Au XVIIIe siècle, le procureur général du Parlement de Rennes Louis-René De la Chalotais invente le terme d'éducation nationale dans son ouvrage « L'essai d'éducation nationale », où il préconise une éducation faite par l'Etat et pour l'Etat. La question est donc déjà posée de savoir quel est le rôle de l'école entre simple apprentissage de connaissances de base et inculcation de principes politiques dans l'intérêt du gouvernement en place.
A la même époque, le marquis de Condorcet développe une interprétation opposée : pour lui, l'école ne doit pas être utilisée pour asservir l'esprit des citoyens, mais dans un souci d'instruction. Condorcet est un des derniers représentants des Lumières. Il se distingue très vite par son esprit brillant et fait partie de l'Académie des Sciences ainsi que de l'Académie française. Il se consacre au bien public, et se tourne donc naturellement vers la politique. Il est alors un fervent défenseur du libéralisme et de la République. En septembre 1791, il est élu comme député de Paris à l'Assemblée législative et devient dès le 28 octobre membre du Comité d'instruction publique créé par l'assemblée. Il est le principal acteur à l'origine du rapport rendu par ce comité les 20 et 21 avril 1792 qui présente des principes novateurs pour l'organisation de l'instruction publique.
Un siècle plus tard, Jules Ferry qui est aujourd'hui considéré comme le fondateur de l'école moderne, reprendra la même conception de l'école que Condorcet. J. Ferry, né en 1832 dans une famille aisée, fait des études de droit avant de se tourner au début des années 1860 vers le journalisme politique. Son succès lui ouvre les portes de la politique, et il exerce plusieurs fonctions politiques. Républicain dont les idées sont plutôt à gauche, il s'oppose à Mac Mahon, et quand la nouvelle Assemblée élue après la dissolution devient républicaine, il est nommé ministre de l'instruction publique en 1879. Son action coïncide donc avec l'arrivée au pouvoir des républicains. Il sera à l'origine de nombreuses lois qui prendront son nom et réformeront le système scolaire. S'il n'est pas croyant, son combat pour la laïcité n'est pas tourné contre l'Eglise, mais est avant tout motivé par ses convictions politiques républicaines et sa formation de juriste.
Condorcet et Jules Ferry présentent une conception de l'école qui est en rupture avec la situation telle qu'elle existe à la fin du XVIIIe siècle. En effet, depuis le Moyen-âge, l'école est sous l'emprise de la religion catholique, aussi bien pour les petites classes que pour les universités. De plus, elle est réservée aux plus riches qui seuls ont les moyens et le temps de faire des études, et qui seuls en voient l'utilité. Elle n'est donc nullement obligatoire et est réservée à une minorité de français.
Avec un siècle d'écart, Condorcet et Ferry sont des hommes politiques ayant profondément marqué l'évolution de l'éducation en France, par les avancées qu'ils ont apporté à ce domaine. En 1792, C'est avant tout une révolution dans le concept scolaire qu'effectue Condorcet, alors qu'en 1881, Jules Ferry prend des mesures ayant une portée pratique. Mais les deux hommes ont en commun une vision nouvelle de l'école comme étant libre, obligatoire et gratuite, qui sera essentielle dans l'évolution de l'institution scolaire jusqu'à nos jours. Ces caractéristiques permettront l'ouverture de l'école à tous et sont donc un enjeu primordial pour la diffusion du savoir, et l'accession à la culture pour chacun.
[...] Pourtant, les instituteurs occupent une place primordiale dans la nouvelle institution scolaire qui se met en place. L'instituteur est le symbole de l'idéal démocratique et républicain, et est modelé dans les écoles normales pour enseigner une vision laïque de la République. Il est formé pour instruire les enfants, et c'est sur lui que repose désormais la charge de transmettre aux élèves des valeurs simples et universelles. Il doit apporter une morale laïque pour compenser l'absence de principes religieux et éviter l'école amorale dénoncée par les opposants aux lois Ferry. [...]
[...] Par exemple, l'écrivain Charles Péguy issu d'un milieu modeste accèdera grâce à ses performances scolaires à la prestigieuse Ecole Normale Supérieure. C'est en cela que se réalisent le principe d'égalité affirmé à la Révolution et associé au domaine scolaire par Condorcet quelques années plus tard. Il apparaît donc que l'affirmation de l'école telle qu'elle est conçue aujourd'hui, c'est-à-dire comme dispensant un enseignement laïc, gratuit et obligatoire pour tous s‘est faite sur une assez longue période. Il a ainsi fallu attendre un siècle entre la formulation de ces idées, tirées des principes révolutionnaires par Condorcet, et leur réalisation par Jules Ferry. [...]
[...] Condorcet et Jules Ferry présentent une conception de l'école qui est en rupture avec la situation telle qu'elle existe à la fin du XVIIIe siècle. En effet, depuis le Moyen-âge, l'école est sous l'emprise de la religion catholique, aussi bien pour les petites classes que pour les universités. De plus, elle est réservée aux plus riches qui seuls ont les moyens et le temps de faire des études, et qui seuls en voient l'utilité. Elle n'est donc nullement obligatoire et est réservée à une minorité de français. [...]
[...] Dès lors, il convient de s'interroger : De Condorcet à Jules Ferry, quelle affirmation de l'instruction moderne ? Pour le savoir, il faut s'intéresser dans un premier temps à la conception semblable de l'école en France de J. Ferry et de Condorcet Puis dans un second temps, il conviendra de s'interroger sur le legs effectif de Condorcet dans les réalisations scolaires intervenues en application de ces idées. Un héritage idéologique : la vision commune d'une école moderne L'héritage de Condorcet est certain en ce qui concerne la conception de l'école qu'a J. [...]
[...] Dans les lycées impériaux, il tente lui aussi de façonner les individus. Il impose pour cela l'internat aux élèves dès l'âge de sept ans, afin de les soustraire à l'influence de leur famille. De plus, comme certains préfèrent les établissements privés moins stricts aux lycées impériaux, il empêche de se présenter au baccalauréat les candidats qui n'auraient pas passé au moins la dernière année de leur scolarité dans un lycée impérial afin de s'assurer un moyen d'emprise sur tous les bacheliers. [...]
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