dictionnaire de géopolitique, et il a créée la revue Hérodote tous ces ouvrages ont permis un certain renouvellement de la géographie, à l'heure ou elle ne faisait que s'appuyer sur des problématiques et des concepts plus anciens.
Yves Lacoste fait quant à lui partie du mouvement de la géographie radicale. Il a par exemple écrit des ouvrages tels que l'Histoire de la philosophie publié en 1973 dont un chapitre est consacré aux interrogations des géographes quant au rôle de la géographie pour les hommes. Dans ce chapitre intitulé « La géographie », Lacoste revient sur ce qu'est la géographie, et sur ce que doit être son rôle.
Dans ce texte, Lacoste esquisse une définition de la géographie telle qu'il pense qu'elle doit être, il présente tout d'abord la vision traditionnelle de la géographie, une vision qu'ont beaucoup de personnes, cette perception est véhiculée par l'enseignement scolaire de cette science. Puis, Lacoste définit peu à peu sa position dans les débats épistémologiques, et on verra comment, dans ce texte Yves Lacoste, transmet sa propre vision de la géographie, en critiquant certains géographes et la manière dont ils pratiquent et conçoivent eux-mêmes la géographie.
[...] Mépris souverain de cette vieille discipline scolaire que nous avons tous subie au temps de l'école et du lycée? (On entend souvent dire : " la géo, ça ne sert à rien; d'ailleurs, il n'y a rien à comprendre, mais il faut de la mémoire.") "Quelle ennuyeuse et fatigante discussion, écrivait déjà Fontenelle, il faut bien être né géographe pour s'y engager". Il faut dire que dans l'ensemble, le discours des géographes se présente de la façon la plus bonasse, et qu'au premier abord il n'incite guère à la critique, au plan des règles théoriques de la production des idées. [...]
[...] Le géographe qui ne se soucie guère de la construction des concepts et qui use constamment. De notions extrêmement floues (région, pays . utilise les productions des autres disciplines, sans se poser à leur égard plus de questions qu'il s'en pose à propos de la géographie. Aussi avec sa tournure encyclopédique, ce qui n exclut pas pourtant pas de curieuses lacunes, la géographie peut apparaître comme une des formes typiques d'un savoir préscientifique dont la survivance ne s'expliquerait que par la place qu'elle occupe dans les institutions scolaires ou universitaires Ces réflexions ne sont que propos d'étape et l'approche de certains problèmes fondamentaux n'en est certainement qu'à ses débuts. [...]
[...] Il y a ici une contradiction interne à la géographie due aux géographes qui la pratiquent, car en effet, ils ne mettent pas en évidence les interactions alors qu'ils le devraient, et mettent en retrait des éléments et des phénomènes capitaux pour mettre en évidence ces interactions, tandis qu'ils privilégient des faits purement physiques et descriptifs. Yves Lacoste a ici une approche assez systémique de la géographie car en effet, il demande ici aux géographes, par la critique qu'il fait, de toujours prendre en compte les relations entre les différents éléments du tout et entre le tout et son environnement. La géographie aurait alors une certaine unité. [...]
[...] Puis, Lacoste définit peu à peu sa position dans les débats épistémologiques, et on verra comment, dans ce texte Yves Lacoste, transmet sa propre vision de la géographie, en critiquant certains géographes et la manière dont ils pratiquent et conçoivent eux-mêmes la géographie. Yves Lacoste justifie tout d'abord la présence de ce texte sur la géographie dans un ouvrage à portée philosophique. Il décrit alors l'attitude générale que l'on ressent généralement à l'égard de la géographie, et pourquoi la philosophie délaisse généralement cette discipline. [...]
[...] Au demeurant, la plupart des géographes théorisent le moins possible et se contentent d'affirmer sans vergogne que la géographie est la science de synthèse tout en convenant parfois que géographie ne peut se définir ni par son objet ni par ses méthodes,mais plutôt par son point de vue». De telles déclarations traduisent tout à la fois une méconnaissance certaine des caractères non moins synthétiques des disciplines auxquelles recourent les géographes, leur isolement (car de tels propos auraient dû provoquer un tollé) et leur peu de souci des problèmes théoriques, même les plus fondamentaux qu'ont dû aborder toutes les sciences, et ce parfois il y a fort longtemps. [...]
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