Les statistiques dans la construction de l'Etat français entre 1650 et 1800

Thèmes abordés

statistiques, construction, Etat français, 1650, 1800, collecte d'informations

Résumé du document

Jusqu'au XVIIème siècle, le roi voyageait en son royaume, accompagné de sa cour. C'était un moyen de représenter le pouvoir, d'affirmer l'autorité du roi sur ses sujets et permettait à la population d'exprimer ses doléances. Un contact était établi entre autorité et gouvernés, le roi puisant sa connaissance du royaume (population, terres…) de façon directe. Progressivement, le pouvoir s'est sédentarisé et une autre forme de connaissance du royaume a émergé : les statistiques. Celles-ci sont la collecte d'informations par l'Etat à propos de son territoire, sa société, etc. Elles présupposent donc l'existence d'une administration qui, étendue sur tout le territoire, remplace la présence physique du roi voyageur.

Extraits

[...] Le roi n'est plus seulement l'incarnation physique du pouvoir, mais devient un gestionnaire. Un roi ignorant toutes ces choses [du royaume] n'est qu'un demi-roi : son ignorance le met hors d'état de redresser ce qui est de travers, lui fait plus de mal que la corruption des hommes qui gouvernent sous lui disait Fénelon. La consolidation de l'administration Pour que les enquêtes et autres mesures soient fiables et obtenues régulièrement, l'Etat doit s'organiser, se rationnaliser, créer une administration à même de collecter des informations dans le royaume. [...]

[...] Les statistiques dans la construction de l'Etat français entre 1650 et 1800 Jusqu'au XVIIème siècle, le roi voyageait en son royaume, accompagné de sa cour. C'était un moyen de représenter le pouvoir, d'affirmer l'autorité du roi sur ses sujets et permettait à la population d'exprimer ses doléances. Un contact était établi entre autorité et gouvernés, le roi puisant sa connaissance du royaume (population, terres ) de façon directe. Progressivement, le pouvoir s'est sédentarisé et une autre forme de connaissance du royaume a émergé : les statistiques. [...]

[...] Le développement de la statistique conduit par ailleurs à la construction d'un appareil d'Etat de plus en plus omniscient. Il va progressivement s'intéresser à des domaines de plus en plus larges, voulant ainsi contrôler l'espace social, économique, etc. Si les premières enquêtes du XVIIème siècle s'intéressent à une description générale des provinces à l'attention du roi, la fin du siècle voit l'apparition d'enquêtes plus pragmatiques, quantitatives, sur la vie de la société, et destinées à l'administration. Dès 1686, Vauban organise le recensement de la population. [...]

[...] La statistique est ainsi le préalable à l'interventionnisme de l'Etat. Il faudra attendre 1800 pour que soit créée une institution spécialisée dans la statistique, et le XIXème pour qu'elle devienne un véritable champ théorique. Mais, la période étudiée fonde les bases de nos statistiques actuelles. Aujourd'hui, l'INSEE, institut de statistique nationale, répond au même objectif que les enquêtes des intendants royaux de Louis XIV : collecter des informations utiles à l'Etat, pour que celui-ci puisse être efficace dans sa politique caractères (titre non compris) Bibliographie - Alain Desrosières, La politique des grands nombres, histoire de la raison statistique, Paris, Editions la Découverte - Michel Nassiet, La France du second XVIIème siècle 1661-1715, Paris, Editions Belin - Daniel Roche, La France des Lumières, Paris, Fayard, 1993. [...]

[...] Puis, des enquêtes plus thématiques sont menées, comme celle sur les condamnations criminelles entre 1775 et 1786, menée par Montyon. L'Etat, au XVIIIème, commence également à s'intéresser à l'économie, imposant l'enregistrement hebdomadaire des prix des produits agricoles et industriels. Cette première statistique, purement descriptive, établit une taxinomie de l'état du royaume, comme le ferait un dictionnaire. Elle fait état de l'extrême diversité du royaume mais aussi de la distance existant entre l'Etat royal et ses provinces. Cette base de données va, par la suite, donner à l'Etat une formidable capacité d'action. [...]