Majorité, force, droit, senatus-consulte, légitimité républicaine
Le 18 Mai 1804, les français acceptent par senatus-consulte de placer la République entre les mains d'un empereur. Pour Napoléon Bonaparte, ce plébiscite affirme la légitimité (la conformité aux lois transcendantes, c'est à dire à la morale et à la justice) de son pouvoir, une légitimité républicaine : la loi du plus grand nombre a remplacé la loi du plus fort ou la loi de Dieu. Cette légitimité exprime un droit qu'a la majorité à faire valoir son opinion. Fondement des démocraties modernes, système désormais majoritaire dans les pays développés, ce droit, cette autorisation ou créance vis-à-vis de la société, peut sembler universellement accepté. Cependant, si Napoléon montre que le résultat de ce référendum fait de lui le maître incontestable de la France et s'appuie sur la force de la majorité, ce n'est qu'un choix limité qui fût donné aux Français : peut-être, s'ils avaient eu le choix avec un autre chef, ils n'auraient pas choisi Napoléon. Cela peut nous conduire à nous interroger sur l'origine et les fondements de cette légitimité, et surtout sur ses conditions d'applications. A moins que ce droit ne vienne que d'une force que posséderait la majorité ? Auquel cas, son droit, bien que persistant, serait plus faible et serait toujours dépendant de sa force, ce qui ne semble pas être le cas dans nos sociétés
[...] Auquel cas, son droit, bien que persistant, serait plus faible et serait toujours dépendant de sa force, ce qui ne semble pas être le cas dans nos sociétés. L'accord ou la ressemblance sur un sujet ou un caractère de la plus grande partie d'un groupe induit-il indubitablement une force, un droit, ou les deux, pour cette partie ? Une majorité est-elle traduite par une force ou un droit ? Mais tout d'abord, une majorité peut-elle être traduite par une force ou un droit ? A moins que cela ne dépende des circonstances ? Ou bien tout cela n'a t-il aucun sens, peut-être est-ce même un danger ? [...]
[...] Une majorité exprime-t-elle une force ou un droit ? Le 18 Mai 1804, les français acceptent par senatus-consulte de placer la République entre les mains d'un empereur. Pour Napoléon Bonaparte, ce plébiscite affirme la légitimité (la conformité aux lois transcendantes, c'est à dire à la morale et à la justice) de son pouvoir, une légitimité républicaine : la loi du plus grand nombre a remplacé la loi du plus fort ou la loi de Dieu. Cette légitimité exprime un droit qu'a la majorité à faire valoir son opinion. [...]
[...] En outre, il faudrait que la voix de chacun tienne autant de légitimité que celle de n'importe quelle autre. Or, lorsqu'un tient un pouvoir divin, ou un autre pouvoir reconnu par tous (par exemple si le sort l'a désigné, ou qu'une qualité particulière lui est reconnue, comme par exemple Romulus : fondateur de la ville de Rome, chacun trouvait évident que ce soit lui qui la dirige, et ses sujets avaient été «accueillis» par lui, il leur avait offert un asile et une nouvelle chance), sa voie compte davantage. [...]
[...] Une majorité ne représente pas nécessairement une partie supérieure à la moitié d'un groupe. Faut-il alors que toutes les minorités soient oubliées, exclues des prises de décision ? Trois parties de 20% des individus valent-ils moins qu'une partie de 40% ? L'éternelle discussion à propos de l'élection des assemblées représentatives (suffrage local ou la proportionnelle») en est un exemple intéressant, si on oublie les calculs politiques; elle rejoint la conception d'un régime d'assemblée (dans lequel il est possible, si on en a la volonté, de représenter un grande partie des opinions de la population) qui s'oppose à un régime plus présidentiel (ou un seul homme a un pouvoir important, donnant les clés du pouvoir à une seule conception de la justice), alternative toujours présente et rarement tranchée dans les constitutions des démocraties actuelles. [...]
[...] En effet, et cela peut sembler évident, un rassemblement d'hommes est nécessairement représentatif d'une certaine force, d'une capacité à utiliser la violence en partie proportionnellement au nombre, selon l'adage «l'union fait la force». Une majorité sera donc plus susceptible de dominer lors d'un combat en cas de désaccord avec une minorité. D'après la théorie de Thomas Hobbes dans le Léviathan, le fondement de la société est en partie du à la formation d'une «grande coalition» d'intérêts communs afin de lutter avec plus de force. Si ce n'est pas la première des raisons d'après Hobbes, c'est peut-être celle que les hommes ont à l'esprit avec le plus de clarté et d'évidence. [...]
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