En octobre 2004 est paru le livre de Florent Latrive, Du Bon usage de la piraterie, aux éditions Exils. Ce livre est le premier en France à être édité sous la licence libre ‘Creative Commons', qui lui permet d'être gratuitement disponible en ligne, utilisable et modifiable. Or il suit en parallèle le circuit normal d'un livre, et se vend donc en librairies.
Les risques d'une telle entreprise semblent élevés. Qu'en est-il ? Que peut pousser les acteurs de la chaîne de l'industrie du livre à relever un tel défi ? Quelles mesures ont-ils pris en conséquence ? Et pour finir, quels en sont les résultats et les perspectives ?
[...] Quant aux coûts de fabrication, ils sont à 3 eur. par exemplaire : l'éditeur touche 50% du prix, 1/3 de cette somme finançant la production[vii]. III Relativisation : un défi qui n'en était pas un pour cette œuvre ? Le statut particulier de l'œuvre : un livre, et un livre militant Les risques et avantages évoqués précédemment étaient théoriques et généraux. Dans le cas de Du bon usage , la situation est légèrement différente (et plus favorable). Tout d'abord, un livre est un objet difficilement substituable, à la différence de la musique[viii]. [...]
[...] La version de l'œuvre en ligne encourage de plus à acheter le livre en librairie. Enfin, la propriété intellectuelle n'étant pas comme les autres, mais immatérielle et abondante, on ne peut pas considérer un partage d'idées comme un vol[v] et donc comme une vente perdue. Enfin, les acteurs en question se voient comme les pionniers d'un mouvement destiné à se banaliser. Non seulement les risques ne sont pas aussi terribles qu'on le croit, mais les avantages devraient être réels. En cas de ventes satisfaisantes, il devrait se créer un effet de levier dans la diffusion de cette pratique. [...]
[...] On peut donc se demander si d'autres formes d'œuvres y trouveraient les mêmes avantages. Il n'y a pas d'expérience à grande échelle en France pour en juger actuellement. En revanche aux USA, un roman a réussi ce pari : Down and Out in the Magic Kingdom de Cory Doctorow a été téléchargé gratuitement par des dizaines de milliers de lecteurs, mais s'est tout de même vendu à exemplaires et a été réédité en poche par la suite. La taille de l'éditeur : aubaine marketing pour une petite structure L'éditeur aussi trouve des avantages au contrat CC. [...]
[...] http://www.lyber-eclat.net Notes : Journaliste à ‘Libération' et co-auteur de Libres enfants du savoir numérique (L'Eclat, 2000) http://fr.creativecommons.org [iii] http://www.freescape.eu.org/piraterie D'après Florent Latrive (entretien du 13 juin 2005) Latrive, Florent. Du bon usage de la piraterie-culture libre, sciences ouvertes. Paris : Exils et autres conséquences socio-économiques plus ou moins réalistes. Voir Valensi, Michel. Petit traité plié en dix sur le lyber. L'Eclat http://www.lyber-eclat.net/lyber/lybertxt.html [vii] D'après Florent Latrive (entretien du 13 juin 2005) [viii] Le cas de la musique est d'autant plus compliqué que les organismes percepteurs et distributeurs de droits, telle la SACEM, refusent de prendre en charge les œuvres sous licence libre. [...]
[...] Or il suit en parallèle le circuit normal d'un livre, et se vend donc en librairies. Les risques d'une telle entreprise semblent élevés. Qu'en est-il ? Que peut pousser les acteurs de la chaîne de l'industrie du livre à relever un tel défi ? Quelles mesures ont-ils pris en conséquence ? Et pour finir, quels en sont les résultats et les perspectives ? I L'œuvre : un contenu, un droit un livre Un contenu : un essai sur la propriété intellectuelle Florent Latrive[i] signe ici un nouvel ouvrage militant pour une réévaluation du droit de la propriété intellectuelle donc, en creux, de la piraterie. [...]
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