Bandeau, justice, carnaval, aveuglement
Le temps du Carnaval propose un temps assez singulier : un monde où toutes les valeurs sont renversées. Le Carnaval remet à neuf, dans une folie festive, les rapports sociaux. Son caractère, apparemment ludique, permet de renouveler les statuts et les conventions : le mécanisme d'inversion et de régénération se révèle dès la plus haute Antiquité. Les calendriers babyloniens ménagent déjà une période où, pendant cinq jours, les hiérarchies sociales sont renversées : les maîtres servent leurs domestiques. Le roi est soustrait à tous les regards et c'est un prisonnier, revêtu des insignes royaux, qui tient sa place, qui couche avec ses épouses, qui mange à sa table. Au soir du cinquième jour, le roi fictif, dépouillé de ses vêtements royaux, est fouetté, empalé et pendu.
[...] 13- Le bandeau de la justice et la justice du Carnaval Le temps du Carnaval propose un temps assez singulier : un monde où toutes les valeurs sont renversées. Le Carnaval remet à neuf, dans une folie festive, les rapports sociaux. Son caractère, apparemment ludique, permet de renouveler les statuts et les conventions : le mécanisme d'inversion et de régénération se révèle dès la plus haute Antiquité. Les calendriers babyloniens ménagent déjà une période où, pendant cinq jours, les hiérarchies sociales sont renversées : les maîtres servent leurs domestiques. [...]
[...] Le Carnaval masqué par la justice Le port du masque est un acte sacrilège. Dieu a fait l'homme à son image et à sa ressemblance : par le masque, cette image est remise en cause, cette image est dénigrée. Le don divin se trouve moqué, refusé. Le travestissement se trouve comme une forme de pastiche. Cette liberté se trouve par le caractère provisoire et éphémère de la fête : les autorités ferment les yeux sur toutes formes d'interdit. Un aveuglement temporaire Tous les règlements du Carnaval répondent en négatif aux règlements quotidiens, ordinaires : les nourritures grasses sont permises pendant le Carnaval. [...]
[...] La justice du Carnaval évacue les mauvaises humeurs de la société. Le rapport communautaire est renversé mais dès lors, il apparaît avec une effrayante précision. Le divertissement peut d'ailleurs favoriser le déchainement incontrôlé du peuple. Le Carnaval présente des risques : le droit des fous assume une dimension satyrique mais prend aussi un aspect subversif. En 1797, quand la république de Venise tombe, un des premiers gestes politiques de Bonaparte est de supprimer le Carnaval, mesure d'ordre et d'asservissement. Les autorités ecclésiastiques souffrent aussi des folies du Carnaval : Innocent III en 1210 dénonce les jeux insensés, les sermons bouchons, les cantiques à double sens. [...]
[...] Le carême est précédé du Carnaval. Le mercredi des cendres, qui ouvre le carême, suit Mardi gras où s'épanouit le Carnaval : Carnaval et carême se suivent en une symétrie négative. Le feu s'oppose aux cendres, la débauche éclate avant l'ascèse. Le Carnaval est conçu comme un négatif du temps ordinaire, il contredit et renverse et apparaît comme l'antithèse des privations quotidiennes. Le dérèglement bouleverse toutes les valeurs de la société. La justice trouve également une forme originale et inattendue. [...]
[...] Ce roi qui défile triomphalement tient au lieu de la main de justice, une marotte garnie de grelots ; il est reçu par les autorités, les couleurs de la ville sont hissées à son passage ; les échevins offrent une collation en son honneur. Les représentants officiels reconnaissent ce pouvoir temporaire. Avec une sage folie, il doit présider aux destinées de son royaume. Il rend la justice entouré de ses assesseurs, mais à l'envers. Il siège sur un banc de mauvais avis, il prononce des jugements de mauvais sens, il instaure le règne du mal gouvernement. En Allemagne, règne le tribunal des fous, qui proclame la république des fous. [...]
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