Droit naturel classique, Platon, Aristote, philosophie irréaliste, orientation idéaliste, droit moderne, droit privé
Les deux figures incontournables sont celles de Platon et Aristote, puisqu'ils vont tous les deux fonder deux conceptions du droit qui auront des héritiers jusqu'à aujourd'hui. Il y a un lien entre la philosophie irréaliste de Platon et l'orientation idéaliste du droit moderne.
Aristote aura un rayonnement extraordinaire dans la manière dont pensera le droit privé.
[...] Il contient deux caractéristiques principales : - la mobilité : il est toujours en train d'évoluer, de se faire, de s'adapter aux évolutions morales, techniques - la diversité : le droit naturel a un contenu variable (selon les continents), mais il y aura toujours une structure, un système des attentes légitimes, une organisation objective qui contient des idées de justice. Dans le schéma aristotélicien, le droit naturel n'est pas un contenu, mais une forme. C'est ce qui correspond à une certaine stabilité, objectivité, c'est ce qui existe indépendamment de toute volonté. C'est un postulat. Le droit est dit naturel parce qu'il est donné, spontané. C'est l'histoire, l'expérience qui produit un sens de la justice. [...]
[...] Du coup, le droit est une chose (et non pas une idée). Tout le travail du juriste ou du philosophe du droit va être de retrouver la justice comme chose. Kelsen objecte que le droit naturel aboutit à des formules un peu creuses, la justice détient sa part juste des biens et des honneurs dans le monde. C'est un creux car on se demande quelle est la bonne part. La bonne relation aux autres ne se décrète pas. Pour Aristote, un homme juste sera un homme qui aura un bon rapport à la Cité, c'est-à-dire qu'il sera ajusté à la Cité. [...]
[...] Un nouveau terme va apparaitre : le terme de droit (attitude de rectitude à l'égard d'une norme établie par le pouvoir). Le droit n'est plus une recherche du juste, mais une règle à laquelle on va se soumettre. L'important est que l'on abandonne la jurisprudence comme véritable science de la justice (aujourd'hui, la jurisprudence applique des règles qui définissent la justice, ce n'est plus une véritable source de droit mais une application de la volonté du pouvoir). Avec l'Etat moderne caractérisé par l'Etat de souveraineté, on trouve une dichotomie entre la loi et la jurisprudence. [...]
[...] C'est le droit moderne qui permet mieux que n'importe quelle autre philosophie de penser le droit comme quelque chose d'objectif et de transcendant (cela permettra de juger l'ordre des traditions, des coutumes). Strauss accuse Locke d'être un hédoniste (avoir des besoins à satisfaire). Cette prétendue nature humaine n'a pas de consistance, il n'y a que des besoins dominants qui n'ont pas de nature de justice. On peut retourner l'argument, on peut dire que c'est le droit aristotélicien qui est incapable de fonder un étalon de justice objectif. [...]
[...] C'est une conception idéaliste : toute la réalité juridique se confond avec l'idée de justice, avec la réflexion morale ou avec la réflexion politique. Il y a une négation complète du réel. C'est une réflexion purement idéale, abstraite, qui va précisément fonder une idée de justice par la seule réflexion philosophique. Cette approche aura des effets extrêmes avec la modernité. Cela signifie que c'est dans la contemplation de l'âme et non dans l'observation de la réalité sociale que l'on peut définir ce qui est juste. [...]
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