Doctrine luthérienne, renforcement de l'Etat allemand, Etat-providence allemand, protection sociale, premières lois sociales, système bismarckien
Selon Asa Briggs, l'État providence est « un État où garantir les individus contre la pauvreté, où les prémunir contre les conséquences de certains risques sociaux est, d'une manière ou d'une autre, des objectifs de gouvernement. » L'État-providence constitue un élément structurant de la société postindustrielle. Emblématique des systèmes de protection sociale fondés sur l'assurance, le modèle bismarckien fournit une clé nécessaire pour comprendre ses difficultés actuelles, les débats relatifs à sa privatisation ou à l'éventualité de son instauration à l'échelle européenne.
[...] Reflet des rapports de forces au sein de la société, le système bismarckien entérine un modèle conservateur de la société. Sa dimension corporatiste, qui résulte de l'influence des conservateurs, trouve sa source dans la tradition des rangs, des guildes et des corporations. Il entérine la division de la société en classes, et donc conserve la stratification sociale d'origine. Le principe d'auto- administration (Selbsverwaltung) des caisses par les financeurs, les représentants des employeurs et des ouvriers permet l'émergence d'un syndicalisme modéré et réformiste, caractéristique du modèle social- démocrate allemand, qui est associé à la gestion du système. [...]
[...] Exemple parfait du male-breadwinner model le faible niveau de redistribution favorise particulièrement les hommes. En conclusion, l'Etat-providence en Allemagne trouve sa source dans la doctrine sociale chrétienne luthérienne, et a pu s'y développer si tôt en raison de la centralisation rapide des fonctions sociales en coopération avec l'Etat. Ce dernier s'est ensuite emparé, dans son intérêt, de ces prérogatives pour renforcer son unité, son autorité et son emprise sur la société. L'amorce timide d'une coordination des systèmes nationaux de protection sociale à l'échelle de l'Union Européenne, soulève la question de la pertinence d'autres formes politiques que l'Etat pour assurer la redistribution. [...]
[...] Ces derniers, associés à leur force de travail et donc soumis, au même titre que n'importe quel autre facteur de production, aux lois du marché, sont désormais sujets à des risques économiques et sociaux bien plus importants. Le Chancelier de l'Empire allemand Otto von Bismarck fait adopter les lois d'assurances contre la maladie (1883), les accidents du travail (1884), la retraite (1889). Ces lois répondent à un impératif conjoncturel politique, puisque Bismarck cherche à contrer la montée du socialisme qui menace l'unité allemande, alors en formation. b. Plus profondément, ces lois sont également mues par l'ambition bismarckienne de consolider l'unité allemande en renforçant l'autorité de l'Etat. [...]
[...] Il en découle une distinction entre pauvre méritant et non méritant. Le travail est la valeur centrale qui conditionne l'accès à l'aide sociale. Les premières institutions séculaires d'assistance des pauvres se développent alors (Beutelordnung, Wittenberg, 1520/21). Les municipalités commencent à se préoccuper des pauvres en tant que tels (création de workhouses). c. Le protestantisme luthérien aboutit finalement à la reconnaissance de l'Etat comme fournisseur incontesté de protection sociale La protection sociale est laïque, et organisée en coopération avec l'église. Le système sécularisé se développe avec les institutions religieuses existantes, et cette coopération permet la concrétisation des lois sur les pauvres de Nuremberg (1522). [...]
[...] Ainsi, entre un tiers et un quart des revenus de l'Eglise revenaient aux pauvres. Le développement d'hôpitaux ouverts aux pauvres en témoigne également. L'Etat est alors totalement absent des mécanismes de protection sociale. Seules quelques municipalités interviennent dans ce processus, pour vérifier que les pauvres font bien leur devoir (prier). b. Les principes de charité contenus dans la doctrine sociale Luthérienne conditionnent la manière de venir en aide. Les postulats luthériens relatifs à la pauvreté, au travail et à la charité entrent en rupture avec les idéaux catholiques. [...]
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