La religion a toujours été un socle prépondérant du pouvoir du roi.
Depuis le temps des pharaons (XXe siècle avant Jésus-Christ), les rois, les monarques et autres empereurs ont toujours tiré une grande partie de leur légitimité du statut supérieur que les divinités leur attribuaient.
Avec la diffusion du christianisme en occident, c'est d'abord l'empereur Constantin qui reçoit le baptême (rite marquant l'entrée d'une personne dans la chrétienté) sur son lit de mort après avoir pratiqué, tout au long de son règne, une politique de « césaropapisme » (confusion des affaires séculières et religieuses entre les mains du souverain) et de défense contre la persécution des Chrétiens.
En 498, la pratique chrétienne des rois évolue avec le baptême de Clovis Ier, premier roi mérovingien. Ceci va accélérer l'unification religieuse en Europe. Cette pratique du baptême va lui survivre puisque ses descendants seront aussi baptisés.
L'an 751 marque un tournant décisif dans l'histoire des rois de France puisque c'est en cette année que Pépin le Bref, premier roi carolingien, reçoit le sacre du pape Zacharie. Le sacre, contrairement au baptême, va instaurer une connotation divine en la personne du roi et le placer au-dessus du commun des mortels. C'est pour cela que ce rituel religieux est exclusivement réservé aux rois (puis à leurs reines). Le sacre est donc un sacramental et non un simple sacrement qui n'est qu'une sorte de nomination religieuse.
Depuis Pépin le Bref, le sacre va se perpétuer de roi en roi et se prolonger avec la dynastie capétienne.
[...] Le texte étudié est un extrait du Traité du sacre des rois de France rédigé par Jean Golein en 1372. Jean Golein, religieux, théologien et élu provincial de son ordre par le roi Charles V lui-même, a écrit ce traité dans le contexte violent de la Guerre de Cent Ans contre l'Angleterre. De plus, les crises sociales font rages et le roi, qui n'a pas encore retrouvé toute l'étendue de son pouvoir, se doit sans cesse de réaffirmer sa légitimité. [...]
[...] La preuve en est que la cérémonie du sacre, légitimatrice du pouvoir absolu, va survivre à la chute de la monarchie en 1789 en renaissant sous Napoléon Ier et Napoléon III. [...]
[...] En fait, le sacre lui attribue un pouvoir si puissant qui n'est autre qu'absolu. Ainsi, l'absolutisme de la monarchie est rétabli. Le sacre de Charles V a donc été la consécration à la fois d'une institution qui, par sa cérémonie renouvelée, a su redonner au roi une légitimité incontestable et un pouvoir absolu. Le roi retrouve ainsi un pouvoir et un statut lui permettant de faire face aux guerres et aux problèmes internes pour enfin instaurer de manière durable le régime de monarchie de droits divins. [...]
[...] En réalité, l'inauguratio s'inspire elle-même de la pratique de l'onction, empruntée à l'Ancien Testament. En effet, les rois d'Israël de Jérusalem depuis Saül au XIe siècle avant Jésus-Christ, avaient été sacrés par l'onction d'huile sainte. De plus, les religieux du Moyen-Âge aiment qualifier le roi de très chrétien en référence au roi David (Xe siècle avant Jésus-Christ) qui fut à la fois chef religieux et roi du peuple hébraïque (confusion du pouvoir religieux et régalien). Par la suite, ce fut l'empereur Constantin, dont il est question dans la première phrase du texte, qui reçut l'onction sacerdotale. [...]
[...] En effet, comme tout rite, le sacre comprend l'intervention de gestes, d'objets, de substances, de paroles qui le caractérisent. Ces éléments ont souvent des sources anciennes inscrites dans des textes sacrés ou dans la pratique de coutumes religieuses. Cependant, le sacre n'est pas une pratique figée et a connu des évolutions dont le texte fait référence. L'empreinte antique du sacre L'idée avait germé au temps de Charles Martel, sous Pépin Le Bref, de renforcer la légitimité du roi par la religion. [...]
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